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Interview
« Opération Parcelles fleuries : nourrir, communiquer et embellir »

Président du canton de Lizy-sur-Ourcq (Seine-et-Marne), Jean-Baptiste Benoist développe depuis 2017 une ­opération « Parcelles fleuries » sur ce territoire avec ses collègues exploitants agricoles. À titre personnel, ce polyculteur du Plessis-Placy possède quelques ruches.

Horizons : Depuis 2017, le canton de Lizy-sur-Ourcq a mis en place une opération jachère fleurie aux abords des routes. Pourquoi une telle opération ?

Jean-Baptiste Benoist : Nous avons lancé l'opération Parcelles fleuries à titre expérimental en 2017 avec quelques agriculteurs avant de l'étendre au canton en 2018 pour arriver en 2020 à 8 hectares de parcelles mellifères implantées sur le canton à proximité de nos villages au bord des routes et chemins.

L'objectif est multiple, d'abord apporter une source de pollen et de nourriture aux pollinisateurs en général à une période charnière, à partir de début juillet quand ils commencent à faire leurs réserves pour l'hiver, période de l'été pendant laquelle il n'y a plus beaucoup de fleurs sauvages et de parcelles de cultures en fleur.

Le deuxième objectif est de communiquer vers le grand public afin de lui faire prendre conscience de l'impact positif de l'agriculture « conventionnelle » sur l'environnement et en particulier sur les abeilles, tant le sujet fait polémique lorsqu'il est relayé par les grands médias.

C'est enfin une manière d'embellir notre plaine et nos entrées de village pour les riverains.

Quels retours avez-vous de la population locale ?

Les retours sont extrêmement positifs et ouvrent bien souvent le dialogue avec les riverains, ce qui nous permet d'expliquer notre métier et de répondre à bon nombre d'interrogations sur notre profession et sur nos pratiques. Certains s'arrêtent même cueillir des fleurs ou prendre des photos. C'est avec plaisir que nous les laissons profiter, eux aussi, de ces parcelles en fleurs.

Comment est perçue cette opération par les apiculteurs du secteur ?

Les retours des apiculteurs, qu'ils soient amateurs ou professionnels, sont également très positifs. Cette opération nous a permis de rencontrer et d'échanger avec des apiculteurs que bien souvent nous croisions sans vraiment les connaître, et une fois de plus d'échanger sur nos pratiques agricoles et sur leurs pratiques apicoles.

En 2019 et 2020, les mélanges de fleurs ont été pensés et conçus avec des apiculteurs afin de répondre encore mieux aux besoins des abeilles.

Ces échanges sur les espèces mellifères, leurs saisonnalités ou leur attractivité pour les abeilles ont été très enrichissants et nous ont permis de mieux connaître le fonctionnement des essaims et d'optimiser dans la mesure du possible les choix des espèces dans le mélange.

L’opération sera réitérée en 2021. Pouvez-vous expliquer comment elle se déroule ? Quelles sont les variétés privilégiées ?

En 2021 l'opération sera bien évidemment reconduite. L'une des difficultés de cette opération réside dans le coût des semences, l'objectif étant de fournir la semence gratuitement aux agriculteurs volontaires pour mettre en place ces parcelles — qui sont bien souvent du gel pour la Pac et non des jachères qui pourraient nous rapporter quelque chose, comme j'ai pu l'entendre.

Ainsi chaque année le canton a mis la main à la poche ou a sollicité des donateurs — comme la caisse locale du Crédit agricole, qui avait tout financé en 2018 et que je remercie encore. En 2021, nous aurons théoriquement des dotations de semences par une association dont nous attendons la confirmation.

Le mélange que nous avions constitué en 2019 se composait de onze espèces différentes que nous avons réduit à sept espèces en 2020, toutes les espèces ne s’exprimant pas de manière optimale en raison d’un effet de concurrence. L'année dernière il y avait sainfoin, mélilot, minette, souci, luzerne, lotier et bleuet. La phacélie notamment avait été enlevée car elle prenait le dessus.

À titre personnel, vous possédez quelques ruches. Que vous apporte cette expérience ?

Deux années de suite ma bande de fleurs était à 200 mètres à vol d'abeille de mes ruches, la population d'abeilles présente dans les fleurs était incroyable. On entendait bourdonner de partout. C'était un plaisir de voir les abeilles butiner dans ces fleurs alors même que la nature ne leur proposait plus beaucoup de fleurs.

Et le deuxième effet a été à la récolte du miel, les variétés de pollen et de fleurs butinées se retrouvaient dans les cadres de hausse qui présentaient un dégradé de couleur impressionnant, signe qu'elles avaient bien profité de la diversité des espèces au fur et à mesure des ­floraisons.

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