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Gestion
Conjoncture : résultats 2023 en baisse par rapport à 2022

La réunion de conjoncture départementale du CERFrance Champagne Nord-Est Île-de-France s’est tenue jeudi 5 octobre au Mée-sur-Seine (Seine-et-Marne).

Résultats 2023, financement de la récolte 2024 et gestion des prélèvements obligatoires étaient présentés jeudi 5 octobre au Mée-sur-Seine lors de la traditionnelle réunion de conjoncture agricole du CERFrance Champagne Nord-Est Île-de-France, en présence de nombreux représentants des organisations professionnelles agricoles.

Si l’évolution globale des charges en 2023 par rapport à 2022 est de 5 % à l’instar de l’inflation, elle s’élève à + 10 % voire plus pour les postes réparation, entretien du matériel, semences et phytosanitaires, et celui des engrais et amendements explose (+ 50 %), après avoir déjà fortement augmenté lors de la récolte 2022. Ces évolutions engendrent un surcoût du poste engrais d’environ 25 000 euros en moyenne pour les exploitations, soit à titre d’exemple 40 à 48 euros/tonne de blé.

Ainsi en 2023, l’effet ciseaux dénoncé dès 2022, avec un appel à vigilance, s’est avéré réel. Avec un rendement marqué par une forte variabilité territoriale mais aussi lié aux précédents, un chiffre d’affaires en baisse (- 438 euros par hectare environ en blé), des charges en hausse, la marge est en baisse de 821 euros/hectare en blé. Cette tendance générale est similaire pour l’ensemble des cultures sauf pour les betteraves. Toutefois, rappelons que les résultats de la récolte 2022 étaient exceptionnels.

À noter que l’assolement a peu évolué en 2023 par rapport à 2022, excepté une baisse de la sole en betterave de 18 % et un redéveloppement des protéagineux.

Résultats courants : un fossé qui se creuse entre les exploitations

Ainsi, les exploitations de polyculture du nord-Seine-et-Marne (180 hectares en moyenne) voient leur chiffre d’affaires baisser de 110 e/ha, tout en restant supérieur à la moyenne des cinq dernières années, et les charges augmenter. De ce fait, l’EBE (Excédent brut d’exploitation) chute de 40 % pour s’établir à 540 e/ha. Frais bancaires et investissements pèsent lourds sur le résultat qui s’effondre de 60 % à 280 €/ha. À noter, le fossé très important entre les quarts inférieur et supérieur des exploitations dont le revenu courant est respectivement de - 200 €/ha et 720 €/ha, soit 920 euros d’écart pour la récolte 2023.

Concernant les exploitations de polyculture du centre-Seine-et-Marne (150 hectares en moyenne), la chute du produit brut est de 400 e/ha en 2023 par rapport à 2022. Il s’établit à 2 260 ­euros/­hectare et reste supérieur à la moyenne sur cinq ans. Avec un EBE à 400 €/ha, la baisse est encore plus forte (- 410 €/ha). Au final, le résultat courant est proche de 2018-1019 à 160 €/ha sur la récolte 2023 avec une fourchette allant de - 150 €/ha à 320 €/­ha entre les quarts inférieurs et supérieurs.

Contrairement aux années antérieures, les résultats s’annoncent meilleurs dans le sud-Seine-et-Marne (SAU moyenne de 160 hectares) que dans le centre du département. La baisse des produits est moindre, tout comme la trésorerie. Ainsi, le produit brut, l’EBE et le résultat courant s’établissent respectivement à 1 950, 480 et 230 €/ha.

Enfin, en système betteravier, le produit brut baisse de 240 €/ha mais reste élevé (2 670 €/ha), l’EBE est réduit de moitié à 600 e/ha et le résultat divisé par trois ou quatre à 280 €/ha. Si les résultats courants présentent un écart important, le solde disponible est positif pour tous.

Difficultés de gestion des DEP et prélèvements obligatoires

Dans ce contexte de forte volatilité des résultats d’une année sur l’autre, la principale difficulté réside dans la gestion des DEP (Déduction pour épargne de précaution) et des prélèvements obligatoires, difficulté accentuée avec l’instauration du prélèvement à la source. Le décalage est encore plus marqué pour les exploitations clôturant au 30 juin. Ainsi, les bons résultats de la récolte 2022 vont nécessiter de la trésorerie jusqu’en août 2025. Il en est de même pour la MSA avec la moyenne triennale (70 % des exploitations franciliennes).

De plus, au niveau des DEP, attention à anticiper la réintégration dans les années qui viennent, alors que cet outil est utilisé de manière importante depuis deux ans. Cet outil de lissage permettant de provisionner les « bonnes » années de l’argent, du fourrage, du cheptel… est basé sur une réintégration obligatoire dans les dix ans de la déduction.

Maîtriser le coût de revient et de production

Enfin, un point rapide sur les résultats en agriculture biologique et la Pac a été fait. 85 % des exploitations adhérentes au CERFrance en Seine-et-Marne entrent dans l’éco-régime supérieur — seuls 2 % sont sans rien —, 94 % d’entre elles ayant opté pour la voie des pratiques.

« 2023 est marquée par une baisse significative des EBE et résultats. Nous avions alerté sur le risque d’effet ciseaux, d’où l’intérêt de maîtriser le coût de revient et de production. Il est également important de garder sa stratégie personnelle et ses choix pour son exploitation », a conclu le président départemental Charles-Auguste Benoist.

Focus sur les prix de l’engrais en 2024

Le pas de temps de la trésorerie et celui de la comptabilité étant différents, le poste engrais, discriminant pour la récolte 2023, est allégé pour les mises en culture 2024 (- 65 % pour l’azote liquide, - 48 % pour le phosphore et la potasse, - 58 % pour l’azote solide, soit - 36 à - 43 euros/tonne en blé sur le poste engrais), d’où un sentiment de trésorerie satisfaisante en sortie moisson. Malgré la baisse du chiffre d’affaires, les exploitants ont tendance à se dire que la trésorerie n’est pas mauvaise avec la baisse du coût de mise en culture. Mais attention aux prélèvements obligatoires.

Concernant les phytosanitaires, la Redevance pour pollutions diffuses (RPD) va prendre une forte hausse au 1er janvier 2024.

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