HMUC : la mobilisation fait plier l’État
Après plusieurs jours de tension et la menace d’un blocage autoroutier, les Jeunes agriculteurs du Centre-Val de Loire ont obtenu le report des études HMUC et la prise en compte des impacts socio-économiques. Une première victoire syndicale dans le dossier explosif de la gestion de l’eau.
Après plusieurs jours de tension et la menace d’un blocage autoroutier, les Jeunes agriculteurs du Centre-Val de Loire ont obtenu le report des études HMUC et la prise en compte des impacts socio-économiques. Une première victoire syndicale dans le dossier explosif de la gestion de l’eau.
Le climat s’était tendu depuis des semaines. Dans le bassin Loire-Bretagne, les Jeunes agriculteurs, épaulés par la FNSEA et les chambres d’Agriculture, dénonçaient la mise en œuvre des études HMUC (Hydrologie, milieux, usages et climat), censées redéfinir les volumes d’eau prélevables pour l’irrigation.
Un cri d’alarme venu du terrain
Ces travaux, menés par les services de l’État et l’Agence de l’eau Loire-Bretagne, sont jugés déconnectés des réalités agricoles et conduisent à réduire drastiquement l’accès à l’eau pour de nombreuses exploitations. « Si rien n’est fait, le plus grand plan social de l’agriculture régionale aura lieu », alertait dès le 26 octobre le président de JA Centre-Val de Loire, Clément Carteron.
Mobilisations massives et un État accusé de surdité
Le 24 octobre, la tension monte d’un cran. Dans la Vienne, des centaines d’agriculteurs se rassemblent devant le Futuroscope et sur les rocades de Poitiers pour défendre leur droit à produire. La mobilisation, pacifique et déclarée, est dispersée par les CRS — un épisode que les syndicats décrivent comme un « refus de dialogue et une provocation inutile ».
En réaction, les Jeunes agriculteurs du Centre-Val de Loire annoncent une action d’ampleur : le blocage des autoroutes A10 et A71 pendant le week-end de la Toussaint. Une décision soutenue par les autres régions JA ainsi que d'autres syndicats agricoles tels que la FNSEA et les associations d’irrigants. L’objectif est clair : obtenir la suspension des études HMUC et le respect du cadre légal, notamment la loi Duplomb, qui impose la prise en compte des impacts économiques et sociaux dans la fixation des volumes d’eau.
Le tournant du 29 octobre : une réunion décisive
Répondant aux multiples sollicitations des forces agricoles de la Vienne, la préfète coordinatrice du bassin Loire-Bretagne, Sophie Brocas, a reçu mercredi 29 octobre à Orléans (Loiret) une délégation de la profession de la région Centre-Val de Loire, composée notamment de représentants de JA, de la FNSEA, des chambres d’Agriculture et des associations d’irrigants. Après plus de quatre heures d’échanges, un compromis a été trouvé.
Parmi les principaux engagements de l’État : le report de la fixation des volumes prélevables jusqu’à la réalisation d’études d’impact socio-économiques complètes, la suspension de l’adoption des études HMUC pour une durée d’au moins six mois ; la création d’un comité de suivi paritaire entre l’État et les représentants agricoles ; un engagement à définir des plans d’action pour sécuriser l’accès à l’eau (stockage, recharge des nappes et réutilisation des eaux usées entre autres).
La préfète a également promis de saisir les ministères de l’Agriculture et de l’Environnement afin de clarifier, par instruction nationale, le contenu des futures études d’impact.
« Notre attachement à notre métier et à nos moyens de production a été reconnu. Ce front commun a permis d’avancer. C’est une grande avancée pour les agriculteurs du bassin Loire-Bretagne », salue Clément Carteron, qui a annoncé la suspension du mouvement tout en appelant à rester vigilants.
Une victoire syndicale et un signal fort
Cette séquence marque une nette victoire syndicale. « En quelques jours, une mobilisation régionale, nourrie par une colère de terrain, a forcé l’administration à reporter une réforme technique mal acceptée et à rouvrir le dialogue. Le report des études HMUC et la reconnaissance du rôle des études socio-économiques constituent une première brèche dans la verticalité du processus décisionnel sur l’eau. Mais pour les JA, l’épreuve n’est pas terminée : "Il faut maintenant que les paroles se traduisent en actes. L’eau est et restera indispensable pour produire et nourrir la France", conclut leur président.
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