Témoignage d'Emmanuel Bridron
« Pour pouvoir influer sur les décisions, il faut être élu »
Maire de la commune de Châtaincourt (Eure-et-Loir) depuis 2020, Emmanuel Bridron s'est engagé à ce poste pour pouvoir défendre les petites communes comme la sienne et la place du monde agricole.
Maire de la commune de Châtaincourt (Eure-et-Loir) depuis 2020, Emmanuel Bridron s'est engagé à ce poste pour pouvoir défendre les petites communes comme la sienne et la place du monde agricole.
Cet article fait partie d'un dossier Municipalités : la voix des agriculteurs
« Je suis très attaché à ma petite commune de Châtaincourt (Eure-et-Loir, NDLR). Or, pour le précédent scrutin municipal de 2020, il n'y avait pas de candidat. Aussi, pour conserver la main sur la commune, pour ne pas en laisser l'administration à la préfecture ou pour qu'elle ne soit pas rattachée à une autre, nous nous sommes réunis à quelques-uns et avons décidé de présenter une liste aux élections. Nous voulions garder son caractère rural », rembobine Emmanuel Bridron, 45 ans, qui a donc été élu à l'issue de ce scrutin, obtenant 83,95 % des suffrages exprimés.
Un homme engagé
Ce n'était pas le premier engagement de cet agriculteur, installé en 2008. De fait, il s'est lancé dans le combat syndical dès 2007, a été président du syndicat Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir de 2010 à 2012, puis élu à la FNSEA, membre de son bureau et aujourd'hui à la chambre d'Agriculture départementale : « Le fait de côtoyer les élus aide à se motiver, je ne partais pas en territoire inconnu ».
Après ce premier mandat, Emmanuel Bridron a choisi de se représenter au scrutin de 2026 : « Pour pouvoir influer sur les décisions, il faut être élu. Je souhaite continuer pour peser dans les décisions. Pour que nos petites communes rurales ne soient pas oubliées. Comme nous sommes regroupés en agglo (l'Agglomération du Pays de Dreux, NDLR), il faut que nos communes soient représentées et qu'elles aient leur mot à dire dans les décisions ».
Pour l'édile : « Le fait d'appartenir à une agglo permet de se faire entendre. Par exemple, discuter permet d'éviter de trop forts taux d'imposition sur le foncier non bâti. Au sein de l'agglo, il y a des commissions sur des thèmes divers et variés, y être présents permet d'influer sur les décisions finales. Au-delà de mon attachement à ma commune, il y a la défense du monde agricole. On se rend compte aujourd'hui que les débats sur l'agriculture se font dans toutes les instances. C'est donc important d'être présent ».
Être la voix des agriculteurs
L'agglomération du Pays de Dreux rassemble 81 communes et, en son sein, une trentaine de maires a un lien avec le monde agricole. « Nous sommes minoritaires mais cela permet d'expliquer comment fonctionne une exploitation agricole et de peser sur certaines décisions. Aujourd'hui, on parle d'eau potable, des aires d'alimentation de captage, nous sommes en train de revoir le Scot* de l'Agglo… Il est important de porter la voix des agriculteurs dans ces dossiers-là ».
« Il est important que les agriculteurs s'investissent au sein de leur commune et par la même occasion dans leur communauté de communes, estime Emmanuel Bridron. Nous ne sommes jamais assez. Ce serait bien que chaque agriculteur s'engage dans sa commune. Cela éviterait des problèmes comme les aménagements routiers qui contraignent la circulation des engins. C'est au moment de la discussion des projets qu'il faut s'exprimer, après, c'est trop tard ».
Être maire de sa commune engage sa responsabilité : « Nous avons des responsabilités mais nous perdons des compétences. Le rôle de maire est détricoté de partout, nous n'aurons bientôt plus à gérer que des problèmes de voisinage. Il y en aura toujours, des animaux errants, des gens du voyage qui viennent s'installer… Il faut être disponible à toute heure. Tous mes administrés ont mon numéro de téléphone… ».
« La charge prend un peu de temps, confie le maire de Châtaincourt. Il faut compter une demi-journée par semaine pour la commune, les réunions à l'agglo le soir, trois fois par mois. Il faut savoir s'organiser. Pour les petits problèmes quotidiens, l'avantage est d'être sur place. Il y a beaucoup de bricolage, des choses que l'on fait nous-mêmes pour des questions d'économie ».
Choix de l'engagement
Pour les prochaines élections, les règles ont changé, en particulier la parité homme-femme au sein de la liste : « Je pars du principe que l’on ne choisit pas quelqu'un en fonction de son sexe mais que si il ou elle a envie de s'engager. Sur ma liste, j'ai quatre départs. Je dois retrouver trois femmes et un homme… Après, dans nos petites communes, je trouve un peu ridicule le scrutin de liste. Il suffit d'un vote pour que toute la liste passe. C'est un peu de choix qui disparaît ».
*Schéma de cohérence territoriale.
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