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Betteraves
Des rendements encourageants malgré les incertitudes pour la filière betteravière

La campagne betteravière s’ouvre sous de bons auspices dans le secteur de Pithiviers-Toury. Si les premiers arrachages confirment des rendements globalement corrects, la filière reste vigilante face aux menaces sanitaires et aux enjeux économiques. Hervé Fouassier, président des sections locales de Cristal Union, dresse un état des lieux factuel et met en avant les priorités du moment.

Les premiers arrachages de betteraves confirment des rendements globalement corrects, malgré des disparités liées aux conditions locales et à la jaunisse.
Les premiers arrachages de betteraves confirment des rendements globalement corrects, malgré des disparités liées aux conditions locales et à la jaunisse.
© F.J. - Horizons

Les premiers résultats de la campagne betteravière sont jugés encourageants. À l’usine de Corbeilles, les apports atteignent déjà en moyenne 80 tonnes à 16°, un peu moins à Pithiviers, où la proportion de betteraves irriguées est plus faible. « C’est encourageant pour la suite de la campagne », résume le président des sections de Cristal Union Pithiviers-Toury (Loiret/Eure-et-Loir), Hervé Fouassier. Plusieurs facteurs expliquent ces bons niveaux : des semis précoces, un printemps favorable à une phase végétative plus longue, le relais de l’irrigation qui a permis de préserver le potentiel de la culture, ainsi que des pluies orageuses en août. La cercosporiose est restée relativement maîtrisée grâce à la réactivité des coopérateurs et au modèle d’aide à la décision Cerco OAD, tandis que les variétés plus tolérantes progressent.

La pression de la jaunisse toujours problématique

Toutefois, ces moyennes masquent des écarts importants liés aux conditions locales. La pluviométrie et la pression de la jaunisse expliquent ces disparités. « Les premiers symptômes sont apparus début juillet. Malgré trois à quatre passages d’insecticides, nous n’avons pas réussi à protéger efficacement toutes les parcelles », constate Hervé Fouassier. Les conséquences sur les rendements finaux restent difficiles à mesurer, mais elles seront bien réelles dans les zones les plus touchées.

Depuis la fin des néonicotinoïdes, la lutte contre les pucerons vecteurs de la jaunisse reste insuffisante. En 2020, les pertes sur les variétés sensibles pouvaient atteindre 50 %. Après cinq ans de sélection, les essais inoculés montrent désormais une perte moyenne de 25 %. « Ce n’est pas encore acceptable, mais on voit que la sélection progresse », souligne Hervé Fouassier. Le responsable pointe toutefois la distorsion de concurrence persistante : « Il suffit d’aller en Allemagne, en Belgique ou en Pologne pour constater des champs bien verts, protégés efficacement. Chez nous, nous devons faire face à une telle pression avec moins d’outils ».

Pour 2026, la filière reste mobilisée afin d’obtenir une dérogation pour trois passages de Movento, en complément de Teppeki, ainsi qu’une pré-homologation de l’Axalion, un nouvel insecticide. Le travail se poursuit aussi sur l’enrobage des semences. La molécule flupyradifurone, non classée néonicotinoïde mais proche de cette famille, est évoquée comme une solution innovante. Elle protégerait les betteraves jusqu’au stade quatre feuilles, la phase la plus critique. « Tous nos voisins européens y auront accès. Pour nous, ce serait l’outil le plus efficace », insiste Hervé Fouassier.

Compétitivité et prix de campagne

Sur le plan économique, la rentabilité reste au cœur des préoccupations. « Il est encore un peu tôt pour parler de prix, mais notre objectif est d’assurer un niveau de rémunération à la hauteur de l’engagement financier, technique et humain que demande la betterave », affirme le président des sections Pithiviers-Toury. La valorisation économique s’établirait autour de 30 euros/tonne, mais la caisse de péréquation, abondée depuis deux ans, permet de viser les 35 euros. Le chiffre définitif sera connu en fin de campagne.

Organisation des chantiers

Dans un contexte de marché mondial moins favorable que l’an dernier, avec une baisse des prix du sucre, la compétitivité passe par la maîtrise des coûts. L’usine de Corbeilles (Loiret), par exemple, réduira sa consommation énergétique de plus de 20 %. Parallèlement, la campagne d’arrachage et de réception s’allonge : du 15 septembre au 15 janvier, soit 120 jours à Corbeilles et Pithiviers. « C’est majeur pour écraser les frais fixes et gagner en compétitivité », analyse Hervé Fouassier.

Le recours au bâchage mutualisé et mécanisé permet de sécuriser la conservation des racines tout en limitant les contraintes sur les exploitations. « Une campagne longue, ce n’est pas un arrachage plus tardif, mais un bâchage indispensable », rappelle Hervé Fouassier. Dans la région, l’objectif est de terminer les arrachages avant le 15 novembre, sauf sur terres très faciles, afin d’assurer une bonne conservation des tas jusqu’au 15 janvier.

Maintenir la filière sur la durée

Pour les planteurs, la réussite de la campagne passe par un équilibre entre volumes, protection des cultures et prix rémunérateurs. « Le rendement est la première brique de la rentabilité, mais il faut aussi garantir aux usines des volumes suffisants pour amortir leurs frais fixes », résume Hervé Fouassier. L’enjeu reste de maintenir une filière fragilisée par la pression sanitaire et la concurrence européenne.

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