Aller au contenu principal

Apiculture
Le miel français en danger : l’Adapic tire la sonnette d'alarme

Le 31 octobre, l’Adapic* a réuni ses membres à Orléans pour tenter de trouver des solutions à la récente problématique de commercialisation de miel en France.

Alors que les apiculteurs devraient avoir signé leurs contrats de vente depuis déjà plusieurs semaines, la commercialisation de miel français semble bloquée. Rassemblés à la Cité de l'agriculture, à Orléans, mardi 31 octobre dernier, les membres du conseil d'administration de l'Association de développement de l'apiculture du Centre-Val de Loire (Adapic) s'inquiètent et s'activent pour alerter le gouvernement. Aujourd'hui, les apiculteurs se disent dans l'impasse. « Si une solution n'est pas trouvée dans les prochaines semaines, des exploitations seront mises en difficulté », prévient Manuel Roger, apiculteur dans l’Indre, membre du conseil d’administration de l’Adapic et président de la section apicole du groupement de défense sanitaire (GDS) Centre.

Entre importation et inflation

À cette période de l'année (entre octobre et janvier), les apiculteurs français devraient voir leurs stocks de miel se réduire. Pourtant, la commercialisation n'avance pas, les contrats de vente ne sont toujours pas signés et les industriels se murent dans le silence. « La situation est bouchée, indique Nicolas Douillet, apiculteur dans le Loiret et président de la section apicole de la FNSEA 45. Nous n’avons aucune visibilité sur l'avenir. Les conditionneurs nous ont annoncé qu'ils ne reviendraient pas vers nous avant le début du printemps. Et cela ne nous garantit pas un contrat de vente ».

D'après les premières hypothèses soulevées par l'Adapic, il semblerait que la France achète bien plus de miel étranger cette année que les années précédentes. 

En 2022, la consommation française de miel s'élevait à 45 000 tonnes. 35 000 tonnes de miel étaient importées. « Nous importions déjà près de 80 % du miel consommé en France, et pourtant l’importation continue d’augmenter, souligne le président de la section apicole du GDS Centre qui n'a pu vendre jusqu'ici que 2 tonnes de miel sur ses 60 tonnes produites. Désormais, nos stocks de miel français entrent en concurrence avec le miel étranger alors que la logique voudrait que le pays importe uniquement lorsque la production locale n'est pas suffisante. Si la France veut acheter l’intégralité de son miel à l'étranger, nous n’avons plus qu’à mettre la clé sous la porte ».

Selon certains conditionneurs, la consommation de miel français aurait baissé de 30 % en 2023, notamment à cause de l'inflation. La plupart des acheteurs seraient aujourd'hui moins regardants quant à la provenance de leurs produits, préférant aller à l'économie. « Le miel est un produit cher, précise Manuel Roger. Le consommateur a donc tendance à se tourner vers des miels d’import qui arrivent sur le marché à moins de 2 euros le kilo, tandis que les nôtres se vendent entre 4,50 à 5 euros le kilo pour les moins chers ».

Actions d’urgence

Pour faire face, l'Adapic a d'ores et déjà alerté tous les services concernés tels que la MSA, les banques, les conseillers pour l’accompagnement des exploitations en situation de fragilité, les syndicats agricoles, ainsi que le conseil régional. L'association en faveur de l'apiculture est en ce moment même en train de rédiger une lettre à destination du ministère de l'Agriculture. « Il est nécessaire de rappeler que la production de miel représente aussi un enjeu de biodiversité, affirme Élisabeth Breyne, coordinatrice à l’Adapic. La pollinisation n’est pas négligeable : un tiers des tonnages alimentaires dépend des pollinisateurs ».

Enfin, l'Adapic a organisé le mois dernier un webinaire d’informations sur l’export afin « d'étudier la possibilité de vendre notre miel à l’étranger ». « Nous allons jusqu’à l’aberration totale, déplore la coordinatrice. Mais si la France importe du miel, pourquoi ne pas vendre le nôtre à l’étranger ? ».


*Association de développement de l'apiculture du Centre-Val de Loire.

Reconnaître du miel français

L'Adapic nous donne ses astuces pour reconnaître du miel français dans les rayons des supermarchés. « Un prix de miel au kilo très faible doit vous alerter, indique Émilie Couton, présidente de l’Adapic. En dessous de 13 euros le kilo, le miel a de grandes chances de provenir de l'étranger ». Il faut également être attentif à ce qui est marqué sur l'étiquette car pour les miels d’importation, les pays d’origine sont souvent indiqués avec des abréviations et une impression peu lisible.

Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout Horizons

Les plus lus

Mardi 8 juillet, à Luplanté. Thibaud Guillou (à d.) montre au préfet Hervé Jonathan (au c.) le principe de fonctionnement du bassin tampon de son système d'irrigation qui lui permet de se diversifier.
Thibaud Guillou reçoit le préfet d'Eure-et-Loir pendant la moisson
En plein cœur de la moisson, le préfet d'Eure-et-Loir Hervé Jonathan s'est rendu mardi 8 juillet sur l'exploitation en…
Le député eurélien Olivier Marleix.
Le député Olivier Marleix est mort
Le monde politique est en deuil après l’annonce du décès d’Olivier Marleix, député Les Républicains d’Eure-et-Loir, survenu lundi…
En Île-de-France, la majeure partie des cultures ont vu le passage des moissonneuses-batteuses. L'occasion de faire un premier point des moissons.
En Île-de-France, une moisson 2025 précoce plutôt satisfaisante malgré quelques nuances
Le travail de moissonnage est bien avancé dans l'Île-de-France. Les rendements sont plutôt bons dans l'ensemble, surtout en…
Le canton JA s'est attelé à la préparation de son animation la semaine dernière.
JA 45 prépare le comice de Briare
C’est au lieu-dit Rivotte, à Briare (Loiret), que la communauté de communes Berry Loire Puisaye organisera son comice samedi 2…
Les rendements 2025 s’annoncent en hausse pour l’orge, le colza et le blé tendre, mais les faibles cours du marché compromettent la rentabilité des exploitations.
Moisson : précocité record et rendements contrastés en Loiret
Dans le Loiret, la moisson 2025 s’est déroulée à un rythme inédit, avec des résultats globalement bons. Mais les prix décevants…
Larchant, mercredi 1er juillet. L'unité de méthanisation Biogaz du plateau injecte dans le réseau depuis quelques minutes.
Le méthaniseur Biogaz du plateau injecte dans le réseau
Le méthaniseur Biogaz du plateau à Larchant a été mis en service le mercredi 1er juillet.
Publicité