Syndicalisme
Versailles, une action symbolique pour sonner la révolte paysanne 📹
Les syndicats agricoles d'Île-de-France avaient donné rendez-vous ce vendredi 26 septembre au petit matin devant le château de Versailles. L'occasion d'une action symbolique pour sonner le retour de la révolte paysanne.
Les syndicats agricoles d'Île-de-France avaient donné rendez-vous ce vendredi 26 septembre au petit matin devant le château de Versailles. L'occasion d'une action symbolique pour sonner le retour de la révolte paysanne.









« La révolte paysanne reprend à Versailles ! » Ce vendredi 26 septembre, les syndicats agricoles d'Île-de-France avaient donné rendez-vous de bonne heure à leurs adhérents pour une mobilisation devant le château de Versailles. « Nous sommes devant la demeure des rois, comme une énième jacquerie, une énième révolte paysanne. La révolte paysanne reprend ici, aujourd'hui, à Versailles », souligne Guillaume Moret, président de la FDSEA Île-de-France. Et d'ajouter : « Nous sommes venus dire à ceux qui se comportent comme des rois que nous n'en pouvons plus. Nous sommes sur la paille, nous n'arrivons plus à vivre de notre métier, les contraintes nous tombent dessus quotidiennement malgré les promesses, nos charges explosent, les prix des produits sont au plus bas. Nos trésoreries sont dans le rouge depuis trois ans ».
Les agriculteurs franciliens ont pu compter sur la présence d'Arnaud Rousseau, président de la FNSEA. « Nous sommes là pour interpeller le chef de l'État parce que quand il s'agit des accords de libre-échange, des relations avec les États-Unis, du poids de la France en Europe, de l'Ukraine, nous sommes dans le domaine réservé au Président de la République. Nous devons faire en sorte qu'il agisse promptement. Par ailleurs, le Premier ministre, Sébastien Lecornu, doit nous recevoir rapidement parce que l'agriculture n'est pas, ne sera pas et ne doit pas être une variable d'ajustement », justifie-t-il.
Des tracteurs sur la place d'Armes
Alors que le soleil se lève, une grosse quinzaine de tracteurs sont déjà stationnés sur la place d'Armes. Ils étaient au total un peu plus d'une centaine d'agriculteurs à manifester avec un mot d'ordre : "N'importons pas l'agriculture dont nous ne voulons pas".
« 1789 - 2025 : rien n'a changé, les paysans crèvent de faim ! », peut-on lire sur une pancarte accrochée à une fourche. « Nous n'aurons un avenir que s'il y a de la pérennité économique pour nos exploitations. En 2025, comme en 2024, beaucoup d'entre nous seront dans le rouge. Il faut un sursaut politique au niveau national et européen, il faut sauver notre agriculture », affirme Pascal Verrièle, secrétaire général de la FDSEA Seine-et-Marne. « Nous avions la plus belle agriculture du monde. Aujourd'hui, nous assistons à un déclin inacceptable. C'est l'avenir des jeunes, de la ruralité, de notre pays que nous défendons », complète-t-il.
« Ce n'est même plus de la colère, c'est une déconvenue que nous exprimons. Nous essayons d'avoir des lois françaises qui s'alignent sur des normes européennes, mais nous n'arrivons pas à avoir gain de cause sur ce sujet-là », estime de son côté Maxime Liévin, président de Jeunes agriculteurs de Seine-et-Marne. « Nous perdons 40 euros par tonne de blé. Comment tenir économiquement ? C'est inconcevable pour un jeune de s'installer sans aides », détaille Victor Rabier, président des JA de l'Essonne.
Cyrille Milard, président de la CGB Île-de-France, craint pour l'avenir : « Nous allons perdre notre souveraineté alimentaire. Personne ne nous soutient. Nous perdons les filières les unes après les autres. Aujourd'hui la betterave, demain les noisettes, après-demain les endives, puis les pommes, les poires. Quand est-ce que ça va s'arrêter ? Il faut maintenir nos moyens de production ».
« L'Union européenne brade son agriculture »
Si les problèmes sont multiples pour les agriculteurs franciliens, un sujet cristallise les tensions. « L'Union européenne est en train de brader son agriculture, elle signe les accords du Mercosur, ouvre les frontières aux produits ukrainiens. On laisse entrer des produits qui n'ont pas les même normes et règles de production que l'on nous impose. Nous avons besoin de soutien de l'UE et des concitoyens, mais le budget de la Pac diminue de 20 % », explique Guillaume Moret.
Acheter français
« Avec les accords du Mercosur, on va faire rentrer 180 000 tonnes de sucre dans l'Union européenne. C'est l'équivalent de la production française. On va importer 3,8 millions d'hectolitres d'éthanol, c'est une catastrophe pour le marché européen. Tout va s'écrouler au niveau du sucre et des betteraves en France. Nous avons besoin de soutien des consommateurs, qu'ils achètent français plutôt que d'acheter moins cher. Nous avons besoin de politiques qui nous donnent une vision », commente également Cyrille Milard.
Arnaud Rouseau résume : « Que veut faire la France de son agriculture ? Dans l'assiette des Français, c'est de moins en moins de la production nationale et de plus en plus de la production importée. Les règles imposées aux producteurs français et européens doivent être exigées pour les produits qui rentrent dans notre espace. Cette concurrence déloyale, c'est non ! ».
"Un sujet de nation"
« Notre position vis-à -vis du Mercosur et des importations ukrainiennes est transpartisane et transsyndicale. L'avis est unanime dans les fermes, tout le monde est lassé », appuie Maxime Liévin. « Il est hors de question que l'agriculture francilienne subisse des contrôles de l'administration tant qu'on ne sera pas clair sur les produits qui rentrent chez nous », rappelle Victor Rabier. « Le rôle de nos organisations, c'est de continuer à se battre. Ce n'est pas un sujet syndical, c'est un sujet de nation », lance Arnaud Rousseau.
La mobilisation des agriculteurs franciliens face Ă une situation intenable ne fait que commencer...