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Annie Genevard en Eure-et-Loir sur le sujet de l'alimentation

La ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Annie Genevard, était en visite officielle à Châteauneuf-en-Thymerais lundi 2 juin sur les sujets de la sécurité sanitaire des aliments et des Projets alimentaires territoriaux (PAT).

Cela faisait belle lurette que l'Eure-et-Loir n'avait reçu la visite officielle d'un ministre de l'Agriculture : « En tout cas, pas de mémoire de député », glisse Olivier Marleix. Même si cependant, certains sont venus récemment, comme Marc Fesneau en juillet dernier pour prendre la mesure de la récolte catastrophique…

Sécurité alimentaire

Pour sa part, Annie Genevard vient au collège La Pajotterie de Châteauneuf-en-Thymerais ce lundi 2 juin, pour parler de sécurité sanitaire des aliments, à quelques jours de la journée internationale qui lui est consacrée, et pour s'informer sur le Projet alimentaire territorial (PAT) porté par l'agglo du Pays de Dreux. Une rencontre avec les syndicats agricoles est prévue dans la foulée, aux Jardins d'Imbermais (lire encadré ci-dessous et en page 5).

En attendant, tout le monde est là pour accueillir la ministre. À commencer par le préfet, Hervé Jonathan, et les représentants des services de l'État, mais aussi le président du Département, Christophe Le Dorven, accompagné par Christelle Minard, qui a beaucoup œuvré dans ces domaines de l'alimentation, le président de la chambre d'Agriculture, Yohann Serreau, ou encore, parmi de nombreux autres élus, la sénatrice Chantal Deseyne ou le député de la circonscription, Olivier Marleix.

Annie Genevard commence sa visite en assistant au contrôle sanitaire du restaurant scolaire, qui se déroule de façon exemplaire. « J'ai pu constater à quel point le matériel était récent, le personnel bien formé et les équipements en parfait état de fonctionnement. C'est ce qui garantit quelque chose de très important et dont j'ai la charge, la sécurité sanitaire des aliments. Mes services emploient 700 agents sur cette mission, qui opèrent plus de 100 000 contrôles par an, aussi bien dans des établissements publics que privés », précise-t-elle.

Elle préside ensuite une table ronde autour de laquelle ont pris place les parties prenantes du PAT de la collectivité territoriale et du marché alimentaire mis en place par le Département et la Région pour favoriser l'approvisionnement en produits locaux des cantines des collèges et des lycées. C'est l'occasion pour le président de la Chambre, Yohann Serreau, de rappeler que 10 % des exploitations euréliennes alimentent les circuits courts : « Nous pouvons avoir toute la semaine des repas diversifiés dans les cantines ».

« Dix ans de travail »

Pour sa part, Christelle Minard, vice-présidente de l'agglo du Pays de Dreux chargée de ce dossier, présente les enjeux du PAT porté par la collectivité et travaillé en lien avec la Chambre et le Département : « C'est dix ans de travail. Beaucoup n'y croyaient pas mais nous y sommes arrivés grâce à ces partenariats. Aujourd'hui, nous travaillons à faire émerger une conserverie et à étendre le marché alimentaire aux Ehpad, puis aux communes à l'occasion de son renouvellement en 2027 ».

Le sujet de la ressource en eau est évoqué sur ce territoire de l'Agence de l'eau Seine-Normandie : « Eau de Paris consomme 5 m3 prélevés sur notre territoire quand nous en consommons un et le Parisien la paye 4 euros le m3 alors qu'elle est à 8 euros à Dreux. En plus, nous avons en charge la protection de la ressource », pointe le président de l'agglo, Gérard Sourisseau. « Nous n'avons pas d'eau et toutes les contraintes », ajoute Olivier Marleix.

Yohann Serreau aborde aussi le sujet en présentant à la ministre une carte des aires d'alimentation de captage : « Sur le territoire, nous en avons beaucoup. Si toutes ces AAC étaient classées sensibles, donc concernées par une interdiction d'y utiliser des produits phytosanitaires comme certains l’ont proposé, c'est l'ensemble du département qui serait impacté. Quand on parle de sécurité alimentaire, la production en fait partie. Il est important de mesurer l'impact sur le territoire de décisions comme celles-ci. Elles pourraient détruire une grande partie de l'agriculture du département ».

