Aller au contenu principal

Une flambée des prix insuffisante pour les exploitations

La récente hausse des cours du blé tendre reste insuffisante vu la fragile trésorerie des exploitations céréalières, a estimé le 22 août la société de conseil Agritel, tablant sur 170 à 175 EUR/t payés au producteur en 2018-2019. Cette fermeté des prix est liée à des récoltes décevantes et à des stocks qui s’amenuisent.

© Ronan Lombard

«La situation financière des exploitations de grandes cultures reste extrêmement compliquée », a déclaré le directeur général d’Agritel Michel Portier, selon qui elle devrait « s’améliorer légèrement sans combler le trou de 2016 ». D’un côté, le blé a vu son prix grimper de 44 EUR/t rendu Rouen depuis le 1er mai. De l’autre, son coût de production a augmenté de 19 EUR/t (à 166 EUR/t) en comparaison de la récolte précédente, par manque de dilution des charges fixes avec la baisse des rendements, d’après Agritel. Il en ressort « une marge moyenne de 5 à 10 EUR/t » pour 2018-2019. Pas de quoi renflouer les trésoreries des exploitations, malmenées par « des prix de vente inférieurs aux coûts de production depuis 2013 ».

La fin d’une période d’abondance
Agritel mise néanmoins sur une fermeté des cours dans les mois à venir, au-dessus de 200 EUR la tonne de blé tendre sur Euronext. « Chez les grands pays exportateurs, le ratio stock/utilisation descend à un plus bas historique », inférieur à 15 % en fin de campagne, explique l’analyste Alexandre Boy. Avec des récoltes décevantes, le marché mondial du blé vit la fin d’une période d’abondance. La France affiche une production de 34,2 Mt, soit « la troisième plus faible depuis dix ans », selon la société de conseil. L’Europe de nord et de l’est est sévèrement touchée par la sécheresse, qui a aussi un impact en mer Noire, la production russe étant chiffrée à 67,4 Mt (-17 Mt sur an). Même tableau en Australie, au Canada. L’Argentine apparaît comme le seul des huit grands pays exportateurs à ne pas être sur le reculoir.
Le sentiment « haussier » d’Agritel concernant le prix du blé est également nourri par des divergences avec l’USDA, dont le rapport Wasde sur l’offre et la demande mondiales oriente le marché. « La consommation intérieure est sous-évaluée en Russie », soutient Alexandre Boy, mettant en avant des besoins croissants en céréales pour nourrir le cheptel. Et de mettre en doute la prévision de l’USDA sur les exportations de blé par la Russie à 35 Mt, Agritel misant plutôt sur 31,5 Mt. Le chiffre sur l’export européen est aussi contesté. « Les exportations de blé par l’UE sont attendues au plus bas depuis 2011-2012, à 21 Mt », avance l’analyste quand l’USDA table sur 23 Mt.

Les 220 EUR/t frôlés en cours de séance
Après avoir franchi la barre des 200 EUR/t en juillet, les cours du blé ont frôlé les 220 euros, à 219,75 euros en cours de séance le 2 août sur le marché européen Euronext. Un pic jamais atteint depuis avril 2014. Le blé a ensuite cédé du terrain, repassant sous les 200 euros le 27 août. Cette fermeté des cours rassure les céréaliers qui ont le moral en berne depuis plusieurs années. 40 % d’entre eux sont dans le rouge, d’après l’AGPB (producteurs de blé). « Si les prix montent, cela permettra à beaucoup de retrouver de l’oxygène », s’est félicité le président Philippe Pinta. Les acteurs dans le trading, la collecte, la gestion du risque prix se frottent aussi les mains. « 2018 marque le retour d’une très forte volatilité sur les marchés », souligne Michel Portier.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

Vendredi 26 septembre, à Blois. Deux convois d'une dizaine de tracteurs chacun ont traversé les routes de la ville en opération escargot, avant de rejoindre la préfecture.
Les agriculteurs sèment leur colère devant la préfecture de Loir-et-Cher 📹
À l'appel de la FNSEA 41 et de JA Loir-et-Cher, une quarantaine d’agriculteurs ont sorti les tracteurs, vendredi 26 …
Les dégâts de sanglier sur les cultures de printemps représentent des pertes économiques considérables pour de nombreux agriculteurs.
Un premier pas pour lutter contre les sangliers en Loir-et-Cher
Après la demande formulée par la FNSEA et JA 41, une réunion avec le préfet de Loir-et-Cher s’est tenue mardi 7 octobre au…
Jeudi 11 septembre, à Orsonville (Yvelines). Les agriculteurs présents lors de la réunion organisée par la Chambre ont pu comparer des variétés de sarrasin.
Vers une filière sarrasin pérenne en Eure-et-Loir ?
La chambre d'Agriculture a réuni des acteurs de la culture du sarrasin et des agriculteurs pour une demi-journée technique jeudi…
André Cellier, arboriculteur du côté de Mont-près-Chambord, connaît en ce moment une récolte bien plus mauvaise que celle de l'année précédente, en partie à cause des aléas climatiques.
Une saison compliquée pour les pommes
Les récoltes de pommes sont en cours en Loir-et-Cher et cette année 2025 est particulièrement compliquée pour certains…
Le maïs sauve sa récolte, pas ses revenus
Dans le Loiret, la campagne maïs se déroule sous de bons auspices sur le plan agronomique, notamment en irrigué. Mais pour…
Maxime Cherrier, président de la SAS Noix du Val de Loire et producteur de noix à Josnes, revient sur la saison de récolte 2025 en Loir-et-Cher.
Une récolte de noix correcte mais pas à la hauteur des espérances
Depuis la fin septembre, les producteurs de noix sont en pleine récolte en Loir-et-Cher. Celle-ci devrait durer jusqu’à la fin…
Publicité