Édito
Damien Greffin : « Une rentrée sous tension pour l’agriculture francilienne »
Président de la chambre d'Agriculture de région Île-de-France depuis février dernier, Damien Greffin prend la parole à l'occasion de la rentrée de septembre.
Président de la chambre d'Agriculture de région Île-de-France depuis février dernier, Damien Greffin prend la parole à l'occasion de la rentrée de septembre.

« Cette rentrée s’annonce mouvementée, à la fois sur le plan politique et pour le monde agricole. Après une moisson particulièrement précoce et des rendements inégaux selon les territoires, une inquiétude grandit : celle de l’avenir de notre souveraineté alimentaire. La décision du Conseil constitutionnel de censurer l’article 2 de la proposition de loi Duplomb, en restreignant certains moyens de production dont notamment l’utilisation de l’acétamipride, fragilise des filières déjà confrontées à une concurrence européenne et mondiale féroce. Ne doutez pas que nous reprendrons une initiative parlementaire sur ce point. Mais au-delà de ce point dur, il faut aussi se réjouir des dispositifs à venir, qui offriront de nouvelles perspectives aux agriculteurs : l’avancée sur le stockage de l’eau, l’alignement des seuils pour les Installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), le caractère facultatif du Conseil stratégique phytosanitaire (CSP), pour ne citer que ces mesures, concrètes, que nous attendions tous. Toutefois, il faut reconnaître qu’une profonde démotivation se fait sentir dans nos rangs. Beaucoup d’agriculteurs ne se sentent plus écoutés, ni considérés, et leur savoir semble désormais être ignoré… Mais il ne faut pas baisser les bras, le combat doit continuer pour défendre nos intérêts et ceux des générations suivantes.
Un tournant important pour notre institution
Depuis six mois, vous m’avez élu à la présidence de la chambre d’Agriculture de région Île-de-France. Ma première ambition est claire et je l’ai affichée dès mon arrivée, comme la pierre angulaire de cette mandature : rassembler et créer un lieu d’échange entre élus et salariés, au service des agriculteurs. Actuellement, nous sommes sur le point d’acquérir notre nouveau siège. C’est un tournant important pour notre institution, mais nécessaire. Nous mesurons pleinement ce que cela représente, en particulier pour nos équipes de collaborateurs, pour qui j’ai une pensée particulière. Néanmoins, cette évolution s’impose pour renforcer notre fonctionnement collectif, dans un contexte fragilisé par les effets de la régionalisation. Les antennes locales seront bien entendu maintenues, voire renforcées, pour assurer la nécessaire proximité avec vous, agriculteurs et agricultrices du territoire.
Il s’agit aussi de préserver nos terres agricoles et de nous protéger de l’urbanisation, de vous accompagner dans vos projets, en misant sur l’innovation et la diversification, leviers devenus indispensables face à la fragilité économique des exploitations. Autre défi majeur : le renouvellement des générations. Dans moins de dix ans, près de la moitié des agriculteurs franciliens partiront à la retraite. La transmission et l’installation sont donc au cœur de nos priorités.
Nous soutenons toutes les formes d’agriculture. Et je suis fier d’avoir célébré les 10 ans du PCTAB (Pôle de compétitivité technique en agriculture biologique) de la chambre d’Agriculture, et d’avoir participé au lancement de la filière farine de blé bio, avec l’ensemble des acteurs concernés. Ce sont des signaux positifs pour l’avenir et le travail ne fait que commencer !
Enfin, un mot sur notre institution. Avec les élus du bureau, nous avons également engagé une réflexion stratégique pour fixer les nouvelles orientations de votre chambre d’Agriculture. C’est un travail exigeant, fait de discussions, de choix et parfois de renoncements, mais essentiel pour assurer un fonctionnement optimal dans les années à venir. Pour ne citer que ces exemples, deux chantiers sont en cours : l’un sur l’eau, l’autre sur la compensation environnementale.
Le monde change vite. À nous de nous adapter, d’être innovants et solidaires, pour que l’agriculture francilienne reste compétitive et conserve toute sa place dans le paysage national.
Bonne rentrée à vous et à toutes vos familles. »