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Volailles.
Quel avenir pour la filière avicole départementale ?

Construire une vision partagée sur les perspectives de relance de l'aviculture locale : c'était l'objectif de la journée organisée par la chambre d'agriculture.

Destinée à jeter les bases d'un futur plan de relance de la filière, la journée avicole était initialement prévue à la fin de l'année 2013. Mais les difficultés rencontrées par le groupe Doux ainsi que la fermeture de l'abattoir de Boynes avaient incité la chambre d'agriculture du Loiret a repoussé le rendez-vous au lundi 27 janvier. D'emblée, Michel Masson planta le décor : « L'aviculture est le premier élevage du département et l'un des rares de la région à pouvoir rester compétitif. »

« Nous avons des éleveurs performants et dynamiques » poursuivit le président de la compagnie consulaire. Ce dernier parla également de développement durable : « Dans un rayon de cent kilomètres, les poussins peuvent naître, être nourris, se développer et être abattus. À notre porte, il y a un bassin de vingt millions de consommateurs auxquels nous garantissons une traçabilité parfaite. »

« Si une relance de la filière est mise en oeuvre, on peut utiliser les déjections des animaux pour faire une vraie méthanisation et utiliser le digestat comme fumure pour les grandes cultures : cela réduira le coût des intrants et développera une économie agricole circulaire. Nous sommes pratiquement les seuls en France à réunir proximité et capacités de développement à moyen et long terme. »

Une production de 1.800.000 tonnes

L'orateur ne s'en est pas caché : «  La situation de Doux et la fin des restitutions aux exportations ont amené les éleveurs à se poser des questions. Il faut des éleveurs compétitifs. Dans la région, la taille des élevages est insuffisante par rapport à nos principaux concurrents européens. Il nous faut des outils en amont et en aval. » Dans le premier cas, cela signifie « des entreprises qui fournissent des aliments de qualité ». Quant au deuxième point, il concerne les abattoirs : « Si Boynes a fermé, on peut éviter que Blancafort (Cher) ne soit en difficulté à l'avenir. »

Pascale Magdelaine, directrice du service économie de l'Institut technique de l'aviculture (Itavi), présenta la situation de la filière avicole française. Notre pays est le premier producteur européen avec 1.800.000 tonnes par an mais la production hexagonale a reculé de 20 % depuis le début des années 2000. En parallèle, les importations ont augmenté : en 1990, les importations représentaient 10 % de la consommation nationale de poulets contre 40 % aujourd'hui.

Cette évolution pose la question de la compétitivité de notre filière. L'intervenante en a précisé les enjeux : « Regagner la part de marché nationale et la part de marché à l'exportation. » Si la France est en concurrence avec ses proches voisins européens dont les pays anglo-saxons, sur le marché mondial, elle croise également le fer avec le Brésil. Avec lequel le différentiel de compétitivité tend à se réduire : « Il y a une convergence du prix des céréales à l'échelle mondiale. Et, au Brésil, les coûts de main-d'oeuvre augmentent plus vite que chez nous. »

L'aviculture française emploie soixante mille personnes pour un chiffre d'affaires de dix milliards d'euros. Les poulets standards représentent les deux tiers des découpes. D'où ce commentaire de Michel Masson : « Il faut tenir compte des réalités du marché. Cela ne sert à rien de vouloir conquérir des marchés qui n'existent pas ! »

Des enjeux transversaux

Xavier Beulin s'est exprimé par visioconférence : « Il faut repenser l'aviculture française par rapport au marché. » Le président de la FNSEA a évoqué la question des exportations : « Il faut rechercher des solutions alternatives à la suppression des restitutions : cela a des conséquences sur le marché. » Au niveau national, « le marché du poulet standard est à reconquérir » a déclaré le dirigeant syndical, ajoutant que ce marché était « convoité par l'Allemagne et les Pays-Bas ». « Quant aux exportations, il faut repenser notre manière de travailler avec le Moyen-Orient. »

Xavier Beulin a poursuivi en plaidant pour « un renforcement de certains débouchés ». L'orateur faisait référence aux productions sous signe de qualité. Le schéma défendu : « Une relation contractuelle entre les distributeurs et les producteurs. » Le président de la FNSEA parla également d'enjeux transversaux : « Il est de plus en plus nécessaire de concilier performance économique et performance environnementale. Cela suppose d'avoir les moyens de moderniser nos élevages. »

Un premier aspect concerne la taille des bâtiments : « 5.000 m2 » pour avoir un « élevage professionnel ». L'autre considération est relative à la consommation énergétique : « Avec des constructions récentes, les performances sont meilleures. » Xavier Beulin termina son intervention en ces termes : « Il faut mettre l'aviculture française dans un standard de normes européennes sans passer par des procédures lourdes et complexes. Ce qui se fait pour le porc doit pouvoir se faire pour l'aviculture. »

Lire la suite dans la version papier de notre édition du vendredi 31 janvier 2014.

67 % des aviculteurs se disent inquiets

 

En novembre et décembre derniers, la chambre d'agriculture du Loiret a mené une enquête intitulée Devenir du territoire avicole. Selon cette étude, 67 % des aviculteurs du département se disent préoccupés ou inquiets concernant l'avenir de la filière locale.

Ladite enquête a été menée auprès d'une centaine de professionnels. Au cours des cinq prochaines années, onze d'entre eux prévoient de cesser leur activité agricole, cinq prévoient de cesser leur production avicole et cinq autres envisagent de la diminuer. Dix autres se disent incertains sur l'avenir de leur atelier.

Cependant, tout n'est pas sombre puisque soixante-douze éleveurs souhaitent maintenir leur niveau de production et que vingt et un d'entre eux envisagent même de développer leur atelier.

Trois axes de travail

L'étude de la chambre d'agriculture indique également qu'il y a dix-sept projets de constructions neuves pour une surface totale de 25.565 m2. S'y ajoutent quarante-neuf projets de rénovations dans les cinq ans, soit 24 % du parc total. Enfin, n'oublions pas vingt projets variés en lien avec l'élevage : compostage, agriculture biologique, méthanisation, etc.

Au-delà de l'enquête à proprement parler, les échanges se poursuivent au sein d'un groupe de travail départemental placé sous l'égide de la chambre d'agriculture. Trois axes de travail ont émergé : développer les performances techniques des élevages ; améliorer la rentabilité et la viabilité des ateliers ; sécuriser la production et susciter des vocations.

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