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Un début de moisson assez décevant en Île-de-France

Les premières récoltes d’orge et de pois ont débuté dans la région avec un peu d’avance. Les premiers résultats de rendement sont d’une grande hétérogénéité. États des lieux.

Cette année, les premières récoltes d’orge et de pois ont commencé avec un peu d’avance. Tour d’horizon des premiers résultats en termes de rendement et de qualité.

En Île-de-France ouest

Dans le Val-d’Oise et le nord des Yvelines, Jean-Baptiste Hue, président de la coopérative Sevépi, nous livre les premières tendances constatées au 2 juillet : « Plus de la moitié de nos orges d’hiver ont été récoltées. C’est principalement une orge brassicole de la variété Étincel.

Au regard des critères nécessaires à sa commercialisation, ses caractéristiques sont relativement bonnes, voire quelquefois meilleures que l’année dernière. On note ainsi un poids spécifique de 65,5 kg/hl, un taux moyen d’humidité de 12,5 %, un calibrage élevé de 83 % et un taux de protéines de 10,6 %. » 

« En revanche, ajoute-t-il, comme nous nous y attendions, les rendements sont très hétérogènes et surtout très moyens puisqu’on enregistre 10 quintaux/hectare en moyenne de moins que l’année dernière. Mais certains arrivent à peine à 45 quintaux/hectares. On devrait arriver en fin de récolte à 70-75 quintaux/ha ». 

Le constat est sans appel et s’explique, selon Jean-Baptiste Hue, par deux facteurs : « Le premier facteur concerne la qualité du semis au moment où il a été fait. En effet, certaines parcelles ont été semées dans des conditions difficiles, l’automne étant assez pluvieux, et les levées se font mal. La conséquence, c’est qu’on a des rendements nettements différents à deux jours d’intervalle du semis. Le second facteur tient bien évidemment à la sécheresse de fin de cycle ».

Dans le sud des Yvelines et en Essonne, la situation des orges d’hiver est relativement semblable. Hervé Courte, directeur de la coopérative Île-de-France Sud, est inquiet : « Au 2 juillet, 80 % de l’orge d’hiver de nos coopérateurs ont été récoltés et les rendements sont extrêmement hétérogènes ».

Là aussi, c’est le résultat de mauvaises conditions climatiques : automne très humide, printemps très sec… « Nos orges d’hiver poussent dans des sols souvent hydromorphes qui ont encore plus souffert que d’habitude des conditions climatiques. Et puis la jaunisse a fini par s’imposer dans bien des parcelles », souligne-t-il.

Conséquence ?  « La moyenne des rendements est de l’ordre de 60 quintaux/ha, c’est 10 à 15 quintaux de moins qu’une moyenne décennale dans la région. Mais la jaunisse cache surtout des écarts de rendements qui vont de 30 à 85 quintaux/ha. » « L’abandon des néonicotïnoïdes est une catastrophe », reconnaît-il. 

Fort heureusement, si la quantité n’est pas au rendez-vous, la qualité est bien présente. « Nous enregistrons un taux de protéines moyen de 10,5 %, ce qui contractuellement est satisfaisant, un calibrage supérieur à 85 % et un poids spécifique de 64 kg/hl. »

Concernant les pois d’hiver, « très peu représentés chez nous », les rendements sont de l’ordre de 40 à 50 quintaux. « En pois de printemps, les rendements seront très certainement catastrophiques, de l’ordre de 20 à 25 quintaux/ha ». Les blés devraient rattraper la situation, « mais globalement la campagne sera très moyenne en termes de volumes », conclut Hervé Courte.

En Seine-et-Marne

Les premiers jours de l’été ont marqué le coup d’envoi de la moisson 2020 en Seine-et-Marne avec une semaine d’avance par rapport à une année moyenne. Si contrairement aux années antérieures, elle a débuté quasi simultanément dans le sud et le nord du département, certains secteurs du centre et de l’est n’ont attaqué la moisson que début juillet.

À ce jour, la quasi-totalité des orges d’hiver est récoltée avec des rendements d’une très grande hétérogénéité (de 23 à 95 qx/hectare). Implantation plus ou moins bonne, orages localisés, type de terre et parcelles atteintes de virose expliquent ces écarts.

« Quand on cumule ces différentes difficultés, les résultats sont très mauvais. Toutefois, malgré des rendements qui font le grand écart, du simple au triple, la moyenne se situerait autour du rendement moyen historique de 75 qx/ha sur la zone Valfrance », souligne Hugues Desmet, responsable collecte de la coopérative, dont la production est issue de deux variétés essentiellement (Étincel et Faro).

Avec un très bon calibrage (environ 87), un poids spécifique exceptionnel (65) et un taux de protéines dans les normes (10,6), la qualité est au rendez-vous sur le secteur Valfrance. En revanche, de grandes inquiétudes se font jour sur les orges de printemps.

Plus au sud, notamment en vallée de Seine et du Loing, sur la zone 110 Bourgogne, les rendements sont plus faibles en orge d’hiver (environ 45 qx/ha avec une fourchette allant de 23 à 70 qx/ha). « Même ceux qui s’en sortent ont des rendements en repli de 15 % par rapport à la moyenne historique », explique Jean-Marc Krebs, le directeur.

Quant à la qualité, elle est corrélée au rendement : s’il est correct, elle est au rendez-vous (88 à 90 de calibrage, 11 à 11,5 en taux de protéines), s’il est faible, les taux de protéines sont trop élevés. La sécheresse a accentué les conséquences de l’infestation des parcelles par les pucerons, qui en raison de l’absence de gel ont été présents tout l’hiver.

« On a payé cash le fait qu’il n’y ait plus de protection », conclut Jean-Marc Krebs.

Quant au colza, la récolte ne fait que débuter, mais l’hétérogénéité semble de mise. Sur la zone 110 Bourgogne, on annonce un rendement moyen oscillant entre 28 et 30 qx/ha. Rappelons que cette culture a été mise à rude épreuve tout au long de son cycle de végétation : gel au mois d’avril qui a annihilé la production, grosses attaques de pucerons cendrés en fin de cycle qui ont impacté les rendements lorsqu’aucune intervention n’a été réalisée, dégâts de pigeons ramiers.

Concernant les pois d’hiver, exceptées les parcelles ravagées par les pigeons, les premiers retours laissent présager une récolte correcte avec des rendements proches de 50 quintaux.

Laurence Augereau, Laurence Goudet-Dupuis

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