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[Innovation] Cultiver l’oignon en agriculture de conservation

Produire des oignons de plein champ de qualité, compétitifs, tout en préservant la sécurité alimentaire et l’environnement, tels sont les objectifs du PEI Agrognon.

Le 28 août, à Rouvres-Saint-Jean. Les associés Gilles Desforges, Dorian et Alain Sagot (de g. à dr.) font partie du projet Agrognon et testent l'agriculture de conservation pour la culture d'oignons de plein champ.
Le 28 août, à Rouvres-Saint-Jean. Les associés Gilles Desforges, Dorian et Alain Sagot (de g. à dr.) font partie du projet Agrognon et testent l'agriculture de conservation pour la culture d'oignons de plein champ.
© Doriane Mantez

Parmi les 300 groupes opérationnels français engagés dans un Partenariat européen pour l’innovation (PEI)*, on trouve le projet loirétain Agrognon.

Animé par la coopérative BCO (Beauce Champagne oignons), Agrognon réunit tous les acteurs de la filière oignon de plein champ autour de l’agriculture de conservation axée sur la gestion de la couverture du sol par le semis direct, qui vise à utiliser intensivement les couverts végétaux pour la gestion de l’eau, l’amélioration de la structure du sol et la réussite de la culture en plein champ.

Ainsi, neuf agriculteurs loirétains, entourés de la BCO, de la chambre d’Agriculture du Loiret, d'Axéréal, des associations Hommes et territoires et Pour une agriculture du vivant, de l’École supérieure d'agricultures d’Angers, de Système U et de Cristal Union, se sont engagés, sur minimum trois ans, à faire trois parcelles d’oignons en agriculture de conservation.

« L’idée, c’est que chaque agriculteur coupe plusieurs parcelles en deux, avec d’un côté une cultivée de façon habituelle et l’autre qu’il conduit en cultures sous couverts afin de pouvoir avoir de vrais éléments de comparaison », explique Laurent Lejars de la chambre d'Agriculture du Loiret et animateur de ce groupe de travail.

L’origine de la réflexion date d’il y a quatre-cinq ans, lorsque la BCO s’est rendue compte qu’il y avait très peu de différence de pratiques culturales entre ses adhérents, mais que les rendements, eux, pouvaient varier de 10 à 80 tonnes.

« Notre système marchait très bien jusqu’aux années 80 et cela a nourri tout le monde. Mais là nous sommes arrivés au bout du système, assure Alain Sagot, agriculteur engagé dans le projet et vice-président de la BCO. Il faut réfléchir différemment pour arriver à retrouver un sol vivant. Ça passera par moins de tracteur mais beaucoup plus d’observation de ses sols. À nous de revenir à notre métier d’agriculteur, d’agronome ».

Pour le conseiller chambre : « Si on utilise moins de phytosanitaires, que la plante se développe de façon stable, on peut espérer que le produit soit de meilleure qualité. C’est un réel enjeu pour le producteur et la filière, mais aussi un effort qui, à juste titre, peut engendrer une valorisation du prix ».

Pour cette année 2020, la société Savelorge à Rouvres-Saint-Jean (Loiret) — assolement de 460 ha commun à trois associés : Alain Sagot, son fils Dorian, et leur voisin Gilles Desforges — a testé une parcelle d’oignons de 1 ha sans labour, mais pas encore en semis direct.

Ils ont ainsi commencé avec un mélange surnommé Trognon : à base de 75 % de vesce, 20 % de moutarde, 5 % de phacélie, avec 3 t/MS/ha.

La première récolte semble bonne, avec un état sanitaire correct, même s’il y a quelques pieds en moins… «

Comme ce n’est que la première année, le mulch n’est pas encore formé et il n’y a pas plus de matières organiques. Ce qui fait que les apports en irrigation sont identiques à la parcelle labourée », explique l’agriculteur, qui envisage à l'avenir d’économiser un, voire même deux tours d’eau au moment de la levée.

Les agriculteurs ont tout de même déjà constaté des changements : le champ est plus propre, les cultures lèvent mieux, la structure du sol apporte plus de nutritifs, stocke mieux l’eau.

Reste à voir si la qualité organoleptique et la conservation sont meilleures. « Au bout d’un an, on voit déjà les vers de terre revenir, le taux d’humidité augmenter… La transition va être longue, mais intéressante, à nous de continuer à apprendre », conclut Alain Sagot.

Ne comptant pas s’arrêter aux oignons, les associés convertissent progressivement l’intégralité de la ferme en agriculture de conservation. « Avec le PEI, nous avons la chance de pouvoir tester de nouveaux outils, désherbage, implantation, comme un semoir monograine pour passer sur des rangs de 50 cm au lieu de 28 ».

Laurent Lejars rappelle : « Subventionné par la Région Centre-Val de Loire et l’Europe, ce projet permet de voir les freins et les atouts de cette technique, mais aussi de travailler sur un argumentaire pour avancer, ensemble, producteurs, acteurs de la filière, mais aussi grand public et politiques ».

En plus de gagner en compétences techniques, c’est tout un nouveau mode de production durable qui va se mettre en place, avec l’idée d’une démarche commerciale innovante et rémunératrice, sur le même principe que « C’est qui le Patron ? ! ».

Selon lui, « il faut que ce soit gagnant-gagnant. Ce qui implique que l’acheteur comprenne et soit d’accord pour ajouter un prix rémunérateur ».

Un projet qui avance bon train, avec de nombreux paramètres à gérer tant au niveau de la partie agronomique qu’économique, qualitative ou encore au niveau du conditionnement, de l'étiquetage, de la distribution, ou encore de la communication…

*Le PEI est une initiative européenne qui permet de mettre en lien des acteurs issus de différents secteurs (scientifiques, agriculteurs, entreprises, collectivités, associations) afin de répondre à des problématiques agricoles. Ces projets « multi-acteurs » ont tous un même objectif : faciliter le transfert d’innovations et de connaissances entre les pays, afin de favoriser la transition agroécologique à l’échelle de l’Europe.

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