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« Rester à l’écoute du terrain et de tous les agriculteurs »

Florent Leprêtre, président de la FNSEA Centre-Val de Loire, fait un point syndical sur la situation agricole en ces temps de confinement.

Horizons : Comment cette épidémie du Covid-19 impacte-t-elle l’agriculture ? Et les différentes filières au niveau régional ?

Florent Leprêtre : Le Gouvernement n’a de cesse de rappeler qu’assurer la production et la distribution des denrées alimentaires est un impératif. Cette crise impacte les différentes exploitations agricoles de toute la France. Et l’agriculture du Centre-Val de Loire n’y échappe pas non plus… L’arrêt de la restauration collective, la fermeture des restaurants, de certains marchés et le confinement de la population ont complètement déstabilisé les marchés. On note un ralentissement généralisé de la consommation : les gens sortent moins et donc consomment moins.

Les horticulteurs, qui font le gros de leurs chiffres d’affaires pendant ces deux-trois mois, sont les premiers touchés. Les maraîchers font également face à des difficultés pour trouver des débouchés pour les productions telles que l’asperge ou la fraise. La légère baisse de consommation des produits laitiers transformés (comme les fromages en appellation) contraint les éleveurs caprins a stocker du lait caillé. La filière avicole est également en réflexion sur le stockage… Les coopératives céréalières sont, quant-à-elles, inquiètes des retards d’acheminement et espèrent que les silos seront bien vides à l’heure de la moisson.

La viticulture est également pénalisée dans cette période printanière qui est d’habitude rythmée par les salons et ventes aux chais qui apportent de la liquidité. Enfin, il est important de souligner que la fermeture des centres équestres cause également de grosses difficultés à ces structures habituées a accueillir quotidiennement du public.

Comment répondez-vous aux difficultés administratives rencontrées par les agriculteurs ?

Le groupe FNSEA CVL fonctionne comme avant. Le téléphone sonne et les mails sont lus. L’adhérent appelle le réseau, il est réorienté vers le service qui lui est utile. Juristes, animateurs, comptables, élus, quasi 100 % des équipes sont opérationnelles en télétravail depuis bientôt trois semaines, pour se protéger et vous protéger.

Conscients des difficultés sur le terrain liées à l’épidémie du coronavirus et des nombreuses questions réglementaires que se posent nos adhérents, nous avons mis en ligne un site Internet dédié : http ://www.fnseacvl.com/. Ce site d’information porte avant tout sur les préoccupations propres aux chefs d’entreprises : trésorerie, main d’oeuvre, de l’économie, des filières, mais aussi l’aspect juridique, social et fiscal. Le site est mis à jour au fur et à mesure des décisions et fait ainsi office de plate-forme centrale sur laquelle les agriculteurs peuvent trouver les réponses à leurs questions.

Bien évidemment, chacun est libre de déposer une question en ligne, à laquelle nos équipes tenteront de répondre au plus vite. En ce temps de crise, vous pouvez compter sur l’engagement de votre syndicat pour vous accompagner avec la plus grande efficacité dans la gestion de vos problématiques !

On entend beaucoup parler de la problématique de main-d’oeuvre. Comment percevez-vous cela ?

Tout d’abord je tiens a souligner le succès de l’opération « Des bras pour ton assiette ». Beaucoup de personnes n’ayant plus d’activité en raison de l’épidémie, ont répondu présent à cet appel pour aider les agriculteurs aux récoltes de fruits et de légumes et aux semis de printemps. Et, à l’heure où je vous parle il y a plus de travailleurs que d’offres. Ça fait chaud au coeur de voir qu’il y a des gens solidaires, travailleurs, qui ont compris la nécessité de récolter pour fournir une alimentation saine, fraîche et diversifiée.

Concernant la main-d’oeuvre étrangère, habituée des saisons, si elle n’est pas déjà sur le territoire, c’est certain qu’elle ne pourra venir car les frontières sont fermées… Pour tous les travailleurs agricoles (munis des attestations de déplacement dûement remplies) qui continuent d’oeuvrer sur le terrain, nous veillons à ce qu’ils soient dans des conditions de sécurité maximum. En effet, tous les employeurs agricoles ont été sensibilisés aux gestes barrières, et ont adapté leurs méthodes pour assurer la sécurité de leur personnel. Dans son rôle de défense du métier et de syndicat représentatif des employeurs, la FNSEA CVL milite pour que les employeurs de main-d’oeuvre bénéficient de masques et gel hydroalcoolique.

Pouvez-vous nous parler de la plate-forme À manger près de chez moi créée par le syndicat ?

En ces temps d’épidémie de coronavirus, les difficultés sont nombreuses. Les consommateurs sont confinés chez eux, les producteurs voient leurs débouchés disparaître et les stocks s’accumuler dans les exploitations. Afin de mettre en relation producteurs et consommateurs, le syndicat a créé un site Internet. Il permet aux producteurs qui ont des produits à vendre de le faire savoir et aux consommateurs de découvrir des producteurs près de chez eux pour s’approvisionner en produits locaux. Ce site est aussi l’opportunité de faire prendre conscience aux consommateurs que manger local et de saison est un acte d’achat bénéfique aux producteurs, mais aussi pour eux-mêmes, pour cuisiner et savourer de bons produits.

Dans ce sens, le syndicat est en discussion permanente avec les services de l’État pour la réouverture de plus de marchés et l’approvisionnement massif de produits locaux dans les grandes surfaces. Les marchés des grandes filières ne sont plus là, il faut les réorienter et les réorganiser. On peut aussi imaginer tisser des liens avec des petits commerces comme les boulangeries-pâtisseries, qui pourraient servir de dépôt.

Y a-t-il toutefois un revirement positif dans cette situation ?

Comme toujours l’agriculture est au service du citoyen ! Bien que l’on soit dans une période très compliquée pour tout le monde, à la fois pour les entreprises et les salariés, chacun a su adapter son mode de travail pour continuer de produire des produits de qualité. On s’aperçoit, tout de même, que les gens redonnent de la noblesse à notre métier. Ils se montrent solidaires, aussi bien en venant aider dans les champs, qu’en achetant en local.

J’ai l’ambition de croire que cette crise va permettre une prise de conscience du rôle de l’agriculture dans la vie de la société. Et, j’ose espérer que les gens n’oublieront pas tout ce que les agriculteurs ont fait une fois cette crise passée et que cela permettra d’apaiser les débats entre monde rural et monde urbain .

Propos recueillis par Doriane Mantez

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