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« ZNT : le coup de massue »

Agriculteur à Etampes (Essonne), Damien Greffin est président de la FRSEA et de la FDSEA Île-de-France. Il revient sur le décret sur l’utilisation des produits phytosanitaires, dévoilé vendredi 20 décembre.

Horizons : Le gouvernement a dévoilé vendredi 20 décembre le contenu du décret sur l’utilisation des produits phytosanitaires. Quelle a été votre réaction ?

Damien Greffin  : Je suis vent debout contre le contenu de ce décret qui est un véritable coup de massue pour la profession, toutes cultures confondues. On s’interroge une fois de plus sur la réelle volonté du gouvernement français de maintenir une agriculture en France car le texte acte, de facto, le retrait de la production de plusieurs centaines de milliers d’hectares dans le pays. L’avenir de certaines exploitations les plus impactées pourraient même être sérieusement compromis.

La notion de distance est inappropriée et source de conflits avec la population, dans un contexte d’agribashing déjà très fort. Elle ouvre la porte aux conflits de voisinage, amène une sur transposition supplémentaire et réaffirme l’idéologie plutôt que le pragmatisme du gouvernement.

Cette décision est d’autant plus inopportune que nous avons signé, dans les Yvelines, l’Essonne, le Val-d’Oise et la Seine-et-Marne, des chartes de bon voisinage avec les préfets et les Départements notamment, qui actent nos engagements pour réduire l’impact de nos pratiques.

Que dit précisement le décret ?

Pour les produits CMR1, qualifiés de « substances les plus préoccupantes » par le gouvernement, le décret impose vingt mètres incompressibles au voisinage des zones d’habitation et accueillant des personnes vulnérables. Pour les autres produits, c’est dix mètres pour les cultures hautes (arboriculture, vignes) et cinq mètres pour les autres cultures. Dans certains cas (chartes, système anti-dérive), ces distances pourront être ramenées à cinq mètres pour les cultures hautes et trois mètres pour les autres. L’ensemble de ces dispositions sont applicables dès le 1er juillet 2020 pour les cultures déjà emblavées et dès le 1er janvier 2020 pour les autres.

Dans ces circonstances, pensez-vous que les mobilisations syndicales organisées depuis septembre dernier ont été vaines ?

Absolument pas, bien au contraire. Le gouvernement n’a pas retenu dans le texte l’obligation d’information et le délai de prévenance de la population ni l’obligation de précipitation après les interventions de traitement. Le décret ne s’applique pas non plus sur les semences enrobées, les traitements racinaires et micro-granulés. Notre mobilisation a également permis de montrer l’irresponsabilité des arrêtés communaux à 150 mètres.

Quelle suite allez-vous donner à cette décision ?

Dès les premiers jours de janvier, nos instances se réuniront pour décider de la suite de la stratégie syndicale. Il faudra impérativement trouver les mesures permettant à tous les agriculteurs d’avoir des solutions techniques ou des compensations face à cette nouvelle distorsion de concurrence.

Propos recueillis par Marine Guillaume

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