Les agriculteurs sèment leur colère devant la préfecture de Loir-et-Cher 📹
À l'appel de la FNSEA 41 et de JA Loir-et-Cher, une quarantaine d’agriculteurs ont sorti les tracteurs, vendredi 26 septembre, pour manifester leur colère contre l’État et la situation économique de leurs exploitations, aujourd'hui au plus bas.
À l'appel de la FNSEA 41 et de JA Loir-et-Cher, une quarantaine d’agriculteurs ont sorti les tracteurs, vendredi 26 septembre, pour manifester leur colère contre l’État et la situation économique de leurs exploitations, aujourd'hui au plus bas.












À défaut d’avoir eu de bonnes récoltes et alors qu’ils vont bientôt commencer les semis dans un climat d’incertitude, les agriculteurs, à l'appel de la FNSEA et des JA de Loir-et-Cher, ont décidé de semer leur colère devant les grilles de la préfecture à Blois, vendredi 26 septembre. Deux points de ralliement avaient été fixés : le rond-point de la Patte-d’Oie pour les exploitants venant du sud de la Loire et le rond-point des Mardeaux pour ceux venant du nord. Au total, une cinquantaine d’agriculteurs et une quinzaine de tracteurs de tracteurs ont répondu à l’appel des deux syndicats.
Besoin de se faire entendre
Dès 6 heures du matin, les premiers tracteurs sont arrivés. À partir de 7 h 30, plusieurs tracteurs ont ralenti la circulation, sans jamais la bloquer totalement. « On n’est pas là pour bloquer, mais simplement pour exprimer notre colère. On a besoin de se faire entendre », a déclaré l’un d'eux. Des tracts ont été distribués aux automobilistes et camionneurs. « On est avec vous ! », ont lancé de nombreux automobilistes, tandis que des camionneurs ont fait résonner leurs klaxons en signe de soutien. « On se sent soutenus, ça fait plaisir », confiait un manifestant.
Vers 8 h 15, les deux convois se sont élancés en opération escargot jusqu’aux grilles de la préfecture.
Ras-le-bol général
Les revendications étaient multiples et pas simplement cantonnées à la censure partielle de la loi Duplomb ou à l’accord imminent du Mercosur. « Il y a un ras-le-bol général. Comment installer des jeunes quand on n’a aucune visibilité à cinq ou dix ans ? Les prix des céréales actuels sont la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Avec la possible baisse de 20 % du budget de la prochaine Pac, nous sommes dans l’incertitude », déplore Julien Perron, éleveur et céréalier à Sainte-Anne.
Même son de cloche du côté des jeunes, comme Quentin Salmon, céréalier de 28 ans installé depuis 2017 à Marolles : « Je pensais au départ que la moisson serait bonne, mais les prix sont au plus bas et la récolte s’est avérée très moyenne. Comment envisager l’avenir dans ces conditions ? Je garde espoir, mais si plusieurs années comme celle-ci se reproduisent, ce sera très difficile ».
Des charges au plus haut et des prix au plus bas, la conjoncture économique pour les céréaliers est plus qu’alarmante, confirme Olivier Hardouin, président de la FNSEA 41 : « C’est un SOS, un message de détresse qu’on envoie aujourd’hui au gouvernement. Le prix des céréales est actuellement un gros frein et représente un manque à gagner d’au moins 50 000 à 70 000 euros tous les 100 hectares ».
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Échanges avec le préfet
Les représentants syndicaux ont exposé leurs difficultés à Joseph Zimet, nouveau préfet de Loir-et-Cher en poste depuis quatre semaines, qui est venu à la rencontre des agriculteurs regroupés devant la préfecture. Les échanges ont duré près d’une heure et demie. Toutefois, le préfet a rappelé que son champ d’action au niveau local ne lui permettait pas de résoudre des problèmes plus nationaux, voire européens, dont la censure de la loi Duplomb ainsi que les accords de libre-échange avec le Mercosur. Il a néanmoins assuré que les services de l’État continueront d’accompagner les agriculteurs : « Nous travaillons tous les jours pour vous sur le territoire », avant d’ajouter devant la presse : « Nous parlons tous les jours au monde agricole ».
Le représentant de l’État s’est engagé à organiser dès la semaine suivante une réunion de travail avec le monde agricole pour aborder toutes les problématiques du moment, dont les dégâts de sangliers sur les parcelles agricoles, sujet qui a suscité des échanges tendus. De nombreux agriculteurs ont demandé au préfet de mettre en place un arrêté leur autorisant le tir des sangliers durant les prochaines récoltes de maïs. « On sème 50 hectares pour en récolter 25 ! », a lancé Fabrice Gaussant, agriculteur en Sologne.
« Si nous ne sommes pas écoutés… »
À l’issue de l’entretien, les manifestants ont déversé devant les grilles de la préfecture divers déchets agricoles, notamment des déchets de poireaux, du fumier et des pommes pourries. Certains ont même déclaré comme un avertissement : « C’est une première manifestation de rentrée, et si nous ne sommes pas écoutés, cela peut se durcir ».