Le coup de main en agriculture : une tolérance encadrée
Donner un coup de main sur une ferme, même en famille ou entre voisins agriculteurs, n’est pas un droit mais une tolérance encadrée. Voici les règles à connaître pour éviter toute mauvaise surprise.
Donner un coup de main sur une ferme, même en famille ou entre voisins agriculteurs, n’est pas un droit mais une tolérance encadrée. Voici les règles à connaître pour éviter toute mauvaise surprise.

Nombre d’anciens exploitants souhaitent, une fois à la retraite, continuer à donner un coup de main ponctuel sur l’exploitation qu'ils ont transmise. Mais attention, la réglementation est stricte et le « coup de main » toléré ne doit pas cacher un travail déguisé. Voici ce qu’il faut retenir.
L’entraide familiale : une tolérance, pas un droit
L’entraide familiale est admise si, et seulement si, quatre conditions cumulatives sont remplies : elle n’est pas indispensable à l’activité (elle ne remplace pas un salarié) ; elle est ponctuelle (ni régulière, ni planifiée) ; elle est limitée aux ascendants, descendants, conjoints, frères et sœurs ; elle est désintéressée et sans lien de subordination.
Exemple : un père retraité peut aider son fils exploitant, à condition de ne pas intervenir de façon régulière ou indispensable au bon fonctionnement de l’exploitation.
En cas d'accident, une personne sans statut conforme n’est pas couverte par la MSA. Le risque financier peut être lourd pour l’exploitant.
Il est à noter qu’actuellement, les consignes semblent évoluer vers davantage de vigilance de la part des pouvoirs publics vis-à-vis du recours aux coups de main rendus par des retraités agricoles. Cette tolérance est de plus en plus encadrée, voire remise en question dans certains cas.
Et quand il n’y a pas de lien familial ?
L’entraide entre agriculteurs est possible même sans lien de parenté, à condition que : les deux personnes soient exploitants agricoles en activité (affiliés à la MSA ou cotisants solidaires) ; l’échange soit réciproque, équivalent et gratuit ; il s’agisse de services ponctuels (pas un travail régulier ni organisé à l’avance).
Exemple : un agriculteur retraité ayant conservé une parcelle de subsistance peut aider un voisin exploitant dans le cadre d’un échange de services.
Il est recommandé de formaliser l’entraide par écrit ou dans un cahier d’entraide, pour se prémunir en cas de contrôle.
Coup de main occasionnel
Le coup de main occasionnel correspond à une aide spontanée dans une situation imprévue et urgente (tempête, bêtes échappées, etc.), non planifiée et réalisée gratuitement. Tout autre cadre (vendanges organisées à l’avance, aide régulière…) sort de cette tolérance.
On observe aujourd’hui une forme de paradoxe : alors que le cumul emploi-retraite est progressivement assoupli, notamment pour encourager la reprise d’activité des retraités, les contrôles autour des coups de main se durcissent. Cette évolution nécessite d’être particulièrement vigilant sur les cadres d’intervention.
Puis-je continuer à aider à la retraite ?
Les retraités peuvent aider sur l'exploitation, mais sous certaines conditions : vous pouvez transmettre votre savoir sur l’exploitation familiale (hors société), dans une limite de dix à quinze heures par semaine ; pour des interventions régulières ou planifiées, il faut un statut adapté : cotisant solidaire, aide familial (limité à 5 ans) ou salarié.
Des options existent pour sécuriser vos interventions : salarié agricole : contrat et couverture accident du travail (AT) ; aide familial : statut limité dans le temps ; cotisant solidaire : si vous gardez une petite parcelle.
Et en cas de petit accident ?
Pensez à vous rapprocher de votre assureur pour vous renseigner sur l’assurance accident de la vie privée, qui peut couvrir les blessures survenues dans le cadre d’un coup de main toléré. Attention toutefois, les franchises varient selon les compagnies et le niveau de garantie. Il est important de bien vérifier les conditions du contrat.
À retenir
Le coup de main, c’est toléré si c’est ponctuel, désintéressé, non indispensable et en famille.
L’entraide entre agriculteurs, c’est possible si elle est gratuite, équivalente et entre professionnels.
Pour tout autre cas, mieux vaut choisir un statut encadré pour éviter tout risque de requalification ou de sanction en cas de contrôle ou d’accident.