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Syndicalisme
JA 28 : on prend les mêmes et on continue

Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir s'est réuni en assemblée générale le 16 février au siège chartrain du Cerfrance alliance Centre. Ses travaux devaient conduire à l'élection d'un nouveau conseil d'administration, mais le processus n'a pas pu aller à son terme.

Aucune fumée blanche au-dessus du siège chartrain du Cerfrance alliance Centre, qui accueillait, vendredi 16 février dans ses locaux, l'assemblée générale du syndicat Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir. De fait, ces travaux auraient dû conduire à l'élection d'un nouveau conseil d'administration et d'un nouveau bureau qui se serait choisi un président… L'actuel, Guillaume Chenu, va donc devoir patienter avant de pouvoir transmettre le relais.

Problème de statut

Il explique : « Ce matin, lors de notre AG élective à huis clos, au moment du vote, nous nous sommes rendu compte d'un problème de statut d'un élu dans son canton. Il n'était plus éligible… Nous sommes donc obligés de refaire cette élection. Nous préférons attendre et faire les choses en bonne et due forme pour respecter nos clauses ». Compte tenu des délais qui s'appliquent pour organiser un tel vote, le processus pourrait prendre quelques semaines.

Cette petite péripétie n'empêche évidemment pas le syndicat de dérouler les travaux de son assemblée générale qui se déroule dans une salle pleine comme un œuf. Guillaume Chenu revient sur l'intense activité de Jeunes agriculteurs au cours de l'année passée et dresse ce constat : « Nous avons connu une hausse exceptionnelle des prix des fournitures et des prix de vente au plus bas, nombreux sont ceux qui se retrouvent en difficulté. C'est le reflet de l'effet ciseaux ».

Le président rappelle ensuite que Jeunes agriculteurs a su dynamiser son territoire en organisant plusieurs manifestations à destination du grand public : « Mais comme vous le savez tous, Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir n'est pas qu'un comité des fêtes. Le syndicalisme a pris une grande place cette année », souligne-t-il en déclinant la série d'actions débutée sur les Invalides à Paris en février, « une belle parade mais pour pas grand-chose », qui se poursuit au fil des mois et de la montée de la colère, et qui s'achève par « l'immobilisation » de la capitale début février.

« Il reste beaucoup à faire »

« L'État nous a enfin écoutés et est prêt à revoir sa copie. Il est temps de passer aux actes, estime Guillaume Chenu. Plus d'une centaine de revendications ont été remontées par nos réseaux JA et FNSEA aux services de l'État. Plusieurs victoires ont été obtenues mais il reste beaucoup à faire. Nous voulons avancer, faire évoluer le monde agricole et lui donner un véritable sens. Nous, Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir, sommes l'agriculture de demain et nous voulons relever le défis d'une nouvelle agriculture, fiable et pérenne ».

Ensuite, les membres du bureau viennent épauler leur président pour son rapport d'activités. Ainsi, Maxime Ticot fait le bilan des actions du Point accueil installation qui a reçu une petite centaine de candidats, a organisé des forums transmission ou à l'installation, des interventions dans des établissements agricoles, des visites d'exploitations ou encore des expositions itinérantes dans des écoles primaires.

Puis, Alexis Coquand revient sur l'événement Plus belle la campagne qui s'est déroulé sur le thème de l'herbe à Thiron-Gardais. Quant à Sylvain Marcuard, il évoque à son tour la Fête de l'agriculture qui a conquis en 2023 pour la première fois les terres du canton d'Orgères-en-Beauce : « Nous voulions faire une petite fête mais ça a été un gros succès », souligne-t-il, en dépit de la bourrasque qui a secoué le site en fin d'après-midi et des 45 mm de précipitations dans la nuit qui ont un peu allongé et compliqué le chantier d'après-fête mais a mis en lumière la solidarité JA.

D'autres actions ont émaillé l'année du syndicat, comme par exemple le retour du Gala des Jeunes agriculteurs ou encore l'action portée par JA CVL, Semis solidaires, qu'explique l'un de ses acteurs eurélien, Rémi Lefèvre.

Une année de mobilisation

Le président reprend la main ensuite pour détailler l'année de mobilisation du syndicat, placée sous le double signe du refus des interdictions sans solution et d'une transition sous pression. Face à la surdité du gouvernement, Jeunes agriculteurs se mobilise encore pour retourner les panneaux d'entrée des communes afin de signifier que l'on marche sur la tête, met la pression sur les sous-préfectures, multiplie les rencontres avec le préfet, le conseiller agricole de Macron ou le ministre de l'Agriculture, dénonce les pratiques de Lactalis dans les grandes surfaces nogentaises et finit par venir bloquer le péage de Saint-Arnoult-en-Yvelines, puis dans la foulée, tous les grands axes vers la capitale.

