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Betterave
La CGB Île-de-France a tenu son assemblée générale

La CGB Île-de-France a tenu son assemblée générale le 19 mai à Crisenoy. L’occasion d’évoquer les perspectives de la filière betterave sucre dans un contexte de persistance de la jaunisse, de charges de production à la hausse et de marchés porteurs.

Jeudi 19 mai s’est tenue, au Domaine de Champigny, à Crisenoy, l’assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) d’Île-de-France. En ouverture, son président, Jean-Philippe Garnot, s’est inquiété de la vision paradoxale de nombreuses personnes vis-à-vis de la production agricole, dans un contexte de souveraineté alimentaire prégnant.

Après un film récapitulatif de l’actualité syndicale de 2021, une table ronde a réuni différents acteurs de la filière : Henri Havard, délégué interministériel pour la filière sucre, Alain Carré, président de l’association interprofessionnelle de la betterave et du sucre, Cyril Lesaffre, PDG de la sucrerie Lesaffre frères de Nangis, Laurent Boisroux, directeur de l’agronomie de la société Deleplanque, Alexis Hache, secrétaire général adjoint de la CGB, président de la commission environnement, et Pierre Rayé, directeur général de la CGB.

Persistance de la problématique jaunisse

La problématique de la jaunisse a été au centre des préoccupations. La maladie, transmise par les pucerons verts, a effectivement décimé les cultures en 2020. Au niveau national, elle a causé une perte de 1,2 milliard d’euros pour la filière : planteurs, sucreries et transporteurs. En Île-de-France, elle a atteint 56 millions d’euros. Jean-Philippe Garnot a tenu à souligner l’investissement des pouvoirs publics pour soutenir la filière, même si les indemnisations n’ont été que partielles et contraintes par le cadre des aides de minimis. Les planteurs franciliens, qui représentent 10 % de l’effectif français, ont touché un peu plus d’un quart de l’enveloppe nationale.

Au-delà du dispositif d’indemnisation, Henri Havard est revenu sur le Plan national de recherche et d’innovation (PNRI), mobilisant les chercheurs autour de vingt-cinq actions et associant l’Inrae et l’ITB, pour trouver des solutions alternatives efficaces à l’utilisation des néonicotinoïdes. La parole est donnée aux semenciers pour évoquer leurs travaux de recherche. Parmi eux, les projets Modefy, lancé en 2021, et Probeet, dans le cadre du PNRI, sont en développement. « Le but est de créer des variétés de betteraves tolérantes à la jaunisse », a détaillé Laurent Boisroux.

Dérogation NNI

Une grosse interrogation de la salle concernait le cadre réglementaire de la dérogation néonicotinoïdes (NNI) avec les successions culturales. Alexis Hache a soulevé son incohérence avec le plan pollinisateurs : « On peut traiter des pois et des pommes de terre, mais pas les semer après les betteraves traitées aux néonicotinoïdes. Où est la logique ? ». À terme, il est craint une baisse des surfaces betteravières, au profit d’autres cultures. Cyril Lesaffre estime cette baisse à 10 % dans son secteur, du fait de ces contraintes d’assolement. Un des planteurs présents a souligné son intention de diminuer le tiers de sa superficie dédiée à la betterave à cause de cette règle, réclamant de vraies solutions. Un de ses confrères s’inquiète de l’arrivée des solutions, qui risquent de ne pas parvenir à temps. En 2022, les betteraviers ont obtenu in extrémis une dérogation pour l’usage des néonicotinoïdes. Cette année, l’ITB a observé l’arrivée des pucerons dans les parcelles qui ne sont pas protégées par les NNI fin avril, comme l’avait prédit la modélisation. Le risque de jaunisse étant toujours présent, et les expérimentations en cours, la CGB juge indispensable le renouvellement de la dérogation pour la campagne 2023.

La rémunération en question

Le sujet de la rémunération des planteurs a également animé les échanges. « On a une hausse de 20 à 30 % des coûts de production agricoles, ce qui représente de 7 à 9 euros pour la tonne de betterave », a analysé Pierre Rayé. Pour les fabricants aussi, les coûts de production du sucre s’envolent, notamment à cause du gaz, du transport… Cyril Lesaffre, après avoir évoqué les marchés mondiaux, a indiqué que les ventes de sucre de la récolte 2022 débutent à peine et pourront, de ce fait, tenir compte du contexte de l’augmentation des charges. L’objectif sera de rémunérer les betteraves entre 35 et 40 euros la tonne.

Projets

Dans le cadre des perspectives pour la filière, les progrès attendus avec les NBT (New breading technology, ou nouvelles techniques de sélection végétale) pourraient permettre d’accélérer la recherche variétale et les solutions génétiques. Alain Carré a également mentionné l’objectif de développer un projet de recherche pour résoudre la problématique du charançon.

Par ailleurs, afin de réduire le trafic et les coûts de transport, une expérimentation de transport avec des camions 48 tonnes est en cours. « On essaie de rénover les routes pour accueillir ces véhicules », a précisé Jean-François Parigi, président du conseil départemental de Seine-et-Marne. Dans les projets écologiques, la vente de crédits carbone est minutieusement étudiée par la CGB.


L'E85 en expansion

Au cours de l’assemblée, Alain Carré a souligné la réussite de la filière superéthanol, couramment appelé E85. Fabriqué notamment à partir de l’alcool de betteraves, ce carburant renouvelable bénéficie d’une fiscalité avantageuse : le prix du litre est inférieur à un euro. Des collectivités s’engagent pour accompagner l’équipement des véhicules essence d’un boîtier permettant de rouler avec ce carburant plus vert. L’action des communes de Dammarie-les-Lys et de Montereau-Fault-Yonne, ainsi que celle de la Région Île-de-France ont été saluées. « Nous venons de voter l’attribution d’une aide de 500 euros par boîtier pour équiper 30 000 véhicules en Île-de-France », a annoncé Valérie Lacroute, vice-présidente de la Région en charge de l’agriculture et de l’alimentation.
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