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Climat
Louis Bodin fait ses prévisions

Le météorologue Louis Bodin était invité à venir parler de ce qu'il connaît le mieux, le 10 décembre à Bonneval (Eure-et-Loir).

Le 10 décembre, à Bonneval. Le météorologue Louis Bodin est intervenu lors de l'AG de la Cabbep.
Le 10 décembre, à Bonneval. Le météorologue Louis Bodin est intervenu lors de l'AG de la Cabbep.
© H.C. - Horizons

« Cela fait bientôt quarante ans que je fais de la météo, précise Louis Bodin en ouverture de son intervention pour la seconde partie de l'assemblée générale de la Coopérative agricole Bonneval Beauce et Perche (Cabbep), le 10 décembre dernier, à Bonneval (Eure-et-Loir). Et ce métier m'a appris une chose fondamentale : l'humilité. Vous le savez, dès que l'on veut se confronter, partager une émotion avec la nature, on doit le faire avec beaucoup de modestie ».

Une science jeune

Le météorologue pointe d'abord que si la science est encore jeune — les premiers relevés quotidiens sont de 1870 —, en revanche les aléas climatiques ne datent pas d'hier et ils ont fait leur lot de victimes. Il donne le chiffre d'un million de morts sous le règne de Louis XIV (1638-1715). Il confirme ensuite que n'en déplaise à Donald Trump, le réchauffement climatique est établi par les relevés mais que les variabilités ne le contredisent pas.

Louis Bodin enchaîne sur le cœur de son métier, les prévisions. Et selon lui, il y a deux limites : « Au-delà de six, sept jours, ce n'est plus de la science. Vous oubliez, c'est la seule chose à retenir. Il ne faut pas décrédibiliser la matière. Les prévisions saisonnières, qui font du buzz, ne sont pas fiables non plus. En faire serait mentir ». Il explique également que s'il peut prévoir le temps sur le département, il lui est impossible d'être plus précis.

Quant à la mise en équation de l'atmosphère, le météorologue trouve qu'elle stagne. « Nous avions bien progressé depuis trente-cinq ans mais nous avons encore des limites. Il faudrait pouvoir mesurer chaque particule d'air dans sa progression. Mais les calculs deviennent vite exponentiels même si on utilise les outils informatiques les plus puissants », relève-t-il.

Il poursuit son propos sur le problème de la mémoire météorologique de chacun : « Il y a un imaginaire qui déforme les souvenirs de la météo qu'il faisait plusieurs années en arrière. Il faut se référer aux données proposées par Météo-France pour s'en rendre compte ».

Plier le climat

Louis Bodin note également que les gens, mais pas les agriculteurs, n'ont plus le même rapport avec la nature. « Aujourd'hui, elle doit répondre à nos attentes. Petit à petit, la société dérive vers ça. Retrouver de l'acceptation de ce qu'elle est, c'est reprendre un chemin plus vertueux. La nature est plus forte que nous, il faut la respecter, nous en faisons partie. Sinon, nous disparaîtrons », pose-t-il.

Il pointe aussi qu'aujourd'hui, on voit quasiment en direct les conséquences de la machine thermique — orages, cyclones, tempêtes, tornades — sur l'ensemble de la planète, donnant l'impression que tout est déréglé mais qu'en fait, cela a toujours été comme ça. Il rappelle que parallèlement, la démographie ne cesse de croître, avec un pic prévu en 2050, qu'il faudra nourrir tout le monde mais aussi que l'impact des événements climatiques sur un territoire qui ne grandit pas, sera plus fort.

Selon lui, plus qu'ailleurs, les climats sont très divers en France, il en relève une dizaine, dont un climat océanique dégradé pour notre région. Cette diversité nécessite une adaptation, territoire par territoire, et que pour lui, la bonne échelle est celle du bassin versant. Aussi que comme les gens ont tendance à aller s'installer dans les zones les plus confortables, les épisodes cévenols ont plus de conséquences.

Le météorologue aborde ensuite le sujet du réchauffement climatique, éclairé par les analyses du Giec* : « La hausse moyenne des températures est inéluctable. L'année 2024 est la plus chaude qu'ait connue la planète. Nous devons être dans l'action si l'on veut atténuer ou contribuer à ce que la courbe ne continue pas de monter ».

Atteinte des objectifs

Sur la question de l'eau, Louis Bodin assure que la stocker ne modifie pas le climat local et que scientifiquement, il n'y a pas de problème à le faire. Il relève enfin que « l'on ne voit pas le réchauffement climatique à l'échelon local. Mais il faut quand même aller vers la transition. Si l'on parvient à baisser nos émissions, on pourrait atteindre nos objectifs en 2028 ».

Pour autant « il faut faire preuve d'altruisme car on ne verra pas les effets de ce que l'on fait aujourd'hui. Mais de toute façon, nous ne pouvons pas continuer comme ça ».


*Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.

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