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Diversification
En Eure-et-Loir, du houblon bio produit par la ferme de Louasville

Une plantation de houblon est apparue l'automne dernier sur la ferme de Séverine et Rodolphe Pichard à Theuville. La première récolte, précoce, a débuté fin août et s'étendra jusqu'à mi-septembre.

Séverine et Rodolphe Pichard ne font rien comme les autres. Installés sur leur ferme de Louasville à Theuville, on leur doit déjà l'introduction de la culture de la patate douce en Eure-et-Loir. Aujourd'hui ils se lancent dans la production de houblon et ont donc lancé la marque Houblon de Beauce by Louasville.

Beaucoup de travail

Et ce n'est pas une mince affaire… D'abord le houblon est une plante pérenne. Une bonne implantation est donc primordiale pour s'assurer de rendements sur le long terme. Et comme elle pousse en s'enroulant autour d'une corde, il faut commencer par installer des poteaux et tendre des câbles en haut de ceux-ci. Sur les trois hectares de la plantation, il y en a plus de trois cents…

« L'installation représente un gros budget, reconnaît Séverine Pichard. C'est un investissement qui se rentabilise sur dix ans. Ce sont des professionnels qui l'ont réalisée, de notre côté nous avons fait ce qui était à notre portée et réduit le facture de 15 000 euros. Pour être rentable en bio, une houblonnière doit faire au moins 2 hectares. Le houblon fournira la brasserie (voir encadré), le reste sera vendu plus loin. À terme le rendement devrait être d'environ 5 tonnes de pellets ».

La plantation des quelques 8 700 plants de houblon s'est déroulée en octobre, avant les pluies. « Ça nous a pris une semaine à huit, tout à la main, se souvient-t-elle. Nous avons été bien contents de voir les jets partir après l'hiver, preuve que l'implantation était réussie ».

L'étape suivante, en mars, consiste donc a installer les cordes, une par plant, sur lesquelles seront conduits les jets. Quatre sont sélectionnés par plant, pour qu'ils s'y enroulent. « Nous avons appris à faire des nœuds, s'amuse l'exploitante. Le houblon monte tout seul mais il faut lui montrer le chemin. Et l'an prochain nous ajouterons une seconde corde ».

Le travail sur la houblonnière ne s'arrête pas là. Comme pour nombre d'autres cultures, il convient de désherber soigneusement, les rangs ont été espacés en conséquence et il faut les butter deux fois. De plus, chaque jet est défolié sur quelques dizaines de centimètres pour éviter l'arrivée de maladies et parasites. Cet opération sera faite thermiquement dès la prochaine saison. Enfin, l'irrigation est assurée par un système de goutte à goutte enterré…

Quatre ans de patience

Il ne reste qu'à attendre la récolte des cônes. Elle nécessite du matériel spécial, acheté d'occasion. « Le pari ne sera gagné que dans quatre ans, quand la houblonnière sera bien installée avec une production digne de ce nom et des ventes ».

À la récolte, une fois les jets coupés à la base et décrochés des cordes, une cueilleuse sépare les cônes qui sont mis à sécher sur des claies dans un séchoir puis pressés et conditionnés en big-bag. La dernière étape, assurée par un prestataire du sud de la France*, consiste à transformer cette matière première en pellets.

« Il semble se plaire »

« Normalement, on ne récolte pas la première année, précise Séverine Pichard. Là, nous devrions obtenir tout de même 30 % de la production normale. D'ailleurs, la première variété récoltée est plutôt prometteuse. C'est bien pour une première année… »

Pour Rodolphe Pichard : « en tous cas, il semble se plaire dans notre terroir. Nous ne nous sommes pas trompés sur les variétés sélectionnées ».

*L'association des Houblons de terroir, dont ils sont adhérents

Quatre variétés

Les exploitants ont choisi quatre variétés de houblon : cascade, nugget, barbe rouge et aramis. Ces deux dernières sont alsaciennes, protégées, avec l'objectif de développer des variétés françaises…

 

Genèse d'un projet

«Mon mari y avait pensé il y a quelques années, mais sans suite. Notre objectif a toujours été de faire de nouvelles cultures. Pour se libérer de la Pac et comme nous n'avons pas les moyens de nous agrandir, il faut engendrer de la valeur ajoutée sur nos terres. Nous avons trouvé la patate douce en 2017 et maintenant ça tourne, nous maîtrisons la conservation et ça nous a permis de créer un emploi et demi.
Le projet houblon a été lancé en 2019. Entre l'acquisition du matériel, la formation, les délais de livraison allongés par la crise sanitaire, il a pris un peu de retard… Par ailleurs, de mon côté, dans mon travail de gestion et conseil, j'ai rencontré Damien Dorison qui avait un projet de monter quelque chose d'éthique, ancré sur le territoire et il a pensé à une micro-brasserie. ZZBeers a été créée en 2020. L'idée est de n'avoir pratiquement que des ingrédients locaux et bio pour nos bières. Nous fournissons l'orge et le houblon », détaille Séverine Pichard qui s'est associée à ce projet.

 

Voir aussi notre article Une première récolte de houblon menée tambour battant à Theuville

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