Promouvoir la paille dans la construction de bâtiments

La commune de Dadonville, au cœur du territoire du nord-Loiret, est devenue le temps d'une matinée le point de convergence des acteurs du bâtiment durable et des matériaux biosourcés de la région Centre-Val de Loire. Organisé jeudi 10 octobre par l'association Envirobat Centre, cet événement a rassemblé une cinquantaine de professionnels du secteur du bâtiment, venus pour discuter de l’intégration de la paille dans la construction de bâtiments.

Les missions d'Envirobat Centre

« Notre mission est d’accompagner l’utilisation de matériaux biosourcés dans les projets de construction, a d'abord expliqué Céline Mendez, chargée de mission matériaux et filière biosourcée chez Envirobat Centre. Ces matériaux, tels que la paille, le chanvre, le colza ou le roseau, sont issus de l’agriculture et sont utilisés comme isolants, soit bruts, comme la botte de paille, soit comme bétons végétaux isolants mélangés avec des liants comme la chaux ou la terre crue ».

L’intérêt de l’association réside dans sa capacité à mettre en relation les maîtres d’ouvrage avec les professionnels du secteur, tout en facilitant l’organisation de sensibilisations autour des matériaux biosourcés. En plus de cet accompagnement technique, Envirobat Centre œuvre pour le développement économique des filières locales. « Notre objectif est de travailler avec les ressources disponibles sur notre territoire, souligne Céline Mendez. Dans le Loiret et en Beauce, la paille est abondante et pourrait ainsi devenir un atout majeur pour la construction durable dans la région ».

Une étude conjointe sur les ressources en paille

Une étude a ensuite été restituée par Aurore Simonneau, chargée de mission filières vertes du bâtiment à la préfecture régionale, Florent Sautereau, directeur du CERC Centre-Val de Loire, et Céline Mendez. Menée en collaboration avec la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) et la Cellule économique régionale construction, cette étude a pour ambition d’évaluer le potentiel gisement de paille disponible en tant que matériau de construction, sans empiéter sur les stocks destinés à l’agriculture (notamment l’élevage), ni sur les pailles devant retourner au sol pour des raisons agronomiques.

L'étude a ainsi révélé que même si 10 % de l’isolation des bâtiments neufs de la région était réalisée avec de la paille, cela ne mettrait pas en tension la ressource en paille. Depuis 2008, plus de 100 bâtiments publics ont été réalisés, dont 50 % sur la seule période 2019-2023, preuve d'une dynamique croissante. « Mais il reste encore du chemin à faire, a détaillé Céline Mendez. Les maîtres d'ouvrage sont en demande d’un accompagnement technique, juridique et financier pour sécuriser leurs projets de bâtiments isolés en paille. Face au changement climatique, nous comprenons aussi les inquiétudes des agriculteurs concernant la baisse de rendements potentiels sur la culture ».

Une opportunité pour les agriculteurs

Pour Céline Mendez, l’une des clés de ce projet se trouve dans le rôle des agriculteurs, qui pourraient devenir de véritables fournisseurs de paille pour la construction. « Cette initiative permettrait aux agriculteurs de diversifier leurs sources de revenus, précise-t-elle. Avec un investissement relativement faible dans les équipements nécessaires au stockage et à la préparation de la paille, ils pourraient offrir un nouveau produit à valeur ajoutée pour le secteur du bâtiment ».

Bien sûr, la mise en œuvre de la paille dans la construction ne repose pas sur l’agriculteur. Ce rôle est pris en charge par le charpentier, qui, après avoir reçu la paille, en assure la bonne mise en œuvre conformément aux cahiers des charges définis par les règles professionnelles de la construction paille pour garantir une certaine densité et un taux d’humidité précis. L’agriculteur ne vend donc pas directement un matériau de construction, mais plutôt des bottes de paille, qu'il devra fournir selon des spécifications bien définies.

Le développement d’une filière locale

L'événement a également mis en lumière l’importance de structurer l’offre sur le territoire. Il ne s’agit pas seulement de satisfaire la demande actuelle mais aussi de développer des compétences locales et d’encourager les entreprises du bâtiment et les agriculteurs à s’adapter à cette transition vers des matériaux biosourcés. Cette démarche collective veut garantir que les matériaux produits localement seront utilisés dans la construction de bâtiments dans la région.

Un palmarès des bâtiments biosourcés

Enfin, pour encourager cette dynamique, Envirobat Centre organise tous les deux ans un palmarès des bâtiments biosourcés dans la région. À ce jour, une centaine de bâtiments sont répertoriés, témoignant d’une dynamique et d’une volonté croissante de recourir à des matériaux écologiques et durables dans la construction. « À l'échelle nationale, nous observons une demande exponentielle pour des constructions et rénovations utilisant des matériaux biosourcés », conclut Céline Mendez. Une dynamique qu'Envirobat Centre entend bien accompagner pour faire de la région Centre-Val de Loire un modèle en matière de bâtiments durables et responsables.