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Une année compliquée pour la pomme de terre

Alors que la récolte des pommes de terre s’achève dans le Loiret, les agriculteurs s’inquiètent de la qualité de leur production. Plusieurs maladies de peau sont détectées sur le tubercule.

Thomas Pointereau est agriculteur à Épieds-en-Beauce (Loiret). Sur ses 130 hectares, huit sont consacrés à la culture de pommes de terre. « J’en cultive depuis une bonne dizaine d’années, précise-t-il. Après avoir testé plusieurs variétés, je me suis concentré sur la production d’Excellency, une pomme terre conçue pour être frite, et de la Taisyia, une cousine de la célèbre Agata ». Mais cette année, la récolte de l’exploitant a été particulièrement complexe.

Un labour semé d'embûches

Une nouvelle fois, les aléas climatiques ont eu de nombreux impacts sur les cultures. Le département du Loiret a connu un hiver très doux ainsi que des gelées au début du mois d’avril. Pourtant, le sol accueillant les pommes de terre se prépare dès le mois de décembre. « Pour cultiver les pommes de terre, il faut travailler son labour profondément afin d’obtenir un maximum de volume de terre meuble et ainsi favoriser leur développement, explique ­Thomas Pointereau. L’idéal est d’avoir un hiver avec des gelées suffisantes pour que l'eau descende dans le sol et le restructure ». Sans cette eau, la terre reste battante et rend le labour difficile. Au mois d’avril, les tubercules de pommes de terre de l’agriculteur ont donc eu du mal à être plantées à une profondeur correcte. « Je n’avais pas beaucoup de terre pour les recouvrir. Quelques semaines après, lors du nouveau buttage, j’ai dû arroser mes sols pour assouplir la terre et la travailler. » Une première pour l’exploitant.

Cuites à l’étouffée

La saison estivale n'a pas été plus clémente. L’ensemble du territoire a connu des épisodes de sécheresse et de canicule. « La tubérisation d’une pomme de terre se déclenche grâce à l’alternance de nuits fraîches et de journées plus chaudes, souligne Thomas ­Pointereau. Cette phase de tubérisation n’a pas eu lieu dans mes parcelles, puisque les températures restaient élevées même la nuit. Les pieds n’ont donc pas produit autant de tubercules que les années précédentes ».

Après un premier échantillonnage effectué le 14 juillet pour déterminer le calibre de ses pommes de terre, l’agriculteur broie et grille leurs fanes, tiges et feuilles afin d’arrêter leur croissance. Il faut maintenant quatre semaines au tubercule comestible pour se créer une peau suffisamment robuste. Malheureusement pour le gérant de l’EARL Pointereau, ses deux variétés ont été perturbées par les fortes chaleurs. « Elles ne voulaient pas arrêter leur croissance, relate-t-il. Au bout de dix jours, il a fallu repasser une dose de produit défanant ». En effet, comme d’autres plantes, la pomme de terre a essayé de se reproduire afin de faire survivre son espèce. Elle est donc repartie en végétation. « Il y a même des tiges qui commençaient à refaire des petites pommes de terre », indique l’agriculteur. Cette repousse n’aurait jamais été productive. De plus, à force d’accumuler trop de chaleur, les pommes de terre les moins enfouies dans les buttes de terre ont cuit. Leur peau encore fragile a commencé à griller, et leur chair à brunir.

Une qualité dégradée

Le champignon de la dartrose apparaît sous forme de taches noires sur la peau des pommes de terre, conséquence de l'humidité et de la chaleur.

Bénédicte Hinz, responsable technique qualité, recherche et développement chez Dussurgey, indique que la qualité des pommes de terre s’est fortement dégradée à la fin de la campagne, notamment entre l’arrosage et l’arrachage, au début du mois de septembre. « Des taches noires sont apparues sur la peau des pommes de terre. Situées dans une butte humide et chaude, elles ont développé le champignon de la dartrose. Ce champignon se développe uniquement sur la peau de la pomme de terre et induit du déchet supplémentaire puisque sur le marché du frais, les clients exigent le respect de l’arrêté du 3 mars 1997 relatif au commerce des pommes de terre de conservation ».

D’autre part, à cause du vent présent lors des arrachages, les sols ont souvent été arrosés de façon aléatoire et ont séché rapidement. La terre sèche à certains endroits des parcelles a griffé et pluché la peau des tubercules. D’habitude visible sur les lots manquant de maturité, cette année, ces « pluches » se retrouvent sur de nombreuses variétés. La chaleur a également accéléré l’âge physiologique des tubercules et entraîné la germination en terre avec, pour certaines variétés, un phénomène de boulage, qui rend les pommes de terre non commercialisables. Pour finir, les lots ayant fortement tubérisé ne sont jamais montés en calibre et risquent de poser problème pour la commercialisation. Cependant, le taux de matière sèche est élevé. Pour ­Thomas Pointereau, 2022 ne sera pas une année exceptionnelle pour ses rendements de pommes de terre. « Mes pommes de terre Excellency ont su produire une belle peau et restent de très bonne qualité, se réjouit l'agriculteur. En revanche, mes pommes de terre Taisyia sont tachées et certaines sont bien en dessous du calibre nécessaire ». Le tonnage de ­Thomas Pointereau est de 43 tonnes brutes, contre 70 pour une année standard.

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