Réflexion sur l’adaptation au changement climatique
Une cinquantaine d’éleveurs ont participé à l’assemblée générale du Syndicat de Conseil élevage lait de Loir-et-Cher, le 13 juin à Épuisay, sur le thème de l’adaptation du système fourrager à l’évolution du climat.




Le Syndicat de Conseil élevage lait de Loir-et-Cher (SCEL 41) a organisé son assemblée générale jeudi 13 juin à la salle des fêtes d’Épuisay, puis sur l’exploitation de Jérôme Augis, le Gaec du Petit-Bois au Temple.
Une cinquantaine d’agriculteurs du département ont fait le déplacement pour connaître les impacts du changement climatique et les leviers d’adaptation possibles.
Intervenante phare de la journée, Aurélie Madrid, spécialiste de l’Institut de l’élevage, a présenté les résultats de Climalait. Initié par le Cniel (Centre national interprofessionnel de l’économie laitière) et mené par l’Institut de l’élevage et de nombreux partenaires, ce projet vise à évaluer les impacts du changement climatique, à l’horizon 2050, sur les systèmes d’élevage laitier français, pour informer et préparer les éleveurs sur le long terme et leur proposer des pistes d’adaptation possibles pour les différents systèmes d’élevage.
« Si on regarde dans le rétroviseur, les données analysées mettent en évidence que le changement climatique engendre une augmentation des températures, mais aussi des modifications de la fréquence et/ou de l’intensité de certains aléas climatiques », assure l’ingénieure tout en montrant un graphique qui démontre que la France a pris en moyenne + 1,5 °C de 1901 à 2017.
Selon Aurélie Madrid : « Le changement climatique sera plutôt positif, pour cette zone, permettant aux fourrages de profiter des températures plus élevées au printemps et de l’effet CO2, malgré une sécheresse estivale de plus en plus importante », précise-t-elle avant de compléter : « Le printemps sera également de plus en plus précoce mais le risque de gel restera tardif, ce qui va limiter vos possibilités d’adaptation ».
L’étude démontre que diversifier les ressources fourragères et choisir des espèces et variétés adaptées à la sécheresse seront des leviers pour faire face au déficit hydrique, sans compter sur la nécessité de se constituer un stock de sécurité, que ce soit en fourrage ou en trésorerie.
De plus, la valorisation des praires passera par une modification de son système fourrager et donc de ses pratiques, de façon à mieux répartir sa production dans l’année et valoriser l’herbe lorsqu’il y en a. « Il faut tout explorer et surtout ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, souligne Aurélie Madrid. Sorgho, maïs ensilage, betterave, méteil, prairies, colza, luzerne… autant de diversité pour nourrir les animaux ».
Enfin, face aux résultats qui démontrent que les vaches laitières souffriront davantage du stress thermique (lire encadré), qui prend en compte la température et l’humidité, la technicienne préconise différents leviers comme l’adaptation des bâtiments, la génétique, l’agroforesterie…
« Il y a 2 °C de moins en moyenne sous un arbre et jusqu’à - 6 °C en période caniculaire, remarque-t-elle. Il n’y a pas de solution passe-partout, mais des habitudes parfois à changer ».
Doriane Mantez