Aller au contenu principal

Tracteurs
Réseau Centipède : un système de guidage alternatif qui mérite le coup d'œil

En matière de guidage GPS des tracteurs, les offres sont nombreuses. Parmi elles, un système « open source », via le réseau Centipède, permet de sortir des sentiers battus et de s'offrir un système performant à moindre coût. Décryptage.

À l'instar de nombreuses autres innovations agricoles, les systèmes de guidage GPS ont un coût, et pas des moindres. Souvent onéreux à l'achat, ils le sont aussi les années suivantes puisqu'ils fonctionnent sur abonnement. Parmi les nombreuses offres sur le marché, un système sort du lot et prend de l'ampleur ces dernières années. C'est le réseau Centipède. Gratuit et ouvert à tous — open source comme disent les Anglo-saxons —, il est particulièrement présent en Eure-et-Loir où la chambre d'Agriculture mène des études et des tests grandeur nature au sein de la ferme pilote innovation de Miermaigne depuis 2021. « Les premières bases RTK ont été installées dans le département il y a trois ans. Une sur le toit de la chambre d'Agriculture et l'autre à la ferme pilote, raconte Jérôme Damy, chargé de projet innovation et numérique. Aujourd'hui, nous les utilisons avec les tracteurs de la Chambre, et les agriculteurs situés à proximité peuvent aussi en bénéficier ».

L'Eure-et-Loir, département pionnier

Ces dernières années, la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir a proposé des formations sur le montage et l'utilisation du système. Convaincue par le dispositif de par la nécessité de bénéficier d'un guidage de précision pour les cultures telles que les oignons et les pommes de terre très présentes sur le territoire, l'institution franchit même cette année un nouveau cap. « D'ici septembre prochain, une quinzaine de bases RTK seront déployées à divers endroits du département, reprend Jérôme Damy. Cela fera de l'Eure-et-Loir le premier département de France maillé de telle sorte que nombreux seront les agriculteurs à pouvoir se connecter au dispositif ». Chaque base peut être utilisée dans un rayon de soixante kilomètres, avec une perte de précision d'un centimètre tous les 10 kilomètres. « L'optimum étant de se trouver à moins de vingt kilomètres », précise Jérôme Damy.

Un coût jusqu'à 10 fois inférieur

Si la chambre d'Agriculture s'intéresse autant à cette solution alternative aux systèmes de guidage proposés par les constructeurs, c'est d'abord pour des raisons économiques. « Le coût d'un tel système est jusqu'à dix fois moindre que celui d'un fabricant, souffle Jérôme Damy. Là où un outil du commerce coûte plusieurs milliers d'euros auquel il faut ajouter un abonnement qui peut aller jusqu'à 800 euros par an et par machine, on fait ici la même chose avec le réseau Centipède pour quelques centaines d'euros, voire moins si on se relie à une base RTK déjà installée chez un voisin. L'action la plus onéreuse dans l'histoire, c'est de faire débloquer les systèmes existants par le constructeur lorsque l'on a du matériel bridé ».

Esprit collaboratif

C'est d'ailleurs l'expérience qu'a vécue Patrick Chenu. Agriculteur à Guillonville dans le sud du département, ce céréalier s'est intéressé au réseau Centipède fin 2022 lors d'une formation proposée par la Chambre. « J'ai commandé le matériel nécessaire dans la foulée et j'ai installé ma propre base à la ferme en mars 2023. J'ai fait déverrouiller l'ensemble de mon matériel et j'utilise aujourd'hui cette solution sur mes tracteurs et ma moissonneuse-batteuse. C'est un petit coût au départ mais après, on est libre », rembobine-t-il.

L'agriculteur eurélien était déjà équipé d'un système de guidage de base, sans abonnement, l'Egnos. Face aux multiples contraintes environnementales, aux retraits des molécules et aux développements des résistances, Patrick Chenu a investi dans une bineuse et recherché une solution de guidage plus fiable. « Le réseau Centipède offre cette performance pour un coût imbattable sur le marché, souligne l'agriculteur. Et ce n'est pas réservé qu'aux initiés. C'est assez facile à prendre en main. J'ai acheté les pièces nécessaires et j'ai simplement assemblé le tout à la maison ». Aujourd'hui, sa base RTK bénéficie aussi à d'autres agriculteurs voisins, et lui qui cultive une deuxième ferme dans le Perche, se connecte là-bas à une autre base installée à proximité. « C'est le principe du réseau Centipède. C'est ouvert à tous, gratuitement, c'est vraiment un esprit collaboratif que j'apprécie », fait valoir l'exploitant.

Rapport coût-fiabilité intéressant

Si Patrick Chenu a fait le choix de ne pas pousser la technologie plus loin, Jérôme Damy, lui, propose une solution supplémentaire en s'équipant d'un « rover », une antenne mobile couplée à un GPS classique connecté au réseau Internet et qui permet d'accroître encore la précision de l'outil. « Ce boîtier portatif se connecte à un smartphone ou une tablette et on obtient une localisation au centimètre près en détourant une parcelle ». Et le conseiller innovation de conclure : « Tous les agriculteurs qui ont goûté au réseau Centipède sont convaincus et aucun ne revient en arrière. Le rapport coût-fiabilité vaut vraiment la peine qu'on s'y intéresse ».


Cet article fait partie d'un dossier Tracteurs

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

Jeudi 20 novembre, à Pithiviers. Dorian Sagot, président de JA 45, Sébastien Méry et Éric Delorme, respectivement président et secrétaire général de la FNSEA 45, ont encadré la mobilisation.
Feux de la colère : deux mobilisations dans le Loiret 📹
Jeudi 20 novembre, JA 45 et la FNSEA 45 ont organisé deux rassemblements simultanés à Pithiviers et près de Courtenay.…
Bernard Doussineau est trufficulteur sur une parcelle de 3,5 hectares à Villeromain depuis plus d'une quarantaine d'années.
La trufficulture résiste en Loir-et-Cher
Le mois de décembre sonne le début de la récolte des truffes. Lors de l’assemblée générale des forestiers privés de Loir-et-Cher…
Jeudi 13 novembre, à Mont-près-Chambord. Le préfet de Loir-et-Cher, Joseph Zimet, a visité la Tonnellerie du Val de Loire.
Le métier historique de tonnelier perdure en Loir-et-Cher
La Tonnellerie du Val de Loire, l’une des dernières de la région, a ouvert ses portes au préfet de Loir-et-Cher, jeudi 13 …
Lundi 24 novembre, à Chartres. Le président de la chambre d'Agriculture, Yohann Serreau (à d.), a détaillé en session, et pour le préfet Hervé Jonathan, les éléments qui alimentent la crise agricole.
Une session plutôt sombre pour les membres de la Chambre d'Eure-et-Loir
Les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir se sont réunis en session sous la houlette de leur président Yohann…
Giremoutiers, lundi 1er décembre. Le président de Seine Grands lacs et de la métropole du Grand Paris, Patrick Ollier, est venu à la rencontre des agriculteurs afin de poser les problèmes et trouver des solutions.
La gestion des inondations mobilise fortement en Seine-et-Marne
Alors que la profession agricole n’a pas été concertée en amont sur des projets d’aménagement, une réunion d’échanges avec le…
La Parade de Noël revient pour une 2e édition à Orléans le 13 décembre
Les Jeunes agriculteurs du Loiret dévoilent l’affiche officielle de la deuxième édition de la Parade de Noël, qui illuminera les…
Publicité