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« Nous nous sommes organisés dans la durée »

Nous avons demandé au directeur des marchés professionnels et de l’agriculture du Crédit agricole Val de France, Franck Trainson, comment la banque faisait face à la crise.

Horizons  : Quelle est la situation au Crédit agricole Val-de-France dans cette crise liée à la pandémie de coronavirus  ?

Franck Trainson  : C’est la même que pour l’ensemble des entreprises. Nous sommes en guerre contre le coronavirus et derrière cette guerre, nous sommes en guerre financière en tant que premiers financeurs pour accompagner nos clients. D’autant que nous sommes classés OIV — opérateur d’intérêt vital —, cette mission fait que nous sommes en première ligne. Nous devons être présents pour accompagner nos clients et rester ouverts. Les équipes sont mobilisées en ce sens, il faut assurer la continuité de l’économie et la disponibilité du cash pour que chacun puisse poursuivre ses habitudes de consommation au quotidien, malgré la fermeture de beaucoup d’entreprises.

Comment vous êtes-vous organisés  ?

Notre conviction est que ce n’est pas un feu de paille, ça va durer. Nous nous sommes organisés dans la durée pour maintenir toute notre activité financière et réglementaire. Ça a été l’occasion de déployer nos Plan de continuité de l’activité (PCA), nous avons déployé nos équipes sur l’ensemble du territoire, nous les avons déplacées et séparées pour assurer la continuité de service. Nous avons mis en place des roulements et une petite partie de télétravail mais 70  % de nos personnels sont soit dans les agences soit sur sites.

Les agences restent ouvertes  ?

Aujourd’hui, plus de la moitié des agences sont ouvertes. Nous mettons la liste à jour sur le site Internet pour que les clients puissent trouver l’agence la plus proche de chez eux. L’accueil est ouvert de 9 heures à midi pour tous les besoins qui ne peuvent pas être couverts à distance. Les bureaux sont fermés mais nous venons les chercher dans la zone d’accueil, nous assurons une prise en charge individuelle pour éviter les risques de contact. L’après-midi, les conseillers prennent des rendez-vous à distance. L’avantage c’est que les clients, dans cette période, sont très disponibles, ce qui permet d’accentuer notre proximité relationnelle avec nos clients, d’avoir des échanges plus particuliers et plus rassurants.

Avez-vous identifié des difficultés particulières au monde agricole  ?

Oui, nous sommes en train de les identifier. Nous avons la spécificité d’avoir des activités qui ne sont pas lissées mais concentrées sur le printemps, les filières de l’horticulture ou maraîchères, plus particulièrement en Loir-et-Cher, avec le Cadran de Sologne, qui sera impacté par les problèmes de main-d’œuvre et les difficultés pour écouler leur production. Pour eux, c’est 80  % de leur chiffre d’affaires qui se fait sur ces deux mois. Nous sommes en train de nous mobiliser pour obtenir des solutions concentrées sur toute la filière, l’amont et l’aval, pour pouvoir répondre à ces problématiques.

Et pour les agriculteurs qui vendent en circuit court  ?

Plus localement, pour tous les producteurs qui sont en circuit court, comme les marchés sont fermés, leurs débouchés sont réduits. Là, nous avons des mesures très spécifiques, en lien avec les mesures gouvernementales, je pense aux mesures Lemaire — prêt à taux zéro par exemple — qui sont en train d’être déployées. Plus spécifiquement au niveau de la caisse régionale, nous mettons en place des mesures de décalage, de report ou de consolidation d’échéances. Tout cela, nous le faisons en lien avec nos clients, nos conseils, les experts-comptables ou les contrôleurs de gestion pour pouvoir nous porter à trois sur les dossiers. Notre regard se porte en premier lieu sur la capacité ou non de nos clients d’écouler leur marchandise. Nous regardons ensuite quelle est la mesure la plus pertinente pour ne pas grever non plus leur capacité d’investissement quand ça va repartir.

Pour le moment, avez-vous des remontées de difficultés particulières  ?

Heureusement pour l’agriculture eurélienne, jusqu’à la mi-mars la saison avait été normale, avec sur certains secteurs, je pense aux pommes de terre, plutôt une bonne saison, une production qui a été écoulée. L’enjeu va plutôt être pour eux de trouver de la main-d’œuvre pour emblaver la nouvelle saison et être au rendez-vous de la récolte. Globalement, nous n’avons pas encore été saisis de difficultés particulières. Nous avons contacté tous nos clients professionnels, les agriculteurs que nous avions détectés en situation de fragilité ont été contactés aussi. La première des mesures c’est le report d’échéances de crédit quand cela est nécessaire et les accompagner dans le cadre de report d’impôts, de cotisations MSA, il y a des mesures gouvernementales qui indiquent bien ce qu’il est possible de faire. Nous invitons nos clients à bien regarder ces mesures et nous les accompagnerons dans leur mise en place.

Au final, le monde agricole sera-t-il impacté par la crise  ?

À part certaines filières très liées à la saisonnalité et avec des produits périssables, sur lesquelles nous portons une attention particulière, à ce stade le reste de la filière agricole est sensiblement moins concerné, nous avons beaucoup moins de demandes que pour le reste de nos clients professionnels dont les entreprises sont fermées…

Propos recueillis par Hervé Colin

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