Un ciné-débat autour du mal-être agricole à Blois
Le cinéma de Blois (Loir-et-Cher) CapCiné a diffusé le film Au nom de la terre d’Édouard Bergeon, vendredi 19 septembre, avant un temps d’échange avec le public.
Le cinéma de Blois (Loir-et-Cher) CapCiné a diffusé le film Au nom de la terre d’Édouard Bergeon, vendredi 19 septembre, avant un temps d’échange avec le public.

Le mal-être est un sujet souvent difficile à aborder, aussi bien dans le monde agricole que dans la société en général. Alors pour briser ce tabou, le cinéma de Blois CapCiné, en partenariat notamment avec le CHU de Tours ou encore la FNSEA 41, a organisé un ciné-débat vendredi 19 septembre. Une quinzaine de personnes étaient présentes. À la fin du film projeté, Au nom de la terre d’Édouard Bergeon, une phrase illustrait l’ampleur de la situation : « Un agriculteur se suicide chaque jour ».
Un film poignant
La soirée a ainsi débuté par la projection du film, dans lequel Guillaume Canet incarne Pierre Jarjeau, un éleveur qui reprend l’exploitation familiale. Le long-métrage retrace la descente aux enfers de ce personnage confronté aux dettes liées aux investissements pour développer l’exploitation, aux coups du sort — dont l’incendie d’un bâtiment d’élevage —, jusqu’au redressement judiciaire et à la dépression. La fin montre l'agriculteur en pleine détresse, tentant de mettre fin à ses jours en ingérant des produits phytosanitaires. Ce film s'inspire de l’histoire vraie de Christian Bergeon, le père du réalisateur.
Se faire aider
À l’issue de la projection, deux témoins ont pris la parole : Fabrice Gaussant, éleveur de volailles à Montrieux-en-Sologne, et Philippe Noyau, jeune retraité et ancien président de la chambre régionale d'Agriculture de Centre-Val de Loire. Tous deux ont partagé leur parcours d’exploitant et les difficultés rencontrées. « Nous avons vécu des coups durs sur l’exploitation au cours de ma carrière avec mon frère au Gaec. Surtout en 1999, quand les cours mondiaux du porc se sont effondrés. Nous avons dû arrêter la production et cela a été très difficile. Nous nous en sommes sortis, mais c’est une étape qui a été réellement douloureuse », témoigne Philippe Noyau.
Pour aborder les questions de santé mentale, Vadim Tchersky, coordinateur territorial santé mentale de Loir-et-Cher, était présent. Il a rappelé l’importance de parler de ses problèmes. « Nous n’avons pas appris à évoquer nos souffrances. Il est très difficile de parler de sa santé mentale. Beaucoup de personnes ont tendance à s’isoler, mais il est essentiel de pouvoir se confier sans jugement », affirme-t-il.
Le coordinateur territorial a rappelé l’existence du numéro national 3114, disponible à toute heure et tous les jours de la semaine, pour toute personne en détresse psychologique.
Des témoignages marquants
Les participants, majoritairement des exploitants ou exploitantes agricoles, ont pris la parole. L’un d’eux a notamment eu le courage de témoigner de ses difficultés : « J’ai des problèmes d’addictions et c’est difficile. Je suis en lien avec une psychologue de la MSA qui m’aide à m’ouvrir l’esprit. Le plus dur, c’est d’aller chercher de l’aide, mais c’est indispensable pour s’en sortir ».
Après ce témoignage poignant, les échanges se sont poursuivis, permettant de rappeler l’importance de rompre l’isolement. « Il est essentiel de ne pas rester seul quand on ne va pas bien, et d’aller vers l’autre quand on sent qu’une personne va mal. On peut simplement lui poser des questions », a insisté Fabrice Gaussant.
Une situation préoccupante
Dans un contexte agricole compliqué, ce ciné-débat a aussi été l’occasion d’échanger sur des problèmes souvent multifactoriels, liés autant à la situation économique de l’exploitation qu’aux relations familiales. « En ce moment, la situation est catastrophique avec cette campagne 2025. Beaucoup vont devoir emprunter pour repartir sur une nouvelle année. Il va falloir tous s’entraider », a affirmé Philippe Noyau.
Toutes les personnes présentes ont salué la richesse des échanges et regretté que ce type d’événement, pourtant indispensable, n’ait pas réuni davantage de participants.
3114
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