Le président de Jeunes agriculteurs Centre-Val de Loire, Charles Perdereau, prend la parole ensuite pour revenir sur cette mobilisation historique : « Pour une fois, nous avons eu des avancées. Pour l'instant il y a eu les discours, il y aura les actes derrière, alors on reste vigilants et à aucun moment on ne relâche la pression ». Il détaille ensuite chacune des annonces du gouvernement, comme l'avait fait la semaine passée Luc Smessaert, lors de l'assemblée générale de la FNSEA 28.

Traduire dans les faits

À l'issue de ces propos, le président de la Chambre, Éric Thirouin, est clair : « Maintenant, le boulot est de faire en sorte que les annonces se traduisent dans les faits. Or, ça ne l'est pas encore. Il y a des choses qui peuvent l'être avant le Salon de l'agriculture et d'autres qui le seront dans les mois qui suivront, mais avant les JO. Donc aujourd'hui la pression continue pour des actions avant le Salon. La semaine prochaine, chaque département est appelé à choisir comme il le veut, mais c'est clair qu'il faut continuer ».


Discours

« Le chemin est tracé »

Le préfet d'Eure-et-Loir, Hervé Jonathan, a conclu l'assemblée générale de JA 28 : « Plus que jamais il était indispensable que je sois là. Les temps sont rudes, le dialogue est difficile, c'est pour ça qu'il est important que l'on continue à se parler. En Eure-et-Loir, en région parisienne, sur tous les barrages, on constate que beaucoup de jeunes étaient présents. Cette présence forte montre qu'il y a une véritable inquiétude, une angoisse sur le devenir de la profession. C'est un enjeu fort car comment une profession peut avoir un avenir si les jeunes doutent ? ».

Le représentant de l'État va donc s'employer à rassurer. Selon lui, « le chemin est tracé avec des mesures immédiates et d'autres à plus long terme. Le fil rouge, c'est de donner du revenu aux agriculteurs, rétablir la compétitivité des entreprises agricoles, assurer l'accès à la ressource en eau et lutter contre la concurrence déloyale ». Le préfet décline ainsi les mesures annoncées par le gouvernement et précise enfin que le travail sur la simplification avec la Chambre, les OPA et les syndicats, a été très productif.


Facture électronique et stratégie bas-carbone au menu de l'AG

Florent Babin (à d.) et Julien Degas ont parlé stratégie bas-carbone lors de l'AG de JA 28.

L'assemblée générale de Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir, vendredi 16 février à Chartres, a été l'occasion de deux interventions. La première a permis à Jules Guillot, coach digital au CerFrance alliance Centre, d'expliquer les tenants et aboutissants de la facture électronique. Celle-ci résulte d'une volonté de l'État de renforcer la compétitivité des entreprises mais surtout de lutter contre la fraude, explique-t-il. En tout cas, elle devrait se mettre en place au 1er septembre 2026 pour les grandes entreprises et se généraliser à toutes un an plus tard. « Et il faut s'y préparer », conclut-il.

« Nos clients challengent nos producteurs »

La seconde intervention est proposée par Florent Babin et Julien Degas, respectivement directeur adjoint et responsable agronomique du pôle agricole de la Scael, et porte sur les stratégies bas-carbone : « Nos clients challengent nos producteurs pour qu'ils réduisent leurs émissions de carbone, relèvent-ils. La stratégie nationale vise à la neutralité en 2050 et l'agriculture est au cœur du dispositif ».

Les intervenants détaillent les leviers identifiés en grandes cultures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d'un côté et stocker le carbone dans le sol de l'autre. « Nous sentons que cela peut être une source de valeur ajoutée qui arrive pour les agriculteurs ». Ils pointent cependant que la tonne de carbone n'est peut-être pas encore payée assez chère.

Voire pas du tout, comme l'an passé, où le groupe Scael n'a pas réussi à vendre du colza bas-GES car les importations d'huile usagée, décarbonées donc, ont suffi à combler les attentes des industriels. Ils pointent également que les agriculteurs qui sont déjà très décarbonés sont pénalisés par les offres existantes. Cependant, une nouvelle réglementation européenne arrive. Elle s'appuiera sur des faits et moins de déclarations et serait basée sur une analyse du taux de matière organique dans le sol.

Finalement, pour les deux intervenants, il faut voir ces dispositifs comme un accompagnement d'un changement de pratiques plus que pour ce qu'il y aurait à y gagner…

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