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Conférence
Philippe Chalmin : « Nous sommes en présence d'un véritable choc »

Lors de l'assemblée générale de la Safer du Centre-Val de Loire, le 16 juin à Meung-sur-Loire, l'économiste Philippe Chalmin a tenu une conférence sur les conséquences de la pandémie et des guerres sur les marchés mondiaux.

Philippe Chalmin a animé une conférence après l'assemblée générale de la Safer du Centre le 16 juin à Meung-sur-Loire.
Philippe Chalmin a animé une conférence après l'assemblée générale de la Safer du Centre le 16 juin à Meung-sur-Loire.
© A.L. - Horizons

Philippe Chalmin est historien et économiste libéral français, spécialiste des marchés de matières premières. Il a tenu une conférence lors de l'assemblée générale de la Safer du Centre, le 16 juin à Meung-sur-Loire, sur le thème Tempête sur les marchés mondiaux, lendemains de pandémie et de guerres.

De façon très claire, il le dit : « Ma thèse, c'est que nous sommes en présence d'un véritable choc ». À court terme, les affrontements géopolitiques sont majeurs. « L'Ukraine, mais aussi la déclaration que la Chine a annoncée dimanche 12 juin contre Taïwan, le Golfe Arabo-Persique, l'Afrique, l'Amérique latine… Nous avons toujours une épée de ­Damoclès au-dessus de la tête, des tensions géopolitiques dont on ne voit pas toujours la sortie ».

La stagflation

Du côté de l'économie, « nous sommes dans une stagflation : la stagnation conjuguée à l'inflation. Les pays avancés ont une croissance de 0 à 2 %. L'inflation, qui aujourd'hui en France est à 5 %, dépasse les 8 % sur la zone euro », détaille-t-il. Selon lui, « Cette stagflation est là pour durer ». Plus largement, à moyen terme, « l'économie va changer, ceci motivé par la conjonction de crises dans lesquelles on se trouve ».

Addition de crises

Le spécialiste poursuit en expliquant que le monde traversait plusieurs crises en 2021, avant la guerre en Ukraine : logistique, énergétique, industrielle et agricole. La moyenne des prix en 2021 était en augmentation par rapport à 2020 : « + 321 % pour le gaz, + 297 % pour le fret, + 220 % pour l'électricité, + 112 % pour l'urée, + 35 % pour le pétrole, + 64 % pour les produits alimentaires, + 135 % pour l'acier… Tout ceci avant l'Ukraine », pointe Philippe Chalmin. Si l'Ukraine joue un rôle important pour de nombreux produits agricoles, l'expert précise que « la crise logistique n'a rien à voir avec elle. Avec la mondialisation, on a pris l'habitude de se faire livrer. Toute marchandise passe par des conteneurs qui coûtent quatre à cinq fois plus qu'avant, avec des retards. La crise logistique est significative de la crise de la mondialisation ».

Crise énergétique

Du côté de la crise énergétique, Philippe Chalmin pointe que « le marché du gaz naturel a été pour la première fois à l'origine de la crise du pétrole. La transition énergétique en France est suivie, mais différente car on a le nucléaire. Dans le nord de l'Europe, l'Allemagne est passée à l'énergie renouvelable décarbonée, sans nucléaire ni gaz de schiste. De fait, l'électrification vient des énergies renouvelables. Leur problème, c'est qu'elles sont intermittentes. Donc, il faut des centrales à gaz pour faire l'appoint. L'Europe s'est placée dans une dépendance quasi totale au gaz russe. L'automne dernier, la hausse du prix de 397 % était liée à l'augmentation de la demande. Cette crise a été exacerbée par l'invasion en Ukraine. Sortir du gaz russe est plus difficile à faire qu'à dire à cause des modalités de transport ».

Sur le pétrole, l'économiste souligne « qu'en juillet 2008, on avait atteint 147 dollars le baril, contre 120 dollars aujourd'hui. Nous allons connaître les conséquences des sanctions de l'Union européenne sur le marché mondial. Le choc énergétique se retrouve dans les prix de production ».

En 2021, la Chine tire la demande agricole

La crise agricole a aussi commencé avant la guerre en Ukraine. En 2021, « la Chine a tiré la demande et fait flamber les prix. Elle a importé 40 millions de tonnes de plus sur le marché mondial, qui s'élève à 150 millions de tonnes. L'arrivée de la Chine sur le marché des céréales en 2021 est une grande nouveauté », détaille Philippe Chalmin, qui poursuit : « Aujourd'hui la Mer noire (Russie, Ukraine, Kazakhstan) est le premier exportateur au monde. Les événements ont provoqué des hausses de prix. Les pays achètent plus cher, ça n'arrange rien sur la problématique alimentaire. Mais de là à dire que la crise est causée par ça, c'est exagéré ».

Quelles perspectives ?

La tempête est là, que se passe-t-il après ? « Il y a trois incertitudes : la géopolitique, la ­Covid-19 et le climat ». L'expert affirme que « la crise logistique va durer au moins jusqu'en 2023 et va remettre en cause la gestion des chaînes d'approvisionnement. Les prix du pétrole et du gaz vont être tendus. Cela va peut-être augmenter la transition énergétique.

Concernant les produits agricoles, la question est de savoir à quel niveau seront les importations chinoises ». Et de conclure : « C'est une rupture profonde que l'on vit aujourd'hui. En 1970, on a mis dix ans à s'en sortir. Il faudra du temps pour sortir de la crise actuelle. Le monde est fracturé, avec le retour du populisme, du nationalisme et dans certains pays du despotisme ».

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