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Syndicalisme
La FNSEA 28 réunit à Chartres sur fond de conflit en Ukraine

La FNSEA d'Eure-et-Loir a organisé son assemblée générale le 25 mars à Chartres. Conséquences du conflit en Ukraine, adaptation au changement climatique et assurance agricole ont nourri ses travaux.

«La faim peut générer plus de morts que la guerre », prévient le président de la FNSEA d'Eure-et-Loir, Bertrand Petit, lors de son discours qui clôt l'assemblée générale de son syndicat, le 25 mars à la chambre d'Agriculture à Chartres. De fait, selon lui, le monde agricole est inquiet par les conséquences du conflit en Ukraine, « qui nous rappelle que selon la FAO, vingt-six pays dans le monde, principalement en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie, dépendent à plus de 50 % de la Russie et de l'Ukraine pour leurs importations de blé. De 8 à 13 millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de la faim ».

« Produire plus partout »

Or, pour la FNSEA, il y aurait des solutions. En commençant par diminuer notre dépendance à la Russie et en assurant une production suffisante : « Il faut produire plus partout où c'est possible, pour alimenter la planète et maintenir l'équilibre géopolitique afin que la paix règne autant que possible. Nous avons des terres fertiles en Europe, cependant, la politique menée par l'Union européenne dans le cadre du Green deal semble faire fausse route car c'est une politique de restriction de la production agricole. Elle doit être revue rapidement », plaide Bertrand Petit.

Le président de la FNSEA 28 continue son propos en faisant le constat que les hausses de prix impactent le secteur de l'élevage : « Pour le maintenir et assurer notre autosuffisance en produits animaux — pour mémoire, plus de la moitié des poulets que nous consommons est importée —, il est indispensable que les négociations commerciales qui s'ouvrent aboutissent à une hausse du prix des produits », argue-t-il, ajoutant qu'il faut favoriser l'origine France et que la FNSEA œuvre pour cela.

Une hausse intenable

Bertrand Petit constate également que la hausse des prix des engrais et du carburant « est intenable pour tout le monde ». Le premier train de mesures annoncé par le gouvernement est important mais ne va pas assez loin selon lui : « Il faut réfléchir à moyen et long terme pour réduire notre dépendance pour ces approvisionnements ». Cependant, pour le président de la FNSEA d'Eure-et-Loir, il ne faut pas remettre en cause les enjeux environnementaux : « La production de demain s'inscrira dans la durabilité ».

Ainsi, si l'agriculture émet du carbone, elle en capte également : « C'est la magie de notre métier. Plus nous mettrons en place de la biomasse, plus nous capterons de carbone ». Il rappelle également que l'agriculture produit de l'énergie, que des outils d'aide à la décision optimisent les interventions, mais souligne aussi la nécessité de maîtriser la ressource en eau : « Une récupération efficace de l'eau, couplée à de meilleures pratiques agronomiques, peut accroître le rendement des cultures ».

« Nous voulons co-construire »

Tout ceci passe par un dialogue renouvelé avec la société : « Or nous constatons une dégradation exponentielle de ce dialogue, relativise Bertrand Petit. En effet, les anti-tout ont pignon sur rue et les grands médias reprennent leurs actions sans prendre le moindre recul ». Il relève les paradoxes des anti-éoliennes qui ne veulent plus d'énergie fossile, des anti-viande qui veulent plus de biodiversité… « La FNSEA est un syndicat de solutions. Nous voulons co-construire avec vous, élus, notre indépendance alimentaire, énergétique, dans le souci de la durabilité », conclut-il.

Une activité riche

Avant cela, le président du syndicat eurélien dresse le bilan de son activité au cours de l'exercice passé. Et, en dépit du contexte compliqué par la crise Covid-19, celle-ci a été riche d'actions, de projets menés en commun et d'acquis. Au chapitre des mobilisations, il retient celle de décembre 2021 devant le Conseil d'État, à Paris : « Pour moi, c'est la manifestation du scandale. Vous ne détruisez rien, vous voyez qu'il y a un feu mais il y a des tôles en dessous et vous vous retrouvez avec soixante-dix personnes en garde-à-vue… ».

Il rappelle ensuite les projets communs qui ont amené à la constitution de la SAS Agrisolaire 28, qui permet la construction d'une douzaine de bâtiments photovoltaïques, les progrès du groupe Éleveur et engagé, même si c'est plus difficile aujourd'hui de concrétiser des partenariats gagnant-gagnant, ou la création de l'association Epiterre qui met en relation des entreprises qui souhaitent compenser leurs émissions de carbone et des agriculteurs, ou encore le projet de magasin de producteurs élaboré par la commission bio.

