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Betteraves
Betteraves : bilan et perspectives en région Centre-Val de Loire

Une nouvelle année culturale betteravière démarre. C'est l'occasion de revenir avec la CGB* Centre-Val de Loire sur la campagne qui vient de s’achever et sur les perspectives de la filière régionale.

Une nouvelle année culturale betteravière démarre. L’arrêté de dérogation pour l’usage des néonicotinoïdes pour les semis de 2022 vient d’être publié au Journal officiel le 1er février. Retour sur la campagne betteravière qui vient de s’achever et sur les perspectives de la filière dans notre région.

Une campagne 2021 qui laisse des regrets

Après la catastrophe de la jaunisse en 2020, la campagne 2021 s’annonçait sous de meilleurs auspices : la loi biodiversité avait été modifiée et une dérogation pour l’utilisation des néonicotinoïdes (NNI) en traitement de semences avait été signée. « Alors que les semis s’étaient déroulés dans de bonnes conditions, les espoirs étaient fondés, se souvient Alexandre Pelé, président de la CGB* Centre-Val de Loire. Mais le 6 avril 2021, ils ont été anéantis par un épisode de gel inédit. Deux tiers des surfaces betteravières ont dû être ressemés un mois après la date optimale et sans protection, les ressemis en NNI n’étant pas autorisés. Le retard de végétation, la jaunisse dans certains secteurs, mais aussi le manque d’ensoleillement de l’été et les précipitations de septembre n’ont pas fait de 2021 un grand cru : si les poids des racines ont été corrects, la richesse en sucre a cruellement fait défaut. En conséquence, le rendement moyen régional est en baisse de 10 % par rapport à la moyenne cinq ans ».

Différents « types » de betteraves à réceptionner

Les trois usines de la région ont commencé à réceptionner les betteraves fin septembre. L’organisation des réceptions a été complexifiée par la nécessité de séparer différents types de production. En plus des betteraves conventionnelles, celles issues de l’agriculture biologique et d’exploitations certifiées HVE, les sucriers ont dû traiter, à part, près de 1 500 hectares de betteraves qui avaient reçu un désherbant non conforme, afin que les produits issus de ces betteraves soient, par précaution, sortis de la filière alimentaire (transformation en éthanol et pulpes orientées vers la méthanisation). Ces allotements ont nécessité une adaptation des calendriers d’enlèvements de betteraves. À noter, cette année, toutes les betteraves bio françaises ont été transformées dans le Loiret, les usines d’Artenay et de Corbeilles fabriquant le sucre bio, respectivement, de Tereos et Cristal Union. Les surfaces de betteraves bio représentent, au niveau national, 1 500 hectares sur 400 000 : « La filière bio existera et se développera si la filière conventionnelle est dynamique et rentable », souligne Alexandre Pelé.

Regarder vers l’avenir

Depuis quelques mois, les signes du marché du sucre sont encourageants. Sur le marché mondial, la production de 2021 est déficitaire pour la troisième année. Dans certains pays, la culture de la canne est en compétition économique avec d’autres productions (soja, maïs) et les cours élevés du pétrole favorisent l’éthanol. En Europe, le volume disponible à l’exportation est plus faible que pendant la période sous quotas. Aussi, les stocks de sucre sont au plus bas. Ceci se traduit par des cours du sucre haussiers qui laissent entrevoir une nette amélioration des prix de betteraves, attendue par les planteurs qui souhaitent revoir des niveaux de marge supérieurs à ceux connus depuis la sortie des quotas. « Davantage de betteraves dans nos sucreries, c’est plus de compétitivité pour nos usines et un prix de betteraves qui doit s’améliorer en conséquence », souligne Alexandre Pelé. L’enjeu agronomique est capital et la recherche est mobilisée pour trouver des solutions à la jaunisse et les variétés progressent sur la tolérance à la cercosporiose. La betterave participe aussi à la diversité des assolements qui sera un enjeu fort pour la Pac de 2023. Cette culture a sa place dans les assolements.

« La CGB œuvre pour expertiser les opportunités que peuvent offrir certaines évolutions législatives pour notre filière, en termes de contractualisation ou de système assurantiel, mais aussi pour défendre nos moyens de production ». Alexandre Pelé encourage donc les planteurs à rester ­mobilisés.


*Confédération générale des planteurs de betteraves.

La campagne 2021 en chiffres

 


Rodolphe Couturier, président de la sucrerie d’Artenay (Loiret).

« L’usine d’Artenay a joué un rôle important »

« Avec cent jours de campagne, l’usine d’Artenay a joué un rôle important en transformant également les betteraves bio et celles issues des exploitations HVE* ainsi que les betteraves ayant été traitées avec les produits non conformes d’Adama. Côté valorisation, nous sortons d’un cycle économique déprimé. En lien avec l’enquête réalisée par Tereos en 2021, il est important d’adapter nos engagements à nos contraintes agronomiques. Évitons les réactions brusques ou violentes qui pourraient déstabiliser nos équilibres. Un volume de betteraves globalement cohérent permettra à nos usines de perdurer et d’améliorer économiquement le résultat de nos exploitations. »

*Haute valeur environnementale.


Olivier Duguet, président de la section Pithiviers-Toury de Cristal Union.

« Augmenter les surfaces 2022 pour répondre aux besoins du marché »

« Le retour d’une dérogation pour l’utilisation des NNI* en enrobage de semence, pour la deuxième année consécutive, afin de protéger nos betteraves contre la jaunisse, mais aussi la mobilisation de la recherche variétale pour nous apporter des solutions sur les problématiques agronomiques de notre région, sont autant de sources d’amélioration de notre productivité. Dans un contexte haussier des marchés du sucre et de l’alcool, qui permet d’envisager un prix de betteraves, pour cette année, supérieur à celui de 2021, il semble pertinent de maintenir, voire d’augmenter dans la mesure du possible, ses surfaces de betteraves 2022, pour répondre aux besoins du marché. »

*Néonicotinoïdes.


Hervé Fouassier, président de la section Corbeilles-en-Gâtinais (Loiret) de Cristal Union.

« 107 jours de campagne à Corbeilles, un record »

« Malgré les difficultés de l’année (gel, richesses faibles), beaucoup de facteurs sont très positifs pour la betterave : des marchés porteurs dans une Europe qui reste très déficitaire en sucre et en éthanol, de bonnes durées de campagne au sud de Paris. À titre d’exemple, nous avons fait 107 jours de campagne à Corbeilles, un record qui renforce la compétitivité de nos sucreries.

Au final, nos rémunérations sont à la hausse pour nos coopérateurs, 29 euros la tonne cette année, avec un objectif pour Cristal Union à plus de 30 euros la tonne l’année prochaine pour nos betteraves.

Des valorisations à la hausse et un investissement historique de la filière dans la recherche de variétés plus robustes face aux bioagresseurs (jaunisse, charançons, cercosporiose) pour retrouver de la performance agronomique, sont autant d'éléments encourageants pour maintenir voire développer les surfaces de betteraves dans nos exploitations. »

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