Alimentation
Open Agrifood : l’éducation comme clé de la transition
L’Open Agrifood a réuni à Orléans, les 24 et 25 novembre, une centaine d’acteurs de la chaîne alimentaire, dont des agriculteurs, pour débattre des attentes de la société et réfléchir à une transition réaliste où l’éducation devient un levier central.
L’Open Agrifood a réuni à Orléans, les 24 et 25 novembre, une centaine d’acteurs de la chaîne alimentaire, dont des agriculteurs, pour débattre des attentes de la société et réfléchir à une transition réaliste où l’éducation devient un levier central.
L’Open Agrifood a réuni une centaine de participants les 24 et 25 novembre à Orléans. Étaient présents l’ensemble des maillons de la chaîne alimentaire autour d’un programme dense mêlant débats citoyens, controverses, tables rondes et masterclass. Pour cette édition, l’accent a été mis sur la compréhension des attentes de la société et sur la manière dont agriculture, agroalimentaire, distribution et consommateurs peuvent engager ensemble une transition réaliste et partagée.
Bien manger est possible
La première journée a été marquée par un débat citoyen organisé en soirée. Dans une salle comble, des citoyens, des agriculteurs, des chefs d’entreprise et des représentants de collectivités ont pris la parole pour exprimer leurs préoccupations ou témoigner de leurs pratiques. Cette diversité d’intervenants a donné lieu à des échanges francs, parfois en opposition, mais concrets. Les thèmes abordés faisaient directement écho aux questions des tables rondes programmées le lendemain : Bien manger est-il encore accessible ?, Comment concilier prix et qualité ?, La France doit-elle continuer à nourrir le monde ?, ou encore Jusqu’où pousser la traçabilité des produits ? Si plusieurs participants ont souligné la difficulté croissante pour certains ménages d’accéder à une alimentation équilibrée, d’autres ont rappelé qu’il existe encore, en France, une offre diversifiée et des circuits capables de garantir des produits de qualité. Tous s’accordaient cependant sur un point : bien manger reste possible, mais nécessite de la pédagogie, une meilleure compréhension des enjeux et une confiance renforcée entre consommateurs et producteurs.
Le rôle du consommateur
Le lendemain, les tables rondes et controverses ont prolongé ces réflexions. Tout au long de la journée, dirigeants d’entreprises, responsables d’organisations agricoles, experts de la nutrition, élus et consommateurs engagés se sont succédé. Les discussions ont mis en évidence des attentes parfois divergentes, mais un besoin commun de clarification, notamment sur la provenance des aliments, la juste rémunération des producteurs et la valorisation des métiers de l’agriculture. Plusieurs interventions ont insisté sur la nécessité de repenser le rôle du consommateur, souvent présenté comme décideur, mais confronté à des injonctions contradictoires entre prix, qualité et impact environnemental.
L’éducation, fil conducteur
Au fil des échanges, un thème a progressivement émergé comme un socle partagé : l’éducation. Ce mot est revenu autant chez les experts que chez les citoyens. Emmanuel Vasseneix, président de l’Open Agrifood, en a fait un axe majeur de son intervention. Selon lui, la transition alimentaire ne pourra se faire que si chaque Français possède les clés pour comprendre ce qu’il achète, ce qu’il cuisine et ce qu’il consomme. Il a rappelé que ce travail a déjà été mené dans d’autres domaines, notamment celui du tri sélectif. Longtemps perçu comme complexe ou contraignant, il est aujourd’hui devenu un geste naturel grâce à des années d’information, de pédagogie et d’accompagnement. Pour l’alimentation, la démarche pourrait être similaire : expliquer la saisonnalité, apprendre à lire une étiquette, redonner du sens au repas et encourager la découverte des produits locaux.
Cette idée a rencontré un écho particulier chez les intervenants des tables rondes consacrées à l’éducation alimentaire, à la souveraineté ou à la traçabilité. Plusieurs ont souligné que l’alimentation reste l’un des rares domaines où chacun peut agir au quotidien, à condition de disposer de repères clairs. D’autres ont insisté sur le rôle que peuvent jouer les écoles, les collectivités, les filières agricoles, mais aussi les médias pour construire une culture alimentaire commune.
Un enjeu qui dépasse l’assiette
Cette édition de l’Open Agrifood a montré que les points de vue diffèrent mais que les attentes convergent vers une même priorité : redonner du sens à l’alimentation. Ces deux jours auront aussi souligné la force du modèle agricole français reconnu comme l’un des plus performants et exigeants au monde. On pourra toutefois regretter la présence politique très limitée, un contraste marqué avec l’ampleur des enjeux débattus durant ces deux journées.