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Cédric Benoist : «Il faut garder espoir»

La FDSEA tiendra son assemblée générale le mardi 19 avril à Amilly : son président répond à nos questions.

© Olivier Joly

Depuis la fin de l'année dernière, Cédric Benoist tient les rênes de la FDSEA. Le mardi 19 avril à Amilly, l'intéressé vivra sa première assemblée générale en tant que président de l'organisation : il répond à nos questions.

Loiret agricole et rural : Quels sont les enjeux de cette assemblée générale ?

Cédric Benoist : Nous sommes dans un contexte économique et social difficile : le but consiste à donner des perspectives aux gens.

LAR : Quelle est précisément la situation des agriculteurs du département ?

C.B. : La morosité concerne toutes les productions et la profession fait l'objet d'attaques médiatiques régulières : quand on prend une présidence de Fédération départementale, on rêve d'un peu mieux ! La PAC est de moins en moins protectrice, la baisse des prix et des Droits au paiement de base engendre des résultats négatifs chez une majorité d'exploitants. Demain, le pilotage d'une exploitation sera totalement différent. On se sent un peu dans le vide face à la volatilité, d'où sans doute l'intérêt d'un volet formatif des adhérents et d'échanges entre nous afin que nous progressions tous ensemble.

LAR : Quelles sont vos revendications ?

C.B. : Par rapport aux prix à l'instant T, au niveau local, on n'a pas de prise. En revanche, ce qui est clairement ressorti des réunions cantonales que nous avons eues cet hiver, c'est une aspiration à une simplification à la fois administrative, normative et réglementaire. Les exploitants agricoles du département en ont ras-le-bol de cette réglementation qui change, qui n'est pas lisible. Par exemple, la transformation des Systèmes d'équivalences topographiques (SET) en Surfaces à intérêt écologique (SIE). Nous avions bien travaillé sur la définition des SET : c'était quelque chose de lisible et de facile à mettre en place. Un système qu'on a totalement changé au bout de trois ans ! Et je ne vous parle pas du feuilleton des Surfaces non agricoles !

LAR : Sur les prix, qu'est-il possible de faire ?

C.B. : Au-delà des prix bruts, c'est la question de la marge de l'exploitant qui importe. C'est la compétitivité au niveau de l'exploitation (technicité, gestion des intrants, etc.) mais aussi l'efficacité économique pour la vente des produits, c'est-à-dire au niveau des filières. Beaucoup d'adhérents soulèvent la question de la gouvernance de la coopération. Cette dernière souffre d'un gros déficit de communication voire parfois de transparence au niveau de sa politique. Chaque coopérative se doit d'expliquer son projet afin que les agriculteurs sachent où on les emmène. Nous avons évidemment un travail à faire au niveau de nos charges : nous venons d'obtenir une baisse des cotisations sociales, c'est un premier pas vers une harmonisation européenne. Par contre, l'interdiction à venir des néonicotinoïdes est une aberration économique mais aussi écologique ! Nous pourrions également jeter des ponts  entre les grandes cultures et le milieu animal. Par exemple, une réflexion sur des contrats pulpes betteraviers/éleveurs pourrait être menée localement.

LAR : Les différentes mesures gouvernementales vont-elles suffisamment loin ?

C.B. : Pour les cotisations MSA, c'est toujours bon à prendre ! Mais on attend beaucoup plus. L'accès à l'année blanche doit être facilité. Par ailleurs, avant, on pouvait faire ses déclarations PAC avec son logiciel de gestion personnel. Vous étiez sur votre logiciel de gestion parcellaire et la transposition se faisait facilement. Aujourd'hui, ce n'est plus possible. Les agriculteurs sont obligés de ressaisir toutes leurs données sur TéléPac : dans les trois quarts des cas, les agriculteurs devront repayer un prestataire qui passera du temps. Cela sera encore un vrai casse-tête et engendrera un surcoût ! La compétitivité se construit par plein de mesures qui, lorsqu'elles sont mises bout à bout, forment un tout : les petites rivières font les grands fleuves !

LAR : Quel message délivrerez-vous lors de cette assemblée générale ?

