Désherbage mécanique
L'écimeuse contre les adventices résistantes
En Seine-et-Marne, Romain Bouillé a mis au point une écimeuse récupératrice qui se révèle être une arme redoutable contre les adventices résistantes.
En Seine-et-Marne, Romain Bouillé a mis au point une écimeuse récupératrice qui se révèle être une arme redoutable contre les adventices résistantes.
D’année en année, le désherbage s’impose comme l’un des casse-tête majeurs des agriculteurs. Entre des fenêtres d’intervention de plus en plus serrées et des solutions chimiques en perte d’efficacité voire en voie de disparition, certaines campagnes tournent au défi. Dans plusieurs zones, les impasses techniques se multiplient, portées par la progression des résistances. En Seine-et-Marne, un agriculteur, Romain Bouillé, a conçu un équipement susceptible d’apporter une réponse complémentaire : une écimeuse récupératrice.
Installé à Jaignes, tout près de la Marne, ce fils d’agriculteur a imaginé son outil après avoir travaillé dans une ferme particulièrement pénalisée par les vulpins et les ray-grass. De prototypes en réglages, il parvient à faire aboutir son idée et dépose en 2018 un brevet pour une écimeuse tractée de 12 mètres. Depuis, il s’est associé au constructeur allemand Zürn pour lancer la fabrication. « J'ai continué de modifier l'écimeuse sur près de 200 points différents jusqu'à l'année dernière. Aujourd'hui, je peux enfin dire qu'elle est aboutie », se félicite le jeune agriculteur.
Avec ses 2,5 mètres de largeur au transport, l’écimeuse affiche une architecture robuste : double lame de coupe, rabatteurs hélicoïdaux pour capter un maximum d’épis, tapis convoyeurs et benne récupératrice de 7 000 litres. « C’est vraiment le cœur du concept, insiste Romain Bouillé. On connaît aujourd’hui la longévité et la résistance des semences d’adventices. Pour réellement baisser le stock semencier, il faut extraire physiquement ces graines de la parcelle. Une seule benne peut contenir 2,5 millions de graines de ray-grass ou 3,5 millions de vulpin. Imaginez sur quatre ou cinq bennes dans une zone très infestée ! ».
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La hauteur de coupe, réglable de 30 cm à 1,6 m, autorise un positionnement dans une large gamme de cultures : blé tendre, colza, betterave et même endive. L’outil permet d’écimer un spectre large d’adventices : ray-grass, vulpins, agrostides, chénopodes… « La conduite est intuitive, avec un boîtier de commande et un joystick en cabine. J’ai intégré un dispositif de gestion du dévers sur les rampes pour compenser les variations d’assiette du tracteur. La barre de coupe frôle littéralement la culture, ce qui peut engendrer une légère incidence sur le rendement », précise-t-il. Mais pour Romain Bouillé, « la réduction durable du salissement pour les cultures suivantes compense largement ce léger impact ».
Aujourd’hui, plusieurs dizaines de machines sont en service dans la moitié nord du pays. Elles circulent en Cuma, en exploitation bio comme en conventionnelle. Facile à atteler, peu gourmande en entretien, l’écimeuse de Romain Bouillé se fait progressivement une place dans la panoplie des outils de lutte mécanique.
Cet article fait partie d'un dossier Désherbage mécanique