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Main-d'œuvre
Mais où sont passés les saisonniers ?

Alors que les récoltes approchent, le monde agricole peine à recruter. À Dadonville (Loiret), un forum de l’emploi illustre, malgré les efforts déployés, la dure réalité d’une crise de main-d’œuvre saisonnière qui s’installe.

Jeudi 24 avril, à Dadonville. La salle polyvalente est restée désespérément vide tout au long de la matinée du Forum de l'emploi agricole.
Jeudi 24 avril, à Dadonville. La salle polyvalente est restée désespérément vide tout au long de la matinée du Forum de l'emploi agricole.
© F.J. - Horizons

Il est 10 heures ce jeudi 24 avril. Le parking de la salle polyvalente de Dadonville (Loiret) est presque vide. Pourtant, c’est bien ici que doit se tenir le Forum de l’emploi agricole, destiné à faire se rencontrer candidats et acteurs du secteur. À l’intérieur, l’ambiance est tout aussi calme. La salle polyvalente sonne creux. Pourtant, les professionnels sont là, groupements d’employeurs, agences d’intérim, agriculteurs. Tous au rendez-vous, prêts à recruter. Tous dans l’attente. France Travail n’a pourtant pas ménagé ses efforts pour mobiliser les candidats. « Nous avons envoyé près de 900 invitations », explique Christine Petit, conseillère emploi et relations entreprises chez France Travail Centre-Val de Loire. Malgré cela, à une heure de la fermeture du salon, seulement une vingtaine de personnes figuraient sur la feuille de présence. « Nous avons pourtant treize entreprises qui ont répondu présent, allant des agriculteurs aux groupements d'employeurs, en passant par des agences d'intérim. Tous recherchent des salariés, des agriculteurs qui embauchent pour la saison, mais aussi une très grande entreprise du secteur venue avec son agence d'intérim », explique Christine Petit.

Mobilité et attractivité, les deux grands freins

Mais alors, d'où vient la difficulté à recruter ? Pour Christine Petit, la réponse tient en deux mots : mobilité et attractivité. « Beaucoup de jeunes n’ont pas le permis de conduire », constate Christine Petit. Un frein majeur dans un territoire rural comme le Pithiverais, où les exploitations agricoles sont souvent éloignées des centres urbains. « Aujourd'hui, 30 % des demandeurs d'emploi ne sont pas mobiles », souligne-t-elle.

À cela s’ajoute un problème d’image persistant. « Les métiers de l'agriculture ne sont pas attractifs. Les gens ne se projettent pas du tout sur ces métiers », déplore-t-elle. Face à ces obstacles, des initiatives ont vu le jour. Un groupement d'employeurs a ainsi mis en place, l'an dernier, un dispositif de tickets navettes cofinancé par les missions locales et France Travail. Une solution qui a porté ses fruits, mais qui reste insuffisante pour répondre à l’ampleur du besoin.

« Ça s'appelle un flop »

Sur le terrain, les professionnels constatent amèrement cette désaffection. Pour une agricultrice du secteur, présente sur le forum et en recherche de saisonniers, le constat est sans appel.« Ça s'appelle un flop ! Je ne vais pas vous mentir, je m'y attendais. J'ai même pris du travail pour ne pas perdre une demi-journée. Ça veut dire quoi ? Nous n'avons pas de chômeurs en France ? », ironise-t-elle.

Même son de cloche du côté d'un agriculteur en grandes cultures, lui aussi venu sur place : « Pour être honnête, je pourrais avoir deux fois plus de travail, mais avec le manque de main-d’œuvre, je ne suis pas en capacité de le faire. Je suis venu aujourd'hui pour voir si la situation avait évolué, mais c'est bien ce que je pensais, il n'y a personne ».

Un constat commun

Quelques jours plus tôt, réunis avec des adhérents et de futurs adhérents, les responsables du groupement d'employeurs Pluralis dressaient exactement le même constat. Ils observent une baisse régulière de la main-d’œuvre disponible depuis la crise Covid, malgré tous leurs efforts pour écumer les forums et organiser des jobs dating à travers la région.

Les demandeurs ne manquent pas

Pourtant, les chiffres récents montrent bien que la demande d’emploi existe. Dans le Loiret, selon France Travail, 56 960 personnes étaient inscrites au premier trimestre 2025 en catégories A, B et C, c’est-à-dire tenues de rechercher un emploi — dont 31 520 sans emploi du tout (catégorie A). À demi-mot, Christine Petit exprime sa déception : « On est un petit peu déçus qu'il y ait aussi peu de monde ».

Un constat amer pour un secteur vital, qui a plus que jamais besoin de main-d’œuvre. Au-delà des difficultés ponctuelles, c’est aussi un enjeu plus large qui se dessine : la souveraineté alimentaire. Très souvent évoquée ces derniers mois, elle passe nécessairement par la capacité de notre agriculture à recruter et à faire tourner ses exploitations.

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