La filière horti-pépi se rassemble aux Pépinières Chatelain
Un comité de filière horti-pépi était organisé le 18 septembre dernier au Thillay (Val-d'Oise) par la chambre d'Agriculture de région Île-de-France.
Un comité de filière horti-pépi était organisé le 18 septembre dernier au Thillay (Val-d'Oise) par la chambre d'Agriculture de région Île-de-France.





Dans le cadre du Contrat de filière horti-pépi, action financée par le conseil régional d'Île-de-France, la chambre d'Agriculture de région Île-de-France a organisé un comité de filière jeudi 18 septembre au Thillay (Val-d'Oise), au sein des Pépinières Chatelain.
Après une matinée consacrée à une visite des productions de l'hôte du jour (voir ci-dessous), Christophe Jarry, président du Conseil horticole d'Île-de-France (structure de développement de la chambre d’Agriculture de région Île-de-France), a introduit le comité de filière en rappelant que « la filière horti-pépi de demain doit être durable et résiliente ». Pour cela, « l'automatisation doit être l'une des cibles de développement, nous devons participer à la formation de nos équipes aux nouvelles technologies », estime-t-il.
L'élément central de ce comité de filière résultait de la présentation du rapport d’impact des actions menées par la chambre d’Agriculture de région d'Île-de-France et de l’Institut technique du végétal Astredhor auprès des entreprises de la filière horticole francilienne. Celui-ci a permis de mettre en avant les actions menées dans le cadre du Contrat de filière horti-pépi pour la filière, aussi bien au niveau des partenaires (collectivités et paysagistes) que des professionnels.
Répondre aux attentes des consommateurs
Ces quatre dernières années, différentes expérimentations (par Astredhor, à la demande des producteurs franciliens) et actions de conseil individuel et collectif (par le Conseil horticole) visant à réduire l'usage des produits phytosanitaires ont été menées : des aménagements agro-écologiques pour le développement de la biodiversité fonctionnelle (bandes fleuries en hors-sol et pleine terre afin de favoriser les auxiliaires permettant de réguler les pucerons sur fruitiers, etc.), des paillages (paille, miscanthus, broyage de cultures à forte production de matière végétale et projection sur le rang de culture) ou encore la limitation des intrants (régulation des irrigations avec système de pilotage automatisé et capteurs, évolutions des cycles de production ou de gamme pour des cultures horticoles moins gourmandes en énergie, etc.).
Plusieurs producteurs se sont ainsi succédé pour témoigner de ce que les différentes expérimentations et les conseils leur ont permis de mettre en œuvre dans leurs entreprises pour répondre aux grands enjeux auxquels ils font face. La volonté affichée du Conseil horticole d'Île-de-France est de développer des connaissances et des compétences, de s’adapter aux transitions et d'intensifier les marchés locaux afin de répondre aux attentes changeantes des consommateurs et à une concurrence mondiale accrue. « La Région Île-de-France est présente à vos côtés pour développer cette filière stratégique qui présente une valeur ajoutée pour notre tissu économique et joue un rôle essentiel dans la transition écologique et pour la biodiversité », explique Valérie Lacroute, vice-présidente du conseil régional qui soutient la filière dans le cadre du Contrat de filière horti-pépi à hauteur de 600 000 euros sur quatre ans.
L'importance du Conseil horticole
Présent à ce comité de filière, Damien Greffin, président de la chambre d'Agriculture, a évoqué l'importance du Conseil horticole d'Île-de-France : « La filière horticulture et pépinières fait face aux mêmes problématiques que toutes les filières de l'agriculture. Nous avons besoin de nous structurer et de nous organiser. Nous sommes aujourd'hui trop peu visibles pour pouvoir peser vis-à-vis de nos partenaires, des collectivités, du monde de l'entreprise ». Le président de la Chambre a, par exemple, cité le cas de la mairie de Paris qui s'approvisionne en plantes venues d'Allemagne. Des propos que confirme Valérie Lacroute : « Les structurations de filière sont essentielles pour conforter vos métiers. En tant qu'ancienne parlementaire, nous sommes sollicités sur des milliers de sujets, et c'est compliqué de les faire avancer et de modifier la loi si nous n'avons pas des interlocuteurs structurés ».
