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Interview
[80 ANS FDSEA 77] Olivier George : « La politique de la chaise vide n’est pas favorable à l’agriculture »

Installé en polyculture à La Chapelle-Moutils, Olivier George s’est diversifié en aménageant une salle de réception dans un ancien bâtiment de l'exploitation familiale. Président cantonal de La Ferté-Gaucher, il est actuellement secrétaire adjoint de la FDSEA 77. Il répond à nos questions à l'occasion des 80 ans de la FDSEA 77.

Horizons : Le secteur agricole a beaucoup évolué au cours de ce demi-siècle. Changements techniques, réglementaires, actions syndicales, etc. ont émaillé ces cinq décennies. Qu'en retenez-vous de votre enfance à aujourd'hui ?

Olivier George : Au fil du temps, l’administratif et les réglementations ont pris de plus en plus d’ampleur, donnant une impression de « flicage ». Quant aux réglementations, elles sont de moins en moins adaptées à notre métier. Face à une météo changeante, elles s’avèrent parfois contraire à ce qu’il faudrait faire dans nos champs.

Ce phénomène s’est développé au fil du temps mais s’est accentué depuis cinq-six ans. Il faut dire que nos politiques comme la population sont déconnectés des réalités de nos métiers, tout comme leurs idées.

Autre fait marquant, le changement climatique. Si nous ne constatons pas une élévation des températures, les saisons sont moins marquées. Il y a vingt ans, nous pouvions avoir des journées complètes dans le brouillard par exemple. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Le froid, et notamment les fortes gelées étant moins fortes, les cultures redémarrent plus tôt en saison, d’où des récoltes en avance.

Le matériel a également évolué avec l’arrivée de la technologie embarquée, des atouts économiques environnementaux et pour le confort de travail. Les GPS fermeture de tronçon par exemple sont une réelle avancée à mon sens.

Enfin, au fil de ce demi-siècle, la taille des exploitations a beaucoup évolué (70,2 ha de SAU moyenne en Seine-et-Marne en 1984 contre 142 hectares en 2020), la baisse de la rentabilité par hectare ayant été compensée par une hausse des surfaces. Mais cela cache une autre réalité : la nécessité d’investir. Aujourd’hui les installations ne se font pas en 100 % polyculture mais souvent en double activité ou avec une diversification. De ce fait, les agriculteurs ont moins le temps de s’investir dans les organisations professionnelles agricoles et dans les villages, où ils sont de moins en moins représentés. Cela impacte aussi la vie de famille.

Quelle vision avez-vous aujourd’hui de l'agriculture et du syndicalisme ?

À l’avenir, je pense qu’on s’oriente vers deux types de structures : des exploitations agricoles de taille importante de grandes cultures sur des terres productives, sauf en cas de division au moment des transmissions, d’où le développement de holding, et des structures de moindre importance mais diversifiées avec une organisation du travail différente. On assiste déjà à cette tendance avec le retour d’ateliers ovins, qui peuvent s’avérer un atout avec la réglementation azote à venir.

D’autre part, face à la baisse de la population et du temps disponible, il est de plus en plus difficile de trouver des personnes qui s’impliquent alors que les commissions se multiplient. Or la politique de la chaise vide n’est pas favorable à l’agriculture.

Cet article fait partie d'un dossier spécial 80 ans de la FDSEA 77

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