Arboriculture
Cerises : une campagne bien engagée pour Thierry Lanson
À Saint-Hilaire-Saint-Mesmin (Loiret), après une année 2024 difficile, la campagne des cerises semble se dérouler sous de bons auspices pour Thierry Lanson, malgré les défis croissants liés aux ravageurs et à la réglementation.
À Saint-Hilaire-Saint-Mesmin (Loiret), après une année 2024 difficile, la campagne des cerises semble se dérouler sous de bons auspices pour Thierry Lanson, malgré les défis croissants liés aux ravageurs et à la réglementation.



À Saint-Hilaire-Saint-Mesmin (Loiret), la saison de la cerise bat son plein. Pour Thierry Lanson, arboriculteur installé depuis 1986, l’année 2025 marque une respiration bienvenue après une précédente campagne compliquée.
L’exploitation familiale, transmise depuis six générations, s’étend aujourd’hui sur 70 hectares répartis entre Saint-Hilaire et Sandillon, dont 15 hectares de cerisiers, 40 de poiriers et 15 de pommiers. Comme chaque année, la récolte des cerises s’étale sur sept semaines, dont quatre très intenses en main-d’œuvre. L’arboriculteur mobilise alors jusqu’à 75 saisonniers, avec huit personnes affectées au lavage, au calibrage et au conditionnement, les autres répartis dans les rangs du verger. « Heureusement, plus de la moitié de l’équipe revient chaque année », glisse-t-il. Mais il le reconnaît sans détour : « Le recrutement est de plus en plus compliqué, on a beaucoup moins de choix qu’avant ».
Une météo enfin favorable
Après une année 2024 marquée par les pluies et des rendements très faibles, 2025 s’annonce nettement meilleure. « La cerise n’aime pas l’eau, et cette année on peut dire qu’on en a très peu eu », explique Thierry Lanson. Le mois de juin sec a permis une bonne tenue des fruits, avec une bonne récolte. « Même si ça se passe bien, ce n’est pas simple… Des fois, on ne sait pas si ça va le faire », ajoute-t-il avec prudence. Une fois récoltées, les cerises sont calibrées par taille, puis conditionnées en barquettes à destination des grandes surfaces ou des primeurs.
La pression des mouches, un défi grandissant
Mais derrière cette campagne réussie se cache une inquiétude persistante : la pression des ravageurs, en particulier la mouche de la cerise. Deux espèces sont particulièrement redoutées. La Rhagoletis cerasi, bien connue dans les vergers et présente depuis de nombreuses années, et la Drosophila suzukii, ravageur asiatique arrivé en France en 2008 et devenu un véritable fléau. « Depuis trois ans, c’est terrible. On se demande si ça ne va pas devenir insurmontable », s'inquiète l'arboriculteur.
Pour contenir sa progression, Thierry Lanson a opté pour une solution radicale. Trois hectares de ses cerisiers sont désormais protégés par des filets, qui couvrent les rangs de part en part. « C’est efficace, mais extrêmement coûteux : il faut compter 60 000 euros par hectare, entre les pieux de 5 mètres, les câbles ou encore la pose. » Son objectif est de couvrir la moitié de ses cerisiers à terme, afin d’assurer un minimum de sécurité sur la récolte. Pour le reste, les moyens sont plus aléatoires : traitements, pièges, surveillance renforcée, mais les résultats restent inconstants. Et surtout, l’arsenal phytosanitaire s’est drastiquement réduit. « On nous a enlevé des produits, mais on ne nous a pas donné de solution. C’est toujours la même chose. »
Une filière en danger
Et ce ne sont pas les seules difficultés. Sur les poiriers et les pommiers, l’arboriculteur signale aussi une recrudescence des pucerons, là encore avec peu de moyens efficaces pour réagir à temps. Cette impasse technique inquiète. « Il faut que les gens comprennent que ça peut être la fin d’une filière. D’année en année, c’est de plus en plus problématique. Il y a des vergers qu’on perd entièrement. » Dans le canton de Saint-Hilaire et à Mareau-aux-Prés, plusieurs vergers anciens ont été arrachés, dans une logique de prévention. L’objectif est clair : supprimer les foyers de mouches et éviter leur dissémination dans les vergers voisins.
Quant aux relations avec les politiques, le sentiment d’isolement est tenace. « Nous nous sentons délaissés. Nous avons peur de ne pas être écoutés », résume Thierry Lanson.
Deux poids, deux mesures
Autre source d’agacement partagée par de nombreux agriculteurs, la concurrence déloyale. Dans les rayons des supermarchés, on trouve encore des cerises importées de pays européens où l’usage de produits interdits en France reste courant. « On le dit depuis longtemps, mais c’est énervant. Quand on voit encore des fruits d’Espagne, traités avec des insecticides qu’on n’a plus le droit d’utiliser ici… ».
Pour Thierry Lanson, comme pour bien d’autres, la récente adoption de la loi Duplomb permettant de lever les entraves au métier d'agriculteur permettrait de redonner un peu d’oxygène à une profession sous pression permanente.