Une session plutôt sombre pour les membres de la Chambre d'Eure-et-Loir
Les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir se sont réunis en session sous la houlette de leur président Yohann Serreau, lundi 24 novembre à Chartres. Les différents facteurs de la crise agricole actuelle ont nourri les débats.
Les membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir se sont réunis en session sous la houlette de leur président Yohann Serreau, lundi 24 novembre à Chartres. Les différents facteurs de la crise agricole actuelle ont nourri les débats.
Elle s'éternise, elle s'installe, alors elle finit par s'insinuer dans tous les rouages du secteur agricole. Rien d'étonnant donc à ce que la crise agricole s'invite et imprègne les travaux de la session des membres de la chambre d'Agriculture d'Eure-et-Loir, qui se déroule à Chartres lundi 24 novembre.
Produire ne rémunère pas
Ainsi, dans son tour d'horizon de l'actualité agricole, son président, Yohann Serreau, pointe qu'en dépit de résultats techniques corrects, des prix trop bas depuis trois ans et des charges qui augmentent font que : « Produire ne suffit pas si produire ne rémunère pas. Le résultat, ce sont des exploitations qui s'appauvrissent, des investissements différés, de la jeunesse qui hésite à s'installer ».
S'adressant au préfet Hervé Jonathan, qui assiste aux travaux, Yohann Serreau pointe la responsabilité des pouvoirs publics dans la dégradation des résultats et « surtout dans l'absence de perspectives ». Selon lui, il faut « réduire les distorsions de concurrence, alléger les contraintes inutiles et obtenir des mesures concrètes de soutien ».
Il énumère ensuite les facteurs qui concourent à nourrir cette crise. À commencer par la taxe carbone aux frontières, dont le mécanisme a été décrypté juste avant par une intervention du responsable Europe et filières de l'AGPB (Association générale des producteurs de blé et autres céréales), Sylvain Lhermitte. « Nous n'avons absolument pas les moyens de supporter cette charge supplémentaire, assure le président. Nous demandons de véritables garanties pour que l'impact sur les coûts de fertilisation des céréales soit neutralisé ».
Sur le sujet de la taxe carbone MACF, lire notre interview du président de l'AGPB, Éric Thirouin
Le tour d'horizon s'attarde ensuite sur le traité de libre-échange avec les pays du Mercosur. Yohann Serreau dénonce les revirements et les hésitations au plus haut niveau qui engendrent « une incertitude économique lourde ». Puis, c'est sur la future Pac, nationalisée, et au budget « drastiquement resserré » que le président attire l'attention, estimant « que la réduction de l'enveloppe allouée [… ] constitue une énième provocation [… ] totalement inacceptable dans le contexte actuel ».
Il poursuit en dénombrant les atteintes à la compétitivité des exploitations, qui s'accumulent année après année : « Une accumulation qui finit par peser lourd, très lourd ». D'abord la réduction progressive du nombre de molécules phytopharmaceutiques autorisées, puis les limitations croissantes d'usage de ses produits, les futures Zones d'actions renforcées (Zar) engendrées par une nouvelle déclinaison de la directive Nitrates, ou le registre phytosanitaire dématérialisé qui va permettre un contrôle systématique à distance…
Une ligne claire
Il signale au préfet la nécessité d'une rencontre sur le sujet des aires d'alimentation de captage Grenelle : « Pour arrêter une ligne claire », car les positions divergent sur la quantification des molécules herbicides retrouvées aux captages, selon les opérateurs (Agences de l'eau, DDT, collectivités…). « La Chambre peut assumer des plans d'actions s'ils reposent sur des mesures agronomiques sérieuses et efficaces mais aussi si elles sont financées par les Agences de l'eau ou les collectivités ».
Le président souligne : « La transition ne peut pas se faire contre nos exploitations. Nous ne doutons pas que vous êtes à nos côtés mais le contexte l'exige, les exploitants ont atteint un niveau de dépit et d'exaspération inouïs : les services de l'État doivent en prendre la mesure ». Il s'adresse enfin à ses collègues agriculteurs pour qu'en dépit de tout cela, ils ne se désengagent pas des conseils indépendants de la Chambre.
Approbation unanime
Tous ces éléments font l'objet d'une délibération, approuvée à l'unanimité, qui demande la suppression de la taxe carbone aux frontières, de ne pas adopter le Mercosur en l'absence de mesures adéquates, une véritable défense de la Pac, la poursuite effective de la simplification des normes, la modification de la loi Egalim pour permettre l'accès des marques locales aux marchés alimentaires, un soutien à l'agriculture biologique, un report significatif de l'obligation de tenir un registre phytosanitaire numérique, un report de cotisations sociales pour les exploitants qui le demandent, un élargissement de la Dotation pour épargne de précaution (DEP) aux aléas économiques et au niveau départemental : un moratoire sur la création de nouvelles AAC et qu'aucun forage de l'Aigre ne soit déplacé tant que les clauses de financement ne sont pas arrêtées.
Le cas Scic
Le sujet de la Scic Sur le champ ! a été évoqué plusieurs fois au cours de ces travaux de session. D'abord par un exposé à deux voix des conseillères en charge de la structure pour la Chambre, Aurélie Toutain et Maëlys Sautel, qui reprennent les éléments livrés lors de la réunion d'information du 17 novembre pour en informer les membres. Yohann Serreau reviendra sur le sujet dans son tour d'horizon : « Le premier semestre 2026 sera déterminant. Nous tiendrons les engagements de fermeture de la Scic si nous n'arrivons pas à mobiliser les collectivités et les clients. D'ici là, nous allons nous mobiliser sans relâche. Je le dis, que chacun mesure bien les effets de la fermeture de la Scic. Nous devons prendre conscience du retour en arrière inexorable si elle devait cesser son activité ».
Voir aussi Sur le champ !, un outil dont le territoire doit plus se saisir