Témoignage
[80 ANS FDSEA 77] Jacques Rousseau : « L'agriculture reste un beau métier, ne baissez pas les bras »
Ancien exploitant agricole à Trocy-en-Multien, très impliqué au sein de la profession agricole — il a notamment été président de l'Usbif (Union des syndicats betteraviers de l’Île-de-France), Jacques Rousseau a connu toutes les évolutions et faits marquants qui ont fait de la FDSEA 77 ce qu'elle est aujourd'hui, 80 ans après sa création en 1945. Il témoigne.
Ancien exploitant agricole à Trocy-en-Multien, très impliqué au sein de la profession agricole — il a notamment été président de l'Usbif (Union des syndicats betteraviers de l’Île-de-France), Jacques Rousseau a connu toutes les évolutions et faits marquants qui ont fait de la FDSEA 77 ce qu'elle est aujourd'hui, 80 ans après sa création en 1945. Il témoigne.

« De mon enfance à aujourd’hui, dire que le secteur agricole n’a pas évolué, ce serait être aveugle et indifférent. Mais que dire de cette évolution ?
Elle a sans doute été positive avec des conditions de travail, au niveau physique, mieux prises en compte avec les moyens modernes mis en place (mécanisation, protections sanitaires, formations diverses…) et une information professionnelle partagée et voulue indispensable au développement.
Bien sûr, tout cela a entraîné des coûts financiers supplémentaires qui pouvaient influencer le moral, des soucis complémentaires d’appréhension, d’acceptation, de réalisation concrètes certes, et n’oublions pas, malgré tout, des conditions économiques qui se sont quand même dégradées par rapport à notre belle époque des années 1980.
Les investissements sont plus conséquents avec des retours d’amortissement allongés et de rentabilité moins bons. J’ajoute des prix de vente qui ne sont pas à la hauteur de nos espérances avec beaucoup plus de complications et de contraintes administratives et environnementales qu’auparavant. Cela fait un peu beaucoup et un peu trop.
Mais oui, il faut garder le moral. Si c'est facile à dire, c'est plus dur à faire. Je veux conforter les plus jeunes en leur souhaitant courage, volonté et perfectionnement. Il y a toujours eu des périodes plus difficiles à vivre et nous avons toujours pu les surmonter.
L’agriculture reste encore, à mon sens, un beau métier. Voir mes deux fils évoluer dans cette situation d’avenir me donne une confiance que je veux partager. En restant fidèle aux côtés des agriculteurs actifs, je reste attentif à cette vie nouvelle. La jeunesse reste un atout majeur car je vous confierai bien malgré moi qu’à presque 80 ans on ne fait plus comme avant, alors ne baissez pas les bras, tapez dans la butte, et votre travail sera récompensé au milieu de toutes ces difficultés.
Restez forts et solides avec autour de vous un syndicalisme bien présent, efficace et motivé, apte à défendre au mieux vos intérêts professionnels. Si c’était à refaire, oui je le referais ce beau métier d’agriculteur, en essayant de l’améliorer avec tout ce que j’ai appris depuis mes 20 ans. Et si la société nous critique et nous envie, il y a sans doute des raisons. Certains aimeraient peut-être prendre notre place mais nous n’avons pas envie de perdre notre autonomie, sans oublier nos chères familles et nos amis avec qui, encore à ce jour, il fait bon vivre. Ce sont de solides piliers de notre vie.
En regardant autour de nous, il y a bien pire sans doute et aussi pour certains bien mieux mais restons sereins. Nous y arriverons en ayant fait ce parcours le mieux possible, en ayant su aussi rendre service autour de nous, pour trouver cet équilibre humain nécessaire et pour le bien de tous.
Tel est le message que je souhaite adresser pour ces 80 ans de la FDSEA 77 à laquelle j’ai toujours été solidaire, puisse-t-elle encore longtemps vous représenter. »
Cet article fait partie d'un dossier spécial 80 ans de la FDSEA 77