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Le préfet d'Eure-et-Loir en visite officielle sur l'exploitation de Yohann Serreau

Le 13 octobre, à l'invitation de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs, le nouveau préfet d'Eure-et-Loir, Hervé Jonathan, s'est rendu sur l'exploitation laitière de Yohann Serreau à La Gaudaine.

C'est un préfet à l'écoute qui est reçu vendredi 13 octobre sur l'exploitation laitière de Yohann Serreau à La Gaudaine. Il vient dans le Perche à l'invitation de la FNSEA et de Jeunes agriculteurs d'Eure-et-Loir, pour une première rencontre officielle avec le monde agricole départemental.

Présentation d'abord

Cette visite se déroule en deux temps. D'abord, tout le monde se retrouve à la salle des fêtes du village pour une présentation de l'agriculture eurélienne par le président de la chambre d'Agriculture, Éric Thirouin. Sont présents, entre autres, la sénatrice Chantal Deseyne, le député Laurent Leclercq, ainsi que les représentants des organisations professionnelles agricoles et des services de l'État. Les présidents de la FNSEA, Bertrand Petit, et de Jeunes agriculteurs, Guillaume Chenu, interviennent à leur tour.

Compte tenu de l'actualité du jour, marquée par l'ignoble assassinat d'un professeur dans un établissement scolaire d'Arras (Pas-de-Calais) le matin même, le préfet se voit contraint d'écourter un peu sa visite mais prend le temps d'écouter tous les intervenants. Ainsi, Éric Thirouin rappelle rapidement que l'agriculture est dans l'ADN du département, couvre 74 % de sa surface et compte 3 603 exploitants qui disposent d'une surface moyenne de 124 hectares. Il ajoute que la production agricole représente 1,5 milliard d'euros en valeur marchande.

Faisant un point sur les productions animales, Éric Thirouin relève qu'il y a moins d'éleveurs « mais que l'on fait tout pour les préserver. Si cette production représente 9 % en valeur marchande, elle est capitale pour le Perche et le département ».

Gros souci avec la Région

Le président de Jeunes agriculteurs d’Eure-et-Loir, Guillaume Chenu, prend la parole ensuite pour relever un gros souci avec la Région : « En 2022, nous avons reçu 101 porteurs de projet au Point accueil installation et 45 Dotations jeune agriculteur (DJA) ont été attribuées. En 2023, il y a eu 68 porteurs de projet et le nombre de DJA attribuées est inconnu, la Région ne communique pas les chiffres ».

Le président de la FNSEA 28, Bertrand Petit, s'exprime à son tour, relevant de nombreux dégâts de gibier dans le secteur. « Il faut enrayer les dégâts de la faune sauvage, plaide-t-il, convoquer rapidement une CDCFS*, permettre les tirs de nuit et à la récolte, autoriser les battues administratives, augmenter les autorisations de piégeage ».

Il enchaîne sur la taxation du Gazole non routier (GNR), la hausse de la Redevance pour pollutions diffuses — « elle a déjà augmenté de 370 % en dix ans, où est passé l'argent ? » — ou les paiements plus faibles que prévu des aides de l'éco-régime de la Pac, la position de la France concernant le glyphosate, le retrait du prosulfocarbe qui va poser problème en zone de drainage…

Yohann Serreau prend enfin la parole pour présenter en deux mots son exploitation qu'il tient en association avec son cousin, précisant qu'elle compte 135 hectares, 70 vaches laitières pour une production de 730 000 litres et qu'il est labellisé HVE depuis 2022.

« J'aime ce secteur »

« Je suis très sensible à l'accueil que vous me faites, déclare le ­préfet Hervé Jonathan, du temps que vous prenez pour me permettre de m'immerger dans les problématiques agricoles. J'aime ce secteur, les femmes et les hommes qui le font vivre. Je conçois mon rôle comme accompagnateur, être à l'écoute, dans le dialogue pour mettre en œuvre de façon rationnelle et raisonnable les politiques gouvernementales. Mon rôle est aussi d'informer le gouvernement de l'impact de certaines mesures… ».

Dans un second temps, le préfet se rend donc un peu plus loin sur le site d'exploitation de Yohann Serreau. L'éleveur a préparé cette visite en lui pointant au fur et à mesure de la déambulation toute une série de conséquences de contraintes réglementaires ou de décisions du gouvernement, comme la réouverture anticipée des négociations commerciales : « Ça nous fait peur car l'objectif est bien de réduire le prix final alors que nos coûts ont encore augmenté de 10 % cette année. Nous risquons un retour en arrière ».

« Toute décision politique a des conséquences, appuie l'éleveur. Par exemple, l'interdiction des néonicotinoïdes fait que nous avons moins accès à la pulpe de betterave ». Lors de la visite de la nurserie où vivent les veaux, Yohann Serreau explique que si l'on appliquait les nouvelles normes de bien-être animal en discussion, qui imposeraient 20 m2 par veau, « ici, je ne pourrais en loger que trois… Et je suis sûr qu'ils auraient froid et seraient malades ».

Dans la stabulation, il pointe les incohérences pour le secteur de la classification des élevages dans le cadre de la Directive environnementale industrielle : « Gérer les émissions de mes vaches, à part en les confinant, je ne sais pas faire. Et si je ne peux pas les mesurer, je devrai payer une taxe ? Autant arrêter… Faire rentrer l'élevage dans le système industriel est une aberration ».

Effets collatéraux

En se rendant sur le site de l'installation de méthanisation qu'il a mis en place avec quatre associés, Yohann Serreau explique au ­préfet les effets collatéraux qu'aurait l'interdiction du glyphosate pour un agriculteur en TCS (Techniques culturales simplifiées)… Bref, une visite très courtoise au cours de laquelle tout ou presque aura été remonté aux oreilles de l'État.

*Commission départementale de la chasse et de la faune sauvage.

"Pour satisfaire ceux qui font du bruit..."

Parmi les choses que l'éleveur Yohann Serreau voulait montrer au préfet Hervé Jonathan, cette bâche qu'il a été obligé d'installer sur une fosse au pied de son méthaniseur, censée recueillir le contenu de la cuve en cas d'incident : « C'est pour satisfaire certains qui font du bruit… Le risque est négligeable, une fois sur mille, et la pollution ponctuelle. Les 100 000 euros que ça nous a coûté auraient pu servir à construire un bâtiment photovoltaïque pour alimenter le méthaniseur en autoconsommation ».
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