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Prix du porc : pas d’embellie attendue avant l’été 2016

L’Ifip-Institut du porc prévoit que le prix du porc reste «relativement déprimé» durant toute l’année 2015 et n’attend pas d’embellie avant l’été 2016. Les éléments de marché ne laissent pas présager de sortie de crise rapide pour les éleveurs, dont la situation s’aggrave dangereusement depuis octobre. Entre octobre 2014 et février 2015, les pertes nettes pour les producteurs de porcs ont été de 19 centimes par kilo de carcasse.

© Claudine Gérard

«Nous allons rester en Europe sur un prix du porc relativement déprimé durant toute l’année 2015. Nous n’attendons pas d’embellie avant l’été 2016», a annoncé Michel Rieu, responsable du pôle économie de l’Ifip-Institut du porc, lors d’une conférence de presse, le 11 mars. L’Ifip souhaitait apporter sa «contribution au débat sur l’avenir de la production porcine française», dans un contexte de crise depuis octobre, a expliqué son président Jacques Lemaître. Les économistes dressent un tableau plutôt morose pour les producteurs, sans perspective de sortie de crise. Les «prix du porcs devraient chuter partout dans les grands bassins de production», annonce l’Ifip. «La concurrence sera rude» à destination des pays tiers avec les Etats-Unis, malgré un taux de change en faveur des exportations européennes, prédit l’Ifip. Si le cheptel a baissé en France en 2014  (-1% selon la dernière enquête de novembre), il a augmenté de 1% dans l’ensemble de l’Union Européenne (+1% en Allemagne ; +4 à 5% en Espagne). Pour 2015, les premières prévisions de production en Europe font état d’une hausse de près de 2%, estime l’Ifip. L’offre mondiale sera aussi en progression en 2015, portée par la production des Etats-Unis, mais aussi du Brésil. Le prix de l’aliment Ifip devrait quant à lui rester stable, autour de 240 €/t sur la campagne 2015-2016 (240 €/t sur 2014-2015 et 266 €/t sur 2013-2014). «La marge continuera à ne pas couvrir les charges de l’élevage», prédit l’Ifip.

22 000 euros de perte moyenne depuis octobre

Entre octobre 2014 et février 2015, malgré la baisse de l’aliment, la marge sur coût alimentaire des élevages naisseurs engraisseurs est de 705 €/truie, contre un besoin moyen de 1100 €/truie. Résultat, sur la même période, les pertes nettes pour les producteurs de porcs ont été de 19 centimes par kilo de carcasse, soit pour un élevage naisseur-engraisseur de 200 truies, un déficit cumulé de 22 000 euros. Ces pertes interviennent dans une situation difficile. Selon le CER 22, le taux d’endettement approchait 76% au troisième 2014, contre 72,5% en valeur moyenne depuis 2009. L’année 2015 commence plus mal que 2014. En France, sur les deux premiers mois de 2015, le prix du porc est déjà inférieur de 13% à ce qu’il était sur la même période en 2014. Le prix de l’aliment Ifip a aussi baissé, et dans un même ordre de grandeur (-14%). Mais «mathématiquement la marge a tout de même reculé», explique Michel Rieu.

Le déficit commercial atteint 341 M€

«Les problèmes sont structurels, mais la situation conjoncturelle ne nous laisse pas beaucoup d’espoirs», résume l’économiste. La production porcine française accumule depuis 7 ans une baisse de 6%, rappelle l’Ifip. L’environnement de la production porcine française (aliments, abattages, salaisons) suit les mêmes tendances. Le déficit commercial sur les produits du porc a atteint 341 millions d’euros en 2014 (contre 215 en 2013), et de 700 milions d’euros avec les seuls pays de l’UE (contre 630 en 2013). «On va bientôt, dans quelques mois, passer en dessous du seuil de l’autosuffisance», prédit même Jacques Lemaître. Pour relancer la production, «qui conditionnera l’avenir de la filière», le président de l’Ifip plaide pour la fin de la politique des prix bas (« vendre le porc comme un produit low cost alors que les éleveurs font du qualitatif, cela fait des dégâts considérables»), un soutien réaffirmé aux exportations et un assouplissement de la réglementation.

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