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Saint-Denis  : une ferme ouverte sur les dernières terres maraîchères

Après le départ en retraite du dernier maraîcher de Saint-Denis, René Kersanté, les Fermes de Gally ont repris l’exploitation transformée en « ferme ouverte ».

Quatre hectares. Quatre petits hectares de terres maraîchères qui ont résisté depuis toujours aux assauts de l’urbanisation et qui, aujourd’hui, voient leur vocation agricole perdurer et même se consolider.

Le décor y est insolite. Au cœur du département de la Seine-Saint-Denis, les champs offrent un panorama imprenable sur les tours HLM de Saint-Denis d’un côté et le quartier difficile du Clos Saint-Lazare de Stains de l’autre.

C’est là que la famille Kersanté s’est installée à la fin du XIXe siècle. La grand-mère d’abord, venue de Bretagne, puis les parents de René, avant que lui-même ne reprenne l’exploitation. Le dernier maraîcher du département a pris sa retraite en 2017.

À son départ, la ville de Saint-Denis — qui avait acquis les terres en 1980 dans l’idée de les sanctuariser — a lancé un appel d’offres pour la reprise de l’exploitation et ce sont les Fermes de Gally qui ont convaincu avec un projet de « ferme ouverte ».

Aujourd’hui, après dix-huit mois de travaux, le site vient d’ouvrir au public. Le propriétaire et cogérant des Fermes de Gally, Xavier Laureau, y a imaginé une ferme conjuguant production et pédagogie. « L’objectif était de pérenniser cet héritage agricole exceptionnel en créant une ferme pédagogique, productive et ouverte sur les quartiers défavorisés qui la jouxtent, explique-t-il. Nous avons signé un bail agricole de vingt-cinq ans avec la mairie ».

Pour faire renaître l’exploitation maraîchère, Xavier Laureau s’est donné quatre objectifs  : produire, vendre, accueillir et transmettre.

« Sur les 3,7 hectares, deux restent en production, souligne le propriétaire des Fermes de Gally. Les fruits et légumes produits seront vendus sur place à la population du quartier grâce à la boutique que nous avons créée. René Kersanté était quasiment en monoculture de salades. Nous avons changé le modèle, nous produirons une diversité de légumes, un verger a été planté et des serres ont été construites pour les cultures en hydroponie et hors-sol. Nous voulons montrer la diversité des modes de production et ne pas les opposer. »

Le bâti de la ferme a également connu de profondes transformations pour accueillir les scolaires, mais aussi les familles et les entreprises.

Le public y découvrira une exposition d’outils et de matériels anciens — issus de la ferme mais aussi de l’exceptionnelle collection de la ville de La Courneuve —, ainsi qu’une photothèque et une filmographie exceptionnelles directement issues des archives de la famille Kersanté. Les anciens frigos ont eux été transformés en ateliers pratiques sur les thèmes du pain, du beurre et du jus de pomme.

Enfin, Xavier Laureau rêve que cette ferme suscite des vocations parmi la population.

« L’agriculture peine à séduire et à recruter. Les formations sont absentes ou désertes. On ne peut pas imaginer que produire devienne un gros mot et que le maraîchage n’ait plus de main-d’œuvre. Dans ce territoire où le taux de chômage est important, j’espère que la ferme pourra susciter l’intérêt, accueillir des stagiaires et remettre ces jeunes dans la voie du travail. C’est un engagement citoyen, le métier a besoin de bras. » À cet effet, cinq logements de la ferme ont d’ailleurs été rénovés pour accueillir les futurs stagiaires.

Dans la plaine, un circuit de visite a été imaginé pour le public.

Il y découvrira les productions mais aussi l’ensemble des techniques de production maraîchère qui ont été pratiquées ces dernières décennies. Les couches chaudes, les châssis parisiens ou nantais, les couches froides, les cloches que les maraîchers utilisaient par milliers, les rails Decauville, les bâches du tissu P17 dit « voile de mariée », la désinfection à la vapeur…

Le voyage dans le temps est assuré au cœur de cette exploitation qui a produit jusqu’à 500 000 salades par an et employé quarante personnes.

Marine Guillaume

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