David Aymard, exploitant en agriculture biologique et élu à la Chambre, intervient pour alerter la ministre sur les difficultés de la filière qui se concrétisent par des déconversions massives : « Nous avons perdu 1 200 hectares depuis 2020, pose-t-il. Quelle communication envisage de faire votre ministère autour du logo AB et sur ce que peut apporter l'agriculture bio aux citoyens ? Aujourd'hui, le consommateur de bio a accès à une production française mais au rythme de ces déconversions, demain il n'aura accès, dans le meilleur des cas, qu'à des produits européens ».

Levier de souveraineté

« Merci pour la passion que vous mettez dans ces questions alimentaires, apprécie Annie Genevard. Ce fut un bon choix de venir ici. Sur la question des PAT, bravo pour le travail que vous faites. Vous êtes engagés dans une démarche de qualité de façon très concrète, très professionnelle. Cependant, ce qui me revient du terrain, c'est que c'est compliqué à mettre en œuvre. Il ne faut pas hésiter à me faire des propositions de simplification. Pour moi, les PAT doivent être un levier de souveraineté alimentaire. Il ne faut pas oublier la dimension de l'éducation à l'alimentation. Les gens cuisinent de moins en moins, la cantine est parfois le seul endroit où les enfants ont accès à une nourriture de qualité. Mon ministère est pleinement mobilisé en faveur de ce qui se joue dans les PAT. Ils doivent être des outils opérationnels », conclut-elle.


Annie Genevard à l'écoute

La visite en Eure-et-Loir de la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, est l'occasion d'une brève rencontre avec les représentants des syndicats agricoles du département : la FNSEA, Jeunes agriculteurs, la Confédération paysanne et la Coordination rurale. Celle-ci se déroule sur l'exploitation de la famille Gauthier, les Jardins d'Imbermais, que la ministre prendra le temps de visiter ensuite.

 

Risque ZSCE

Le secrétaire général de la FNSEA d'Eure-et-Loir, David Faucheux, entame la discussion en évoquant le risque de classement en Zone soumise à contraintes environnementales (ZSCE) d'une bonne part des Aires d'alimentation de captage du département. « Nous ne voulons pas que l'on nous impose les cultures à bas niveau d'intrant (BNI) sur ces zones, ce sont des productions de niche. Quand on met un pied là-dedans, on ne sait plus où cela va s'arrêter », alerte-t-il.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre 50 % de la SAU, reconnaît Annie Genevard. Tous les bassins de captage ne seront pas traités de la même façon selon le ministère de la Transition écologique qui a pris conscience de l'inquiétude exprimée par le terrain sur ce sujet ».

Son homologue chez Jeunes agriculteurs, Jules Gauthier, alerte pour sa part sur les tensions de trésorerie : « On parle d'une taxe sur les engrais qui pourrait augmenter alors que l'on tire déjà la langue. L'Union européenne prend une décision contre la Russie qui nous impacte directement. Nous avons des annuités énormes, une conjoncture incertaine, si on nous retire le flufénacet, nous allons perdre encore 30 % de production. Nous n'avons plus de vision à long terme ».

Interpellée sur la question du soutien à l'agriculture biologique, Annie Genevard se montre résolue : « Je ne supporte plus que l'on dise que l'État ne soutient plus le bio. Nous mettons 700 millions d'euros et dans ce contexte de restriction budgétaire, j'ai maintenu tout ce que je pouvais. Maintenant, il faut que la filière trouve son équilibre économique ».

Au sujet de la proposition de loi Entraves, la ministre souligne que ce sont des mesures attendues. Sur l'article 2 « qui cristallise beaucoup de choses. Les parlementaires ont décidé d'interdire tous les néonicotinoïdes, mais l'acétamipride est différent. Je tiens la position du gouvernement qui est le rétablissement de ce produit tant qu'il n'y aura pas de solution alternative. Il y a des filières qui vont s'éteindre si on ne le fait pas. Cela se fera sous régime dérogatoire avec des conditions d'utilisation. Le gouvernement est attentif à ce texte très attendu et il partage la version adoptée par le Sénat. Les agriculteurs ont fait énormément d'efforts pour baisser leur utilisation des produits phytosanitaires et on ne leur rend pas justice ».

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