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Portrait.
Bruno Chesneau est passé de 200 l à 90 l de phytosanitaires par hectare

Le céréalier de Chaingy a changé le mode d'application de ses intrants : décryptage d'une technique que l'agriculteur utilise depuis plusieurs années.

Installé à Chaingy, Bruno Chesneau a repris l'exploitation de ses parents en 1986 après avoir été aide-familial durant douze ans. L'homme, qui a démarré avec soixante hectares, en exploite aujourd'hui quatre-vingt-dix, dont un tiers en qualité de propriétaire. Au fil du temps, l'intéressé a récupéré des terres auprès d'agriculteurs qui prenaient leur retraite et qui n'avaient pas de successeur.

« La difficulté ne vient pas tellement de la proximité d'Orléans mais de la concurrence entre agriculteurs. Il faut avoir du travail mais ne pas l'acheter : il faut rester raisonnable lors des opérations de reprises ou de cessions. Je suis favorable à des exploitations monofamiliales : cela permet de maintenir un certain nombre d'agriculteurs. Or c'est le nombre qui fait la force. »

L'exploitation est très morcelée puisqu'elle est répartie sur quatre communes : Chaingy, Saint-Ay, Ingré et Huisseau-sur-Mauves. « Or il faut pouvoir réaliser le travail dans de bonnes conditions : c'est plus difficile s'il s'agit d'une grosse exploitation. » Celle qui nous intéresse est constituée de quarante îlots ! Conséquence : « Le débit de travail n'est pas le même. Tout comme le niveau des rendements. Les coûts de production sont plus élevés car il y a des croisements d'engrais et de traitements. »

Moins de pertes de semences

« Je travaille de manière traditionnelle » indique le Cambien : labours (de septembre à fin décembre selon les cultures), semis, alimentation des plantes au printemps (trois ou quatre apports azotés) et herbicides et fongicides selon les infestations. Au niveau des phytosanitaires, le professionnel est passé de 200 l/ha à 90 l/ha. La conséquence d'un changement dans le mode d'application : « Le matin de bonne heure car l'hydrométrie est élevée. »

Quelles sont les raisons d'être de cette technique que l'agriculteur utilise depuis quelques années ? « Il y a moins de poids dans le pulvérisateur, d'où un gain de temps pour le remplir. Sur le plan agronomique, l'ajout d'un adjuvent favorise la fixation des gouttelettes sur les plantes. À la clé, une meilleure efficacité des traitements et une réduction jusqu'à 50 % des doses de certains produits commerciaux. » Ce qui génère des économies.

Occasionnellement, pour le colza, Bruno Chesneau procède à des semis simplifiés. Pour le blé, c'est semis simplifié ou semis direct, suivant le précédant. « On sème le colza à la fin du mois d'août : il y a peu de temps entre les moissons et les semis. L'enjeu : la préservation de la fraicheur de la terre afin de favoriser la levée. Or à cette époque, le sol est sec car les pluies sont rares et, plus on remue le sol en profondeur, plus on l'assèche. »

Quant à l'autre méthode, elle trouve sa justification dans la nature « difficile » de la terre : « Pour pallier à la problématique du temps de travail, on opte pour le semis direct. On utilise un semoir avec un rotavator. Celui-ci distribue le blé et l'enterre superficiellement. Derrière du maïs ou éventuellement d'autres cultures, si on utilise une horse rotative, on aura des difficultés à faire les semis correctement. En outre, la conduite de la culture du blé permet ce type d'implantation. Le résultat final est bon car il y a moins de pertes de semences au cours de la levée. »

Un investissement de 35.000 EUR

Une dizaine d'agriculteurs du secteur a un contrat avec les Établissements Maingourd. Auparavant, ceux-ci procédaient à l'enfouissement des rebuts de conserves. Or l'entreprise agroalimentaire située à La Chapelle-Saint-Mesmin s'est rendu compte que cela pouvait être valorisé autrement : ce sont des matières organiques contenant des minéraux et des oligo-éléments à libération lente. L'opérateur industriel effectue l'épandage à ses frais. « C'est un complément d'engrais. Cette matière organique aide à refaire la structure du sol. Seul inconvénient : les odeurs à proximité des habitations. En outre, dans le cadre de la directive nitrates, on a du mal à estimer les doses d'azote que cela peut libérer annuellement. » Or la commune de Chaingy est passée en zone vulnérable...

« Cela génèrera des complications supplémentaires pour calculer les doses d'engrais. On nous impose des Cipan à l'automne même si les conditions ne sont pas favorables. Or la qualité de la terre n'est pas adaptée à ce type d'interculture. Nous serons obligés de retarder les labours d'automne et d'hiver pour l'implantation des cultures de printemps. Or l'assolement évolue selon les conditions météorologiques de l'année et on ne peut pas anticiper ces changements-là. »

Notre interlocuteur possède du matériel en commun avec Dominique Letrone, un collègue de Chaingy : une moissonneuse-batteuse, une charrue, un déchaumeur, un distributeur d'engrais, etc. « Quand on moissonne ou qu'on épand l'engrais, on effectue le travail à deux. » D'où un gain de temps. « Avoir du matériel en commun aide à la rentabilité de l'exploitation. »


Lire la suite dans la version papier de notre édition du vendredi 31 janvier 2014.

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