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Législation
Loi Drone : pour une agriculture plus innovante et plus durable

Le Sénat a adopté le 9 avril la proposition de loi qui autorise, sous certaines conditions, l'application de phytos par drone. Une avancée technologique pour l’agriculture, une source d’inquiétude pour le grand public. Rémi Dumery, agriculteur en Beauce, livre son ressenti sur cette nouvelle réglementation portée par la FNSEA.

Rémi Dumery, agriculteur en Beauce, à Boulay-les-Barres (Loiret), situé près de la base aérienne de Bricy, partage son ressenti concernant la loi encadrant l’usage des drones en agriculture adoptée par le Sénat le 9 avril. Selon lui, les avancées apportées par cette législation sont globalement positives. Il rappelle notamment l’époque où les hélicoptères étaient utilisés pour traiter les champs — une méthode qui avait suscité de nombreuses réactions au sein de la population, générant de l’inquiétude, et qui a été interdite par la suite.

L’idée d’utiliser des drones à une altitude de 50 mètres pour observer les parcelles n’est pas nouvelle. Des premiers tests ont d’ailleurs été réalisés en 2013 chez lui dans le but de cartographier les parcelles pour moduler des solutions azotées en intra-parcellaire. Cependant, cette pratique continue de susciter des inquiétudes. Dans des zones proches de bases aériennes, comme celle de Bricy, l’utilisation des drones reste fortement encadrée. La réglementation est stricte en raison de la proximité avec une zone militaire, où les survols sont soumis à des restrictions importantes. Des photos satellites permettent aujourd’hui de cartographier les parcelles et de fournir aux agriculteurs des données précieuses pour les apports azotés ; cette concurrence a tué l’utilisation des drones dans la décennie 2010-2020. Ces informations les aident à ajuster les apports définis par la directive Nitrates.

Des atouts majeurs pour une meilleure précision

Pour Rémi Dumery, le drone présente néanmoins des atouts majeurs. Il permet notamment de cibler des zones précises, par exemple celles envahies par les chardons, pour y appliquer des herbicides de manière localisée. Volant à moins de 5 mètres d’altitude, il garantit une application plus précise, sur moins de surface, que les pulvérisateurs traditionnels. Autre avantage souligné : le drone n’entraîne ni tassement du sol ni formation d’ornières tout en permettant de mieux localiser les zones à traiter. Ce traitement ciblé permet également de réduire l’usage des produits phytosanitaires, en faveur d’une agriculture plus respectueuse de l’environnement et surtout plus économique. Avec cette réglementation qui limite l’usage des drones à basse altitude, les risques de conflit avec le trafic aérien sont réduits, facilitant son utilisation et ces usages. Cette technologie pourrait débuter sur des cultures spécifiques comme la vigne, ou dans des zones difficiles d’accès. Rémi Dumery insiste sur le fait qu’il s’agit d’un engagement fort de la part du monde agricole, et qu’il est essentiel de communiquer de manière claire et pédagogique auprès du grand public. La pratique n’est ni néfaste pour l’environnement ni pour l’agriculture, au contraire, elle s’inscrit dans une logique d’agroécologie.

Une communication s’impose auprès du grand public

Il souligne que le citoyen reste souvent sensible aux changements technologiques et à ces utilisations robotiques et qu’il appartient aux structures agricoles de mettre en place une communication illustrant l’utilité, l’efficacité et les précautions à prendre avec cette innovation. Déjà utilisée en Chine, cette technologie permet de produire mieux, en utilisant le biocontrôle ou des techniques alternatives. Et si la France souhaite rester un pays producteur, elle devra suivre l’évolution sous peine d’être dépassée.

Rémi Dumery conclut que tout agriculteur ambitieux finira par s’équiper. Si la réglementation peut ouvrir des portes, elle peut aussi en refermer : il est donc primordial qu’elle soit lisible, à la fois pour les producteurs et pour le grand public. Comme toute innovation, cette technologie ne fait pas l’unanimité. Les utilisateurs potentiels y sont majoritairement favorables, tandis que ceux qui ne s’en serviront pas sont plus réservés. « Il est difficile de juger sans avoir testé ni réfléchi au sujet », insiste l'exploitant. Il recommande donc de laisser la possibilité d’essayer l’outil avant d’émettre un jugement définitif.

Faut-il une loi pour encadrer une innovation déjà ancienne ?

Selon lui, « il n’y a pas forcément besoin d’une loi, mais simplement d’un encadrement clair pour comprendre et utiliser cette technologie à bon escient ». D’un point de vue économique, tout reste encore à définir. Le modèle n’est pas encore établi, les usages sont en cours d’évolution, et une étude approfondie est nécessaire pour mieux se projeter financièrement. Il ajoute enfin : « Le problème de cette innovation, c’est qu’on parle de robots. La plupart sont invisibles, confinés dans les usines ou dans les salles de traite. Certains apparaissent, comme les robots de tonte ou de ménage dans nos maisons. Mais la robotique reste peu visible du grand public, alors qu’elle peut jouer un rôle crucial dans l’agriculture ».

Pour éviter les inquiétudes, il insiste sur la nécessité d’expliquer clairement l’utilité, l’ingéniosité, l’efficacité de ces outils, et de mettre en place une communication transparente et pédagogique. Selon lui, plusieurs avantages en découlent : une application encore plus précise, une réduction des surfaces à traiter, une intervention possible même en cas de sol humide ou non porteur, un gain sur les coûts en produits phytosanitaires, et une certaine préservation des sols et des cultures.

La FNSEA mobilisée

La FNSEA, de son côté, s’est fortement mobilisée pour faire accepter cette loi essentielle pour les agriculteurs français. La loi sur l’usage des drones agricoles, adoptée le 9 avril, marque une avancée importante pour une agriculture de précision. Soutenue par la FNSEA, cette mesure permet de traiter les cultures de manière plus ciblée, notamment dans les zones difficiles d’accès, tout en réduisant les risques pour les agriculteurs et l’usage de produits phytosanitaires. Après deux ans d’expérimentations concluantes, les drones démontrent des bénéfices concrets : réduction des volumes de traitement, diminution des émissions carbone, meilleure sécurité des opérateurs. Cette technologie, désormais encadrée par la loi, s’inscrit dans une volonté européenne de moderniser l’agriculture en intégrant les nouvelles technologies. La FNSEA se réjouit de cette adoption et reste mobilisée pour élargir l’usage des drones à d’autres cultures, conciliant ainsi performance agricole, durabilité environnementale et innovation.

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