Aller au contenu principal

Diversification
Les Fruits rouges de mon jardin et ses légumes

Depuis plus de vingt ans, Damien Chardon, exploitant agricole à Chevrainvilliers, s’est diversifié dans la production de fruits rouges. Aux framboises ont succédé les fraises et plus récemment des légumes d’été et des cucurbitacées.

À l’approche des tunnels plastique où se trouvent les fraisiers en production, une délicate odeur se dégage en cette période de pleine production sur l’exploitation Les Fruits rouges de mon jardin de Damien Chardon, à Verteau (commune de Chevrainvilliers). Cet agriculteur s’est diversifié dès 2000 avec une production de framboises, « une culture de plein champ qui nécessite peu d’investissement, explique-t-il. Très vite, mes clients m’ont demandé des fraises. Je me suis donc lancé en 2003 en pleine terre sous tunnel, en parallèle de mon exploitation céréalière de 152 hectares ». Au fil du temps, l’agriculteur ne trouvant plus de main-d’œuvre pour les cueillir a installé « des jardins suspendus ». Alors que l’engouement pour les fraises ne se dément pas, les framboises, qui engendrent un coût de main-d’œuvre plus élevé, se raréfient sur l’exploitation. C’est aussi une production source de maladies.

« La qualité est la même en hors-sol »

« Nous étions dans les premiers à passer en hors-sol. La qualité est la même. Si le goût est moindre, le problème vient d’une erreur technique, généralement l’irrigation. » La cueillette a lieu essentiellement le matin (6 heures - midi) pour éviter les grosses chaleurs afin de ne pas rentrer des fruits chauds en chambre froide, gage de conservation, et également pour le confort de travail.

Aujourd’hui, les framboises ne représentent plus que 500 m 2 sur les 9 000 m 2 de fraises, légumes d’été* et cucurbitacées (pas de légume racine, le sol ne s’y prêtant pas) complétant la gamme, avec une montée en puissance depuis cinq ans. En complément, fraises, mais aussi groseilles et rhubarbe sont transformées en confiture sur place et un artisan prépare également du pétillant et du sirop de fraise.

Quand la récolte des fraises dans un tunnel est terminée, une partie — un tiers environ — est replantée avec des variétés remontantes. L’exploitant produit six variétés de saison et trois variétés remontantes. « Je propose un grand panel aux goûts et couleurs différents, mais la gariguette, sa forme conique et son intérieur bien rouge, reste la préférée des pâtissiers. »

Au niveau technique, il est adhérent du Gitemar. « Mes serres, c’est zéro phyto au stade fruit, annonce fièrement Damien Chardon. En 2020, je n’ai pas traité, même au stade fleur, mais en fin de saison l’oïdium s’est développé. Alors que la clientèle demande du bio, ils n’en voulaient pas. Cherchez l’erreur. » Afin de limiter les traitements, il pratique la lutte intégrée. Des lâchers d’auxiliaires ont lieu tous les quinze jours, voire toutes les semaines en particulier pour lutter contre le thrips.

Il envisage de valoriser les jardins suspendus libres en légumes, mais pour l’instant aucun n’essai ne s’est révélé concluant et rentable.

La diversification, c’est du temps

L’ensemble de la production est vendu en circuit court, notamment chez des pâtissiers et traiteurs de la région parisienne, mais également des collèges du secteur, une clientèle qui travaille en semaine, ce qui est appréciable. Et depuis l’an passé, la vente à la ferme s’est fortement développée. « En raison du confinement et alors que la production était en avance, on a ouvert la boutique. L’engouement fut tel que cela a sauvé notre saison. À ce jour, seuls 10 % des nouveaux clients sont restés. Même si la boutique — ouverte six mois dans l’année — fonctionne bien, je garde mes clients historiques car elle ne tourne qu’en fin de semaine », explique Damien Chardon qui insiste sur le temps que lui prend sa diversification : « C’est énorme. Heureusement que de la main-d’œuvre familiale m’aide ». En résumé, « la diversification, c’est du temps ». Huit à dix cueilleurs sont embauchés durant les deux mois du pic de production.

Cette année, une partie des serres a gelé, induisant une perte de 50 % sur certains tunnels (le plastique protège jusqu’à - 4 °C). C’est l’augmentation de la surface qui va compenser le volume perdu.

 

*Courgettes, tomates, aubergines, melons, etc.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

Jeudi 12 juin, à Orgères-en-Beauce. Delphine et Fabien Thomin témoignent pour le secteur de la pomme de terre de consommation qui vit une crise silencieuse.
Des producteurs de pommes de terre tirent la sonnette d'alarme
Des producteurs de pommes de terre de consommation, à l'image de Delphine et Fabien Thomin, s'inquiètent de leurs stocks invendus…
Une tornade balaye l'Eure-et-Loir
Certains notent des similitudes entre les événements climatiques qui ont touché l'Hexagone dans la soirée du mercredi 25 …
Les premières batteuses ont pointé le bout de nez cette semaine dans les plaines de Beauce.
Les moissons ont commencé
Des premières coupes dans l’est aux parcelles beauceronnes, les batteuses sont de sortie sur tout le territoire du Loiret.
Les moissons 2025 sont en cours pour Quentin Salmon, céréalier à Marolles, et elles s'annoncent agréablement surprenantes en termes de rendement.
Une moisson 2025 surprenante pour Quentin Salmon
Le bal des moissonneuses-batteuses est lancé en Loir-et-Cher depuis fin juin. Quentin Salmon, céréalier à Marolles, est…
Lundi 16 juin, à Saclay (Essonne). Des pommes ont subi des impacts de grêle.
La grêle s'abat entre les Yvelines et l'Essonne
Un orage de grêle a touché la bordure des Yvelines et de l'Essonne vendredi 13 juin dans la soirée. Quelques dégâts sont à…
Après les orages qui ont sévi mercredi 25 juin, au sein du Domaine des Brissettes, à Saint-Claude-de-Diray, Olivier Cadoux estime les pertes à au moins 50 % de la prochaine récolte.
Des orages destructeurs en Loir-et-Cher
Le département de Loir-et-Cher n’a pas été épargné par les orages. Un couloir de précipitations a tout détruit sur son passage,…
Publicité