Aller au contenu principal

Arboriculture
Poires : une année en demi-teinte dans le Loiret

Avec un démarrage de récolte avancé de quinze jours, la cueillette des poires s’achève dans le Loiret. L’occasion de dresser le bilan de campagne dans les vergers poiriers, impactés par les aléas climatiques.

Cette année, les vergers ont dû de nouveau faire face au gel printanier et aux fortes chaleurs estivales. Grâce à la protection anti-gel et à l’irrigation, la récolte a cependant été assurée. Malgré tout, les calibres des fruits sont plus hétérogènes que les autres années. « À la faveur des nuits chaudes, le grossissement a été régulier et précoce au printemps. Les périodes caniculaires de l’été ont bloqué ce grossissement surtout lorsque l’irrigation n’était pas optimale », souligne Jérôme Brou, arboriculteur à Saint-Denis-en-Val et administrateur du comité régional d’Interfel Centre-Val de Loire.

Nécessité de l’irrigation

L’agriculteur produit essentiellement de la poire. Sur ses quinze hectares de vergers, treize y sont dédiés. À cause des fortes chaleurs ressenties entre le mois de mai et septembre, Jérôme Brou a dû arroser de façon très régulière ses poiriers avec l’aide de sondes tensiométriques dans le sol. « Sans irrigation, il n’y aurait pas eu de poire avec un calibre marchand cette année ! », affirme-t-il. Le producteur irrigue son verger avec de l’aspersion sur frondaison. Cette pratique lui permet également d’assurer la protection contre le gel au printemps. À la différence du goutte-à-goutte, l’aspersion permet d’apporter de l’hygrométrie dans le verger limitant ainsi le folletage des arbres. D’autre part, le verger étant sur des sols de nature argileuse, de nombreuses fentes de retrait se forment, rendant le goutte-à-goutte peu efficient.

Pour l’aspersion, les défauts d’irrigation sont observés en bordure de parcelle (pas de recouvrement des asperseurs). C’est sur ces zones que les petits calibres sont observés (environ 15 % de la production).

Perte de calibre

L’agriculteur a du mal à cacher sa déception. « Même si le rendement en poires est supérieur à 2021, le calibre moyen est inférieur à celui attendu, déplore-t-il. Les rendements sont un peu plus faibles que les prévisions sur l’ensemble du territoire national. Le constat sera vraisemblablement le même pour la récolte des pommes ». Ces petits fruits perdent énormément de valeur marchande. Pire, en dessous d’un certain calibre, les fruits ne sont plus commercialisables.

Augmentation du taux de sucre

En plus d’avoir diminué le calibre de certaines poires, les épisodes de canicule ont augmenté le taux de sucre des fruits. Même si cela peut apparaître comme une bonne nouvelle pour les consommateurs, pour les arboriculteurs, c’est une autre paire de manches. « À cause du mauvais rapport entre le taux de sucre et le taux d’acidité, il est plus difficile de conserver les poires, précise Jérôme Brou. La récolte a été avancée de quinze jours, démarrant ainsi début août au lieu de la mi-août. Le calendrier de vente n’est, quant à lui, pas actualisé ». Il faut donc que l’agriculteur conserve ses fruits quinze jours supplémentaires dans ses frigos, engendrant ainsi un surcoût énergétique.

L’envolée des prix et inquiétudes

Comme tous les agriculteurs, l’habitant de Saint-Denis-en-Val subit lui aussi l’envolée des prix. Entre l’électricité déployée pour irriguer son verger, le stockage, les salaires, les emballages, les transports et les quinze jours supplémentaires d’occupation des frigos, Jérôme Brou estime que ses charges ont augmenté entre 22 et 25 centimes du kilo. « Il faudra obligatoirement les répercuter sur le prix de vente, prévient-il. Si tel n’était pas le cas, ça sera malheureusement l’arrachage comme seule issue, et l’arrêt de cette production ».

L’arboriculteur ne cache pas son inquiétude : « Je me suis installé il y a une trentaine d’années. Le gel sévissait une fois tous les dix ans. Ces cinq dernières années, nous avons connu quatre épisodes de gel. Les pics de chaleur sont également plus marqués. À terme, ces aléas climatiques peuvent remettre en cause la production arboricole. Face à ces difficultés, les jeunes ne voudront plus s’installer en arboriculture ».

Autre difficulté rencontrée : l’arrêt de nombreux produits phytosanitaires qui conduit à des impasses techniques. Les dégâts occasionnés par les insectes et les maladies sont de plus en plus fréquents et limitent la part de fruits commercialisable. Autant de menaces sur la pérennité du verger. Des inquiétudes confirmées par Betty Fidalgo, conseillère technique en arboriculture à la chambre d’Agriculture du Loiret : « Les arboriculteurs s’inquiètent quant à la commercialisation de leurs fruits et à l’augmentation des charges dans un contexte économique perturbé. Cette récolte de poires n’est pas à l’optimum », conclut-elle.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

De gauche à droite, Éric Thirouin, président de l'AGPB, François Jacques, secrétaire général d'Arvalis, Magali Filhue, déléguée générale de Brasseurs de France, Mélanie Franche, ingénieure chez Arvalis et animatrice de la filière Orges brassicoles, Philippe Dubief, président de la filière orges brassicoles pour Arvalis et l'AGPB, Jérôme Fabre, directeur de la région Est d'Arvalis, Benoît Piétrement, président d'Intercéréales, Jean-Philippe Jélu, président de Malteurs de France ...
La filière brassicole unie pour relever les défis
Renforcer la compétitivité de chaque maillon de la chaîne et anticiper les évolutions des marchés, telles étaient les priorités…
Olivier Hardouin (à g.) et François-Xavier Rone.
Olivier Hardouin, nouveau président de la FNSEA 41
La FNSEA 41 a tenu un conseil d’administration électif lundi 31 mars. Olivier Hardouin a été élu nouveau président du…
Lundi 31 mars, entre Itteville et Cerny (Essonne). Une dizaine d'agriculteurs se sont donné rendez-vous pour faire part de leur mécontentement.
Les agriculteurs se mobilisent à cause des routes trop étroites
Les agriculteurs de l'Essonne ont organisé une manifestation lundi 31 mars à l'aube. L'objectif était de démontrer la…
Le 6 avril, à Sours. Les chalands se sont déplacés en nombre à la brasserie de Chandres à l'occasion de son vingtième anniversaire, fêté sous un soleil radieux.
6 000 visiteurs pour les 20 ans de la Brasserie de Chandres
La Brasserie de Chandres, à Sours (Eure-et-Loir), a fêté ses 20 premiers printemps les samedi 5 et dimanche 6 avril autour…
Samedi 12 avril, à Louvres (Val-d'Oise). Plusieurs quads ont circulé sur une parcelle de betteraves semées moins de trois semaines avant.
Le Val-d'Oise œuvre face à la délinquance routière dans les parcelles agricoles
Avec le retour du beau temps, les agriculteurs doivent faire face aux nombreux passages non autorisés de véhicules, notamment des…
Flavie Delattre cultive des asperges sur son exploitation à Férolles.
Flavie Delattre cultive l’asperge et le lien humain
Issue du secteur médico-social, Flavie Delattre a repris la ferme familiale loirétaine il y a cinq ans. Elle y a implanté une…
Publicité