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Bioénergies
« Normal soupe » alimente cinq méthaniseurs en biodéchets

[VIDÉO] À l'occasion de notre dossier consacré aux bioénergies, nous avons visité « Normal soupe » en Seine-et-Marne. Plusieurs agriculteurs-méthaniseurs se sont associés pour créer cette unité de déconditionnement et d'hygiénisation de biodéchets, en collaboration avec l'entreprise Moulinot.

Alimenter des méthaniseurs agricoles en biodéchets issus des restaurants, des cantines scolaires ou encore des cuisines centrales, c'est le pari qu'ont fait quelques agriculteurs en créant, à Réau (Seine-et-Marne), une unité de déconditionnement et d'hygiénisation sous le nom de Normal soupe. Déjà associés sur cinq méthaniseurs* depuis plusieurs années, ces producteurs alimentaient jusqu'ici leurs outils à 100 % avec des Cultures intermédiaires à vocation énergétique (Cive) d'hiver et d'été, ainsi que de la pulpe de betteraves. Depuis le printemps dernier, une « soupe » de biodéchets est donc venue s'ajouter au mélange incorporé quotidiennement dans les méthaniseurs, inscrivant une dimension sociétale forte dans leur dynamique d'entreprise. « Nous sommes partis du constat qu'en région Île-de-France, nous avons des gisements colossaux de biodéchets qui partent à l'incinération ou à l'enfouissement, raconte la directrice de Normal soupe, Carine Mallier, également directrice et associée du méthaniseur de Bassée biogaz. L'ambition de ce projet, c'est de reconnecter l'urbain au rural. L'urbain qui génère des biodéchets que le rural est capable, en partie, de traiter pour en faire de l'énergie et de l'engrais pour nos champs. C'est une économie circulaire dans un rayon d'une cinquantaine de kilomètres autour de Paris ».

Associé à l'entreprise Moulinot

Pour monter ce projet, les agriculteurs-méthaniseurs se sont associés à l'entreprise Moulinot, spécialiste de la collecte et du traitement des biodéchets. Après deux ans de réflexion et une année de construction, l'unité de déconditionnement et d'hygiénisation de Réau est entrée en service en mai dernier avec, à la clé, « la création de trois emplois équivalent temps plein auquel il faut ajouter une vingtaine de chauffeurs qui font les tournées de collecte », souligne Carine Mallier avant d'expliquer : « À l'arrivée, les camions vident leur collecte de biodéchets dans une trémie. La vis sans fin entraîne les matières dans un déconditionneur qui sépare d'un côté les emballages et de l'autre les matières organiques. Ces dernières forment alors une pulpe, ou une soupe, que nous chauffons à 70 ° pendant minimum une heure pour des raisons sanitaires ». Certains biodéchets récoltés contenant des intrants d'origine animale, l'usine Normal soupe est en effet soumise au règlement des sous-produits animaux. Quant aux matières inertes (plastique, verre, métal), elles partent à l'incinération. Une fois triée et hygiénisée, la soupe de biodéchets est stockée dans des cuves et acheminée dans les sites de méthanisation par des camions citernes. « Toujours pour des raisons sanitaires, le procédé est relativement rapide. Quelques jours tout au plus », précise la directrice générale.

Pour cette première année de mise en service, l'usine Normal soupe traitera environ 10 000 tonnes de biodéchets. Le site est, à terme, dimensionné pour en accueillir 40 000 tonnes par an.

Un subtil équilibre côté méthanisation

Si ajouter une soupe de biodéchets à son méthaniseur semble relativement à la portée de tous, il n'en reste pas moins que cela nécessite une vigilance constante. « La proportion de biodéchets par rapport aux Cive doit être subtilement maîtrisée car les méthaniseurs demandent un apport constitué d'une base très régulière. Ils n'aiment pas les changements brutaux, souligne Carine Mallier. Si nous avons une soupe très riche, faite à base de reste de pain et d'huile par exemple et que le lendemain c'est une soupe avec une majorité de légumes, cela peut créer des déséquilibres importants dans les cuves, voire engendrer une acidose ».

En sortie de méthanisation, les caractéristiques du digestat qui retournera au champ ne sont pas différentes depuis l'intégration des biodéchets. Les valeurs en azote, phosphore et potasse restent constantes et quasi identiques. Un contrôle strict hebdomadaire est en revanche nécessaire, et opéré rigoureusement sur les cinq méthaniseurs pour contrôler les éventuelles présences de bactéries type E-coli, salmonelle ou entérocoque, avant le retour au sol du digestat.


*Bassée biogaz à Noyen-sur-Seine ; O'terres énergies à Ussy-sur-Marne ; Panais énergie à Thennelières ; Bio'gaz GDC aux Grandes-Chapelles ; Sénart énergie à Réau.


Ne manquez pas notre reportage vidéo : 

 

Cet article fait partie d'un dossier Bioénergies

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