La filière francilienne horti-pépi se compose de 79 entreprises pour 532,7 hectares et 446 emplois. Depuis 2024, le Conseil horticole d'Île-de-France regroupe horticulteurs et pépiniéristes. Deux conseillères assurent les actions de développement de la chambre d’Agriculture vers les entreprises spécialisées en horti-pépi notamment auprès de 20 des 79 entreprises régionales du domaine. Cependant, il est important de noter que ces 20 entreprises accompagnées représentent plus de la moitié de la superficie (58 %), des emplois (53 %) et près de la moitié du chiffre d'affaires (47 %) de la filière en Île-de-France.
La structuration des acteurs et les actions mises en place dans le cadre du Contrat de filière sont primordiales pour le développement de la filière horti-pépi d'Île-de-France. D'autant plus qu'il y a « un marché important à nos portes, mais une partie nous échappe au profit d'entreprises situées ailleurs en France ou à l'étranger », note Isabelle Vandernoot, conseillère technique pépinière à la chambre d'Agriculture de région Île-de-France. Il est important de présenter une filière structurée et de rappeler l’importance aux porteurs de projets publics et privés de travailler avec les producteurs franciliens.
La journée s’est terminée par la mise en valeur d'un exemple à suivre : une présentation d’un marché gagnant-gagnant passé entre prescripteurs (Solideo dans le cadre des aménagements des Jeux olympiques 2024) et des producteurs franciliens.
Quelques chiffres
En Île-de-France, la moitié des ventes en horti-pépi s'effectue à des clients situés à moins de 10 kilomètres et cela monte à 93 % en élargissant à 200 kilomètres. La vente directe aux particuliers représente environ 30 % du chiffre d’affaires des horticulteurs pépiniéristes franciliens (24 % au niveau français) et le marché réalisé avec les paysagistes pèse presque 20 % (seulement 8 % en France).
Une visite des Pépinières Chatelain
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Le comité de filière horti-pépi du 18 septembre dernier a été organisé au Thillay (Val-d'Oise) dans les locaux des Pépinières Chatelain, un lieu emblématique de la production francilienne d'arbres fruitiers et d'arbres d'exception.
Les participants (pépiniéristes, partenaires institutionnels, etc.) ont eu le droit à une visite des productions pleine terre d’arbres et arbustes d’ornements ainsi que des fruitiers formés par Laurent Chatelain, qui a repris l'exploitation de son père Jean-Marie Chatelain en 2011, dont les pépinières créées en 1967. Ses clients vont des particuliers pour leurs jardins aux professionnels pour des vergers, sans oublier les collectivités comme la commune de Drancy (Seine-Saint-Denis) ou le château de Chambord pour des arbres remarquables.
Même s'il y a une « vraie demande sur les arbres fruitiers » ces dernières années, précise Laurent Chatelain, c'est un métier à risque, rempli d'incertitudes. « Nous ne savons pas à l'avance ce que nous allons vendre. Par exemple, les pommiers sont mis à la vente au bout de cinq ans de production », explique-t-il. La filière doit également faire face au dérèglement climatique. « Il y a de plus en plus de tempête, un gros coup de vent et c'est 100 000 euros qui peuvent disparaître », regrette le gérant des Pépinières Chatelain. « Nous avons dû mettre pour 40 000 euros de pieux cette année pour protéger nos arbres », ajoute-t-il.
Les visiteurs du jour ont notamment profité de la présentation d'une machine transplanteuse d'arbres servant à les déplanter, les déplacer et les replanter sans les abîmer, mais aussi d'une pailleuse achetée pour réduire l'utilisation d'herbicide et limiter l'évaporation du sol, ainsi que d'un broyeur forestier pour déraciner les branches et les plantes cassées afin de pouvoir replanter par la suite. Pendant ce temps-là, au loin, la ligne d'horizon dessine une vue sur les monuments emblématiques parisiens : Tour Eiffel, Basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, La Défense, etc. En raison de cette localisation, « la dernière ferme avant la ville, résume Laurent Chatelain, nous nous devons d'avoir un lien étroit avec les écoles et la population. C'est aussi une des raisons pour lesquelles nous avons réduit de 23 % l'impact des produits phytosanitaires sur l'ensemble de l'exploitation ». Comme pour le reste de l'agriculture, la filière horti-pépi demande beaucoup d'adaptabilité face aux enjeux climatiques, économiques, etc., et face à la concurrence internationale toujours plus forte.