C.B. : Nous n'avons jamais fait d'assemblée générale à Amilly : habituellement, nous cherchons un lieu central. Or l'Est du département se trouve à près d'une heure et demie d'Orléans : quand on y fait les réunions cantonales, on ne retrouve pas le même sentiment d'appartenance au Loiret que quand on est proche d'Orléans. Avec Thierry Rondeau, secrétaire général de la FDSEA, nous avons voulu dire ceci : qu'on soit à l'Est ou à l'Ouest, il y a un département du Loiret. Certes, celui-ci est disparate et avec des potentialités différentes. Mais notre Fédération se positionne de manière transversale tant au niveau des productions que des territoires. D'où la thématique du matin sur les zones intermédiaires. À l'Association générale des Producteurs de Blé (AGPB), un groupe d'administrateurs travaille sur ce qu'on appelle « les zones à faible potentiel » : c'est un peu le « ventre mou » de l'agriculture. On peut aussi les comparer à la classe moyenne : elle n'a droit à rien mais elle paye partout et, au bout du compte, elle est souvent oubliée ! Toutes les grandes cultures sont touchées par la crise mais on sent bien qu'il y a un gradient entre les zones où on peut diversifier avec une capacité d'irriguer et, d'un autre côté, des zones où on a des sols un peu moins faciles à gérer et un potentiel d'irrigation plus faible qui ne permet pas une grande diversification. Nous voulons mettre en place une collaboration entre les associations spécialisées nationales (AGPB, FNPL, etc.) et l'échelon régional du syndicalisme. Actuellement, nous travaillons plus particulièrement à la réintégration de l'Est du Loiret en zone intermédiaire. L'enjeu : dans le futur, pouvoir aller chercher des aides au titre du deuxième pilier de la PAC.

LAR : L'après-midi, vous proposerez une ouverture sur le monde...

C.B. : Effectivement. L'idée : montrer qu'il existe autant d'agricultures qu'il existe de pays et de zones géographiques. On essaiera de faire redresser la tête à nos gars car ils ont le moral dans les chaussettes ! Christophe Dequit nous expliquera que, malgré le marasme actuel, des enjeux alimentaires existeront demain et qu'il faut garder espoir.

LAR : En 2016 et au cours des années suivantes, quels seront les axes de votre action syndicale ?

C.B. : Notre objectif est clairement de redescendre sur le terrain. S'il y a des sujets européens et nationaux, il y a également des sujets locaux sur lesquels la FDSEA ou son responsable local peuvent agir. Par exemple : la ligne ferroviaire Orléans-Chartres. Cela peut aussi être une problématique de curage d'une rivière ou de zone d'activité qui entrave la bonne circulation des engins agricoles. Plusieurs cantons se positionneront sur la question suivante : comment aborder demain la gestion de la volatilité ? D'autres se sont penchés sur la communication au niveau local et les rapports avec les rurbains. Ce sont plein de sujets sur lesquels on a mis des moyens humains avec l'embauche d'Aurélie De Carvalho et de Carine Morin (lire par ailleurs), toutes deux ingénieurs agronomes : des têtes bien pleines mais surtout  bien faites ! Nos collaborateurs se doivent d'aller à la rencontre des adhérents, nos bureaux à Orléans ne sont pas une tour d'ivoire ! D'autre part, nous serons présents sur les foires agricoles et comices afin d'être au contact des agriculteurs du département : les réseaux sociaux, certes incontournables, ne remplaceront jamais une poignée de mains !

Carine Morin, nouvelle animatrice syndicale

Âgée de 29 ans et originaire d'Arcachon (Gironde), Carine Morin, ingénieure agronome et titulaire d'un Master of Business Administration en communication, est la nouvelle animatrice syndicale de la FDSEA. La jeune femme a démarré sa vie professionnelle en 2009 comme chargée de mission au sein d'une Organisation non gouvernementale liée à la biodiversité. Ensuite, elle a travaillé en qualité de chef de publicité dans une agence de communication bordelaise proche du monde viticole. « Mon amour pour l'agriculture ne m'a jamais quittée ! » déclare l'intéressée.

Apporter de nouveaux services

De 2012 à début avril 2016, notre interlocutrice a oeuvré aux Jeunes Agriculteurs d'Eure-et-Loir, ayant en charge l'animation syndicale et la communication.

«J'ai mis en place tous les grands évènements et j'ai assuré les relations avec la presse. J'étais garante de l'image du syndicat : réseaux sociaux, relations avec les partenaires, etc. J'ai également travaillé avec les adhérents sur le terrain et j'ai animé les échelons locaux.» Deux aspects que Carine Morin retrouvera dans ses nouvelles fonctions. «Après ces quatre années, j'ai eu besoin d'évoluer tout en continuant à défendre le métier : rester dans le syndicalisme.»

L'animatrice poursuit : «Face à la crise, les agriculteurs ne sont pas assez entendus et ils sont inquiets pour leur avenir : un combat d'hier, d'aujourd'hui et de demain. » L'ambition de Carine Morin : « Soutenir les adhérents, apporter de nouveaux services et renforcer la visibilité de la FDSEA.»

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