Le syndicat ne chôme pas

Concernant les acquis syndicaux, Bertrand Petit pointe les avancées de la loi Egalim par le renforcement des indicateurs de coûts de production, la reconnaissance en calamité agricole du coup de gel d'avril dernier, la préservation du budget de la Pac 2023, l'accessibilité des éco-régimes au plus grand nombre, le nouveau schéma de gestion des risques (lire ci-contre), l'enveloppe du Plan de relance dont a particulièrement bénéficié l'Eure-et-Loir sur le volet de la gestion des aléas climatiques, l'assouplissement des contraintes du Plan pollinisateurs, le maintien des exonérations de la Taxe intérieure de consommation (TIC) et des avances qui devraient arriver, et enfin l'assouplissement sur la réintégration de l'épargne de précaution sur les exploitations.

Ceci posé, Bertrand Petit a chiffré les actions de la FNSEA Centre-Val de Loire, a listé tous ses moyens de communication, puis a laissé la parole au conseiller spécialisé de la chambre régionale d'Agriculture, Christophe Beaujouan, qui est intervenu donc sur l'adaptation nécessaire des exploitations au changement climatique…


 

« Il y a eu un alignement des planètes en 2021 »

Bertrand Petit a invité le vice-président de la FNSEA, Joël Limouzin, à s'exprimer sur les avancées promises par l'assurance climatique.

 

La FNSEA a œuvré pour faire bouger les lignes de l'assurance climatique. À la manœuvre, son vice-président, Joël Limouzin, a expliqué comment.

Une bonne part des travaux de l'assemblée générale de la FNSEA d'Eure-et-Loir, le 25 mars à Chartres, a été consacrée aux changements intervenus sous l'impulsion du syndicat concernant l'assurance climatique qui a abouti à une loi votée le 2 mars. L'un des artisans de cette réforme, le vice-président en charge de la gestion des risques à la FNSEA, le Vendéen Joël Limouzin, en a expliqué les tenants et les aboutissants.

Un système à bout de souffle

« Il y a eu un alignement des planètes en 2021, à la suite de ce gel violent, qui a amené à dire à l'État que l'agriculture seule ne pourra pas supporter les aléas climatiques. Nous avions un système qui existait depuis soixante ans, les calamités agricoles, qui marchait en cas de coup dur, épisodique, aléatoire. Cette idée géniale de solidarité, inventée par nos prédécesseurs, devenait de plus en plus compliquée et au fil des ans, ne tenait plus », a récapitulé Joël Limouzin.

Il fallait trouver un système plus solide, plus attractif, plus durable, qui viendrait épauler la multirisque climatique des assureurs dont le rapport risque sur cotisation était négatif. « Nous avons pris notre bâton de pèlerin, nous avons poussé pour cette réforme qui était engagée et aboutit à ce système plus résilient », a-t-il pointé. Ce système combine une responsabilité des agriculteurs avec un système multirisque assurantiel, qui a l'avantage d'être rapide dans ses indemnisations, le tout combiné à une solidarité nationale. De plus, le mécanisme des calamités agricoles est maintenu pour les pertes de fonds.

Gouvernance assurée

Concernant la gouvernance : « Il y a eu beaucoup de discussions, a relaté le vice-président. Une Codar, commission chargée de l'évolution des assurances, a été mise en place. Elle fixera les taux de subventions, le seuil de franchise, le seuil d'accès au fonds de solidarité et les taux d'indemnisation des agriculteurs assurés et non assurés. Auparavant, il y avait un manque de transparence, beaucoup de critiques remontaient du terrain. Cette Codar sera composée des organisations syndicales représentatives, des compagnies d'assurance et de l'État ».

Les taux et les seuils de cette assurance seront pérennes, fixés par décret pour une durée de trois ans. Elle entrera en vigueur en janvier 2023 : « Nous souhaitions que cela démarre vite. Ça a été chaud pour passer en si peu de temps et nous avons voulu nous assurer aussi qu'en cas d'accident climatique cette année, le système des calamités agricoles soit maintenu jusqu'en janvier 2023. L'application sera faite également sur les contrats en cours ».

Règlement omnibus

L'ambition affichée pour ce nouveau système est de parvenir à une couverture assurantielle en grandes cultures et en viticulture à 60 %, contre 30 % actuellement. Le syndicat s'est impliqué aussi pour que la contribution de l'État soit conséquente. Et également que soit appliqué le règlement Omnibus, soit un déclenchement dès 20 % de perte, au lieu de 30 % actuellement, et un subventionnement à hauteur de 70 % contre 60 % aujourd'hui. « Le mécanisme fonctionnera de la manière suivante : de 0 à 20 %, c'est la responsabilité de l'agriculteur, cela fait partie des risques, à partir de 20 %, l'assurance climatique se déclenche, jusqu'à 50 %, l'État prenant le relais ensuite. Pour les agriculteurs non assurés, leur responsabilité est engagée jusqu'à 50 % », a-t-il détaillé.

Cependant, pour lui : « Si l'on veut que ce système marche, il faut que tout le monde s'y mette. À nous de convaincre les agriculteurs ».

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