Interview Frédéric Bouix
« J’avais une ambition, une vraie motivation »
Frédéric Bouix, président de la FFE depuis le 19 décembre 2024, revient sur son élection et aborde les projets à venir pour la fédération qu’il compte porter en tant que président.
Frédéric Bouix, président de la FFE depuis le 19 décembre 2024, revient sur son élection et aborde les projets à venir pour la fédération qu’il compte porter en tant que président.

Pouvez-vous, vous présenter ? Quel est votre parcours et votre relation avec le monde équestre ?
Frédéric Bouix : J’ai 47 ans et je suis lié au monde équestre depuis de très nombreuses années. Ma relation avec le monde équestre est née lorsque j’ai commencé à pratiquer l’équitation dès mon plus jeune âge. Par la suite, j’ai été guide de tourisme équestre et enseignant d’équitation. J’ai occupé différentes fonctions au sein de la FFE, dont un peu plus de douze ans en tant que directeur délégué général durant la présidence de Serge Lecomte. La fonction de directeur délégué général, c’est une fonction à la fois de direction de la Fédération et aussi une fonction politique pour accompagner nos élus. J’ai eu, entre autres, la charge du dossier TVA pendant une douzaine d’années, avec une issue favorable en 2024, pour retrouver un taux réduit de TVA pour nos établissements équestres. Et puis, bien sûr, des sujets liés au développement de la pratique, dans les 9 000 établissements et centres équestres que la Fédération accompagne, avec effectivement un travail d’influence auprès des pouvoirs publics pour que le cheval ait une image toujours positive.
Comment s'est déroulée votre campagne électorale ?
Au départ, j’ai appris que la campagne électorale débutait avec deux listes. La première des deux a été invalidée par la commission chargée de l’opération de vote, parce qu’elle ne répondait pas aux critères de nos statuts. Mais j’ai fait la campagne comme s’il y avait plusieurs listes. Avant tout parce que j’avais un projet pour la FFE. Il fallait aussi montrer le projet politique que je souhaitais porter avec eux. Aujourd’hui, après six mois, on peut voir que le projet porté correspond aux attentes des dirigeants d’établissements équestres, pour une très grande majorité.
Pourquoi avoir décidé de reprendre la présidence de la FFE à la suite de Serge Lecomte ?
J’avais une ambition, une vraie motivation. Ce type de poste, dans la durée, c’est un engagement de tous les jours, bien au-delà d’une relation contractuelle. Je voulais donner une autre forme à cet engagement. Il y avait aussi une volonté de continuité, pas d’héritage, mais pouvoir poursuivre certains chantiers qui ont été lancés et qui nécessitent du temps. Rien ne se construit sans temps. Et j’ai été soutenu par la quasi-totalité du conseil d’administration sortant. Donc c’est devenu quelque chose d’assez naturel à l’été dernier.
Quels sont les principaux défis de la FFE et les priorités que vous avez fixées ?
Pour ma part, j’ai souhaité mettre l’accent, dès le début de mandat, sur l’accompagnement des territoires. Je pense notamment aux comités régionaux et départementaux, qui sont des relais essentiels sur le terrain. C’était d’ailleurs un engagement fort de ma campagne d’être au plus proche des territoires et enlever cette image trop verticale de la FFE. À l’issue des élections territoriales de mars, nous avons réuni l’ensemble des structures autour d’un projet fédéral commun. L’objectif final, évidemment, c’est le développement de plus de pratiquants, de meilleures conditions dans les établissements équestres et un écosystème professionnel plus solide. On a de véritables enjeux devant nous.
En dehors du sportif, l’agriculture a une place très importante dans votre vision ?
Oui, c’est vraiment un fil conducteur. Parce que l’un ne peut pas aller sans l’autre. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que l’équitation repose sur un modèle très particulier dans le monde sportif. Là où d’autres sports s’appuient sur des équipements publics et des bénévoles, notre discipline repose sur l’activité économique d’exploitants agricoles, qui gèrent leurs propres installations, leurs chevaux, leur personnel. Le cheval est un être vivant, présent dans les établissements 365 jours par an. Ce fonctionnement implique une gestion permanente, une logistique lourde et un rapport direct au foncier, aux ressources agricoles… Ce n’est pas un hasard si, en 2005, le monde équestre a obtenu la reconnaissance officielle de statut agricole. Et donc, la FFE doit aussi fonctionner comme un acteur de cette filière agricole. On ne peut pas ignorer ni même minimiser cette dimension agricole. On la revendique. C’est ce qui fait aussi que le cheval a un statut spécifique d'animal de rente. C'est très important à nos yeux.
Quels sont les objectifs de la FFE à long terme ?
Il y a déjà des projets lancés, comme le centre de séminaire avec un restaurant et la clinique vétérinaire. L’idée, c’est aussi de répondre à un désert vétérinaire dans la région Centre. Le permis de construire est déposé. On espère commencer les travaux au cours de l’hiver. Le projet suivant, ce sera la rénovation de tous nos hébergements collectifs. Mais c’est un projet ambitieux et coûteux. On attendra la fin des chantiers actuels pour le lancer, donc, ce sera probablement pour 2026.
Le véritable enjeu aujourd’hui, ce sont aussi les désengagements des collectivités dans l’organisation des compétitions. Cela va nécessiter à la FFE d’accompagner autant qu’elle le pourra, non pas financièrement, les organisateurs à modifier les modèles économiques et aller chercher d’autres sources de financement, notamment dans le privé. C'est dans ce cadre qu’on a créé un fonds de dotation qui s’appelle Équi-action. Il a vocation à développer le mécénat privé, pour accompagner les activités équestres. On ne peut plus compter uniquement sur le financement public. Le retrait de 40 millions d’euros du Pass’sport, annoncé récemment, ne fait que confirmer cette tendance.