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Betteraves
CGB Île-de-France : des planteurs inquiets

La CGB Île-de-France a tenu son assemblée générale mercredi 3 septembre à Grandpuits-Bailly-Carrois (Seine-et-Marne) dans un contexte de fortes inquiétudes pour l’avenir de la filière, devant 150 personnes.

Grandpuits-Bailly-Carrois, mercredi 3 septembre. Une table ronde s'est tenue en seconde partie de l'assemblée générale de la CGB Île-de-France. De g. à d. : Cyrille Milard, Fabien Hamot, Alexis Hache et Hervé Durand.
Grandpuits-Bailly-Carrois, mercredi 3 septembre. Une table ronde s'est tenue en seconde partie de l'assemblée générale de la CGB Île-de-France. De g. à d. : Cyrille Milard, Fabien Hamot, Alexis Hache et Hervé Durand.
© L.G.-D. - Horizons

C’est dans un paysage betteravier seine-et-marnais qui a fortement évolué ces derniers mois, que Cyrille Milard a présidé sa première assemblée générale de la CGB (Confédération générale des planteurs de betteraves) Île-de-France mercredi 3 septembre à Grandpuits-Bailly-Carrois (Seine-et-Marne), face à des planteurs franciliens inquiets pour l’avenir de la filière betterave-sucre.

Tensions, actions, communication, manifestations, combats, entre la censure de l’article 2 de la loi Duplomb, sur toutes les lèvres, et la fermeture de la sucrerie de Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne), le rapport d’activité de l’année écoulée de la CGB Île-de-France a été riche.

Fermeture et rachat de sucreries

À la suppression des moyens de production et à un marché du sucre dégradé, s’ajoute la fermeture de la sucrerie Ouvré à Souppes-sur-Loing, la 6e fermeture d’usine en six ans en France. « La fermeture de l’usine de Souppes a été un crève-cœur pour tous, mais soulignons que Julien Ouvré va tenir ses engagements jusqu’au bout pour payer le solde dû à ses planteurs. Le partenariat avec Cristal Union a permis de sécuriser les débouchés et la continuité de la production de betteraves pour ce territoire, a souligné Cyrille Milard, qui appelle à enrayer la baisse des surfaces, redonner de la confiance, donner de la rentabilité et sécuriser les moyens de production. Stop aux distorsions de concurrence qui encouragent les importations ! Il nous faut des perspectives pour une réelle souveraineté alimentaire ».

L’année a aussi été marquée par l’achat par Cristal union de la sucrerie Lesaffre de Nangis (Seine-et-Marne). À la suite de l’avis de l’Autorité de la concurrence, rendu le 29 août dernier, qui valide cette opération de rachat sans condition, Hervé Fouassier, vice-président de Cristal Union, a tenu à rassurer les planteurs en soulignant qu’à l’issue du processus d’acquisition, « Cristal Union reviendra vers les planteurs pour présenter la coopérative et le projet : maintenir et développer la zone. Nous sommes là pour avancer ensemble ».

L'avenir de la betterave

Si au niveau international, le lobbying de la CGB a permis de réduire le contingent de sucre ukrainien de 260 000 tonnes en 2024 à 100 000 tonnes en 2025, les craintes se tournent vers l’accord du Mercosur et les négociations en cours sur l’éthanol qui peuvent déstabiliser le marché européen.

Dans un second temps, une table ronde s’interrogeant sur le thème « Quel avenir pour la culture de la betterave sucrière, regards croisés sur les perspectives techniques, juridiques et politiques », réunissait le président de l’ITB (Institut technique de la betterave), Alexis Hache, le secrétaire général de la CGB, Fabien Hamot, le délégué ministériel pour les alternatives aux produits phytopharmaceutiques dans les filières végétales, Hervé Durand, et, en vidéo, l’avocat du barreau de Paris, expert en contentieux agricoles, Timothée Dufour. Ce dernier a exposé la censure de l’article 2 par le Conseil constitutionnel et souligné les avancées de la loi Duplomb. « Il convient maintenant de proposer une loi qui réponde aux griefs. Ce n’est pas le fond qui a été sanctionné mais la forme », a-t-il rappelé.

Autre sujet abordé, le PNRI (Plan national de recherche et innovation), pour lequel « seul le terrain peut dire si des solutions marchent. La solution doit être durable : agronomiquement possible, économiquement tenable et socialement acceptable ».

L’équation reste plus facile à résoudre à plusieurs, mais seule la France travaille à la suppression des néonicotinoïdes. « Notre approche est de remettre les instituts techniques au milieu du PNRI. Ce dernier a permis de mieux comprendre les réservoirs de maladies. Des pistes semblent prometteuses mais les leviers sont insuffisants et inapplicables à l’échelle d’une exploitation. On ne vous laissera pas sans solutions en 2026 », a rassuré Hervé Durand.

« Si des solutions génétiques existent, il faut pouvoir les intégrer dans les variétés et les stabiliser. Tout cela prend du temps et nécessite un financement », a précisé Alexis Hache.

La bataille se poursuit

Concernant la loi Duplomb, « on aurait souhaité un soutien plus affirmé des industriels », a noté le représentant de la CGB alors que ces griefs entendus de multiples fois dans la plaine ont explosé lors de cette assemblée générale.

Face à l’inquiétude des planteurs pour la survie des exploitations et des outils, le président de la FRSEA Île-de-France, Samuel Vandaele, a rappelé : « On ne reculera pas ». « Le ''pas d’interdiction sans solution'' a largement été bafoué », a d’ailleurs ajouté le président de la chambre d'Agriculture de région Île-de-France, Damien Greffin.

Une note d’espoir, selon Alexis Hache, l’homologation d’une nouvelle molécule pourrait intervenir un an plus tôt, pour le printemps 2026.

Dans ce contexte d’incertitudes techniques et politiques, « la CGB en appelle au Président et au futur gouvernement de bien prendre la mesure de la situation et des engagements pris lors du Salon de l'agriculture, notamment de maintenir et développer la production française », a précisé Fabien Hamot.

« Vos représentants CGB sont engagés, autour de notre président Franck Sander, pour maintenir une filière d’excellence et pour que demain nous ne soyons pas la dernière génération à planter de la betterave en Île-de-France, a conclu Cyrille Milard. Quant à la bataille autour de la loi Duplomb, elle n’est pas terminée ».


Campagne 2025

L’Île-de-France compte 35 459 hectares et 1 450 planteurs.

En 2025, la campagne s’annonce très hétérogène en fonction de la pluviométrie estivale, de l’accès à l’irrigation et de la présence de jaunisse. Huit usines seront alimentées par des betteraves franciliennes. À Nangis (Seine-et-Marne), un dispositif expérimental transitoire se met en place pour le suivi des réceptions.

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