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Jaunisse et irrigation : les préoccupations des betteraviers réunis en AG avec la CGB CVL

La CGB Centre-Val de Loire s’est réunie en assemblée générale le 16 mai à Mareau-aux-Bois (Loiret). Les conséquences de l’arrêt des néonicotinoïdes et l’importance de l’irrigation pour la production betteravière ont été au centre des échanges.

Alors que l’arrêt de la dérogation pour l’utilisation de semences enrobées aux néonicotinoïdes a ébranlé le milieu betteravier français, le rendement régional de la dernière campagne s’avère plutôt bon, atteignant les 82 tonnes à 16 °, ce malgré la sécheresse de l’été dernier. « Un rendement qui cache de grosses disparités notamment entre irrigants et non-irrigants, nuance Alexandre Pelé, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) de Centre-Val de Loire. Nous parvenons tout de même à une moyenne régionale dans le top 3 des rendements nationaux de 2022, grâce à l’irrigation ».

Baisse des surfaces

Malgré cette bonne campagne, 2023 est marquée par une baisse des surfaces betteravières de l'ordre de 15 % dans la région, dont 5 % induits directement par la décision prise par la Cour de justice européenne en début d’année. Réunie en assemblée générale le 16 mai à Mareau-aux-Bois (Loiret), la CGB Centre-Val de Loire a tenu à faire un point d'étape sur les modalités possibles du Plan de soutien, annoncé par le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau. Un travail de longue haleine qui mobilise la CGB. La confédération betteravière a poursuivi cette rencontre par deux interventions portées sur l’irrigation et ses enjeux.

En parallèle de l’annonce gouvernementale interdisant la prolongation de la dérogation d’utilisation des semences enrobées en néonicotinoïdes, le ministre de l’Agriculture s’est engagé à la mise en place d’un Plan de soutien afin d’indemniser au plus juste les planteurs victimes de la jaunisse. Afin d’être au cœur des conditions et modalités de ce Plan, la CGB participe au groupe de travail, réunissant les représentants de l'État et les représentants de la filière. « Nous travaillons actuellement à la mise en place d’un dispositif qui doit être approuvé par la Commission européenne, puis par l'État français », explique Alexandre Pelé.

Dédommager les planteurs

Même si l'indemnisation n'était pas l'objectif premier de la CGB mais plutôt la prolongation de la dérogation de l’utilisation des néonicotinoïdes, « rien d'autre ne pouvait être mis en œuvre en 2023 en termes de protection », déplore Nicolas Rialland, directeur général de la CGB. La confédération betteravière a donc fait plusieurs propositions au gouvernement afin de dédommager le plus justement les planteurs. « Nous avons soumis l’idée de maintenir les essais de semences enrobées sur les betteraves et de les comparer avec des betteraves sans traitement à base de néonicotinoïdes, détaille Alexandre Pelé. Mais cette proposition a été refusée par le ministère. Ce qui ne sera pas sans complexifier la tâche d’identification de pertes dues à la jaunisse et seulement à la jaunisse ».

En attendant, la vigilance est de mise sur la présence des pucerons verts dans les parcelles afin de limiter tant que possible leur prolifération, les moyens de protection étant limités.

Eau : enjeu majeur

Avec la protection des plantes, la disponibilité en eau pour les cultures est un enjeu majeur de la production agricole. Les résultats de la campagne betteravière de 2022 en sont une nouvelle fois une parfaite illustration : avec 62 t/ha en moyenne pour les parcelles non-irriguées, le rendement moyen des betteraves irriguées dépasse les 84 t/ha.

Si l’irrigation s’est développée dès les années 1960 dans la région, notamment sur la betterave sucrière, elle a participé à l’augmentation et à la régularité des rendements. Elle a aussi sécurisé l’industrie sucrière de la région, en permettant de s’assurer un volume prévisible de betteraves chaque année. Aujourd’hui 91 % des surfaces betteravières de la région sont irrigables, en grande partie à partir de la nappe de Beauce. Aussi, Paul Tauvel, ingénieur à l’Institut technique de la betterave (ITB), a pu montrer les apports de l’irrigation dans différents contextes climatiques. L’institut travaille aujourd’hui à évaluer et optimiser les stratégies d’irrigation sur betterave.

Adaptations essentielles

Après ce volet technique, Sébastien Méry, président de la FNSEA 45 et membre du bureau d’Irrigants de France, a rappelé la place de l’irrigation en France : seules 6,8 % des surfaces agricoles sont irriguées. Selon les chiffres*, la région Centre-Val de Loire se compose de 15 % de surfaces irriguées, soit plus de 350 000 hectares. « En vingt ans, l’irrigation agricole française a augmenté de 30 % son efficience, déclare-t-il. Nous produisons donc 30 % de matière agricole en plus par rapport à un même volume d’eau »*.

En ce qui concerne le changement climatique, « l’adaptation de l’agriculture et l’irrigation sont essentiels. Face aux intenses épisodes de sécheresse, certains craignent une pénurie d’eau qui, pour le moment, touche principalement des zones proches de la Méditerranée ». Selon les scénarios, en France d’ici 2035, la baisse des précipitations pourrait être de 4 à 11 % en période estivale. Cependant une hausse des précipitations hivernales allant de 8 à 16 % compenserait cette diminution. « Si ces scénarios se révèlent corrects, la France ne manquera pas de ressource en eau, rassure Sébastien Méry. Il faudra tout de même que le pays s’inscrive dans une démarche d’anticipation, de prise de conscience et être source de solutions ».

Facteur de production

Aussi, les atouts de l’irrigation doivent être reconnus à leur juste valeur : en sécurisant la production, l’irrigation répond à des enjeux économiques mais aussi sociétaux et environnementaux. Et Alexandre Pelé de conclure : « L’irrigation est un facteur de production indispensable au maintien du potentiel betteravier en Centre-Val de Loire ».


*L’exposé de Sébastien Méry se base sur des données Agreste et sur les résultats du recensement agricole lancé en 